Montpellier : relaxes et amendes pour des inculpés des manifestations contre la réforme des retraites

Elian Barascud Publié le 2 octobre 2023 à 11:17 (mis à jour le 1 décembre 2023 à 11:30)

Mardi 26 septembre se tenait le procès de quatre personnes interpellées lors des manifestations du 23 et du 28 mars dernier à Montpellier contre la réforme des retraites. On était alors juste après le fameux 49.3 prononcé pour faire passer en force l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. La gronde populaire ne s’était pas faite attendre et face à des manifestant·es qui avait la rage, le gouvernement a, sans surprise, sorti la matraque de la répression policière et judiciaire


Et c’est comme ça que se retrouvent six mois plus tard, quatre prévenus sur les bancs du Tribunal Judiciaire, accusés pour trois d’entre eux, au casier vierge, d’avoir mis ou essayé de mettre le feu à des poubelles qui n’atteignent pas la valeur d’un seul verre de vin au diner royal de Macron à Versailles avec Charles III. Le quatrième, était lui accusé de « participation avec arme à une manifestation et dissimulation du visage faisant craindre des atteintes à l’ordre public ».


Le premier prévenu qui selon son avocat, Maitre Murrat, a été poussé en garde à vue (GAV) à ne pas demander d’avocat et faire des aveux “pour sortir plus vite”, a obtenu une relaxe, aucune poubelle n’ayant brulé sur son passage et le seul briquet ayant été retrouvé sur lui étant tout simplement hors d’usage.

Le deuxième, ignoblement mal conseillé par sa commise d’office en GAV, qui lui avait conseillé de faire des aveux, s’en sortira, accompagné cette fois de Maitre Pierronnet, avec une amende de 500 euros avec sursis, une interdiction de port d’armes et une absence d’inscription de la condamnation au casier judiciaire. Quant au troisième, qui s’est présenté sans avocat, il a écopé d’une amende de 1000 euros, 105 heures de Travail d’Intérêt Géneral et également une absence d’inscription de la condamnation au casier.

Le Poing profite de cette démonstration par l’exemple pour rappeler à ses lecteur·ices quelques fondamentaux :

  • Demandez un avocat en garde à vue et gardez le silence
  • Refusez la comparution immédiate (et si votre avocat vous dit le contraire, changez-en !)
  • Contactez les collectifs anti-répression à votre sortie pour vous aider à préparer la suite : l’AG contre les Violences d’Etat et Soutien aux Interpellé·es de Montpellier par chez nous
  • Ne vous présentez pas au tribunal sans avocat

Nullité

Pour le quatrième prévenu (qui était sur les bancs pour « participation avec arme à une manifestation et dissimulation du visage faisant craindre des atteintes à l’ordre public »), le jugement est bref et précis : la courte plaidoirie de son avocat Maitre Codognes, démontre l’absence totale de preuve de ce qui était reproché à son client, jusqu’à sa participation même à la manifestation et donc de la nullité de son arrestation et de ses suites. Le procureur demande la relaxe au même motif et le juge de conclure « c’est en effet là un dossier qui me pose problème » ,et s’adressant au prévenu, « vous n’avez pas à être arrêté sans raison dans un état de droit ». Quant à la supposée dissimulation du visage, le juge même a souligné que le port d’une écharpe en plein mois de mars n’avait là rien d’illégal. L’annulation du procès-verbal et de ses suites est prononcé.


Notons que pour ces affaires, une lassitude était palpable du côté du président de la collégiale. S’adressant au procureur, représentant l’État, le juge lâche « vous mobilisez quatre magistrats pour une tentative de feu de poubelle alors que la justice est débordée. Le parquet aurait pu qualifier autrement… ». Le procureur lui, nous a livré une belle analyse de la société au cours de ces différentes affaires : « Mais je me demande : qu’est-ce qu’il leur prend à mettre le feu ? Fut un temps les filles jetaient leurs soutien-gorge en manifestation et les garçons des pavés, mais il y avait au moins confrontation avec les forces de l’ordre. Maintenant ils mettent le feu à des poubelles. Ils ne savent plus manifester juste en scandant des slogans, je ne comprends pas. »

Monsieur le procureur, outre votre nostalgie étrange de voir des flics se prendre des pavés, depuis lors, les femmes brulent leurs soutien-gorge (free the nipples). On est sympa, on va vous aider à conclure votre analyse : si les slogans ne suffisent pas c’est parce que le gouvernement et son roi despotique à sa tête est sourd aux cris de la rue. Et c’est un miracle que le peuple s’en tiennent à quelques poubelles pour expier sa colère.

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