Montpellier. Sur la Comédie : bientôt 500 000 coquelicœurs contre les pesticides ?

Le Poing Publié le 5 janvier 2019 à 14:03 (mis à jour le 25 février 2019 à 17:47)

« Dansons la Carmagnole, vivent les co, vivent les co
Dansons la Carmagnole, vivent les co-que-li-cots ! »

Au son de tout un répertoire de chants populaires, habilement détournés, et joliment interprétés par certains d’entre eux, les sympathisants actifs du mouvement « Nous voulons des coquelicots » ont tenu ce 4 décembre leur quatrième rendez-vous du premier vendredi de chaque mois, sur la Comédie.

Partout en France – huit cent trente rassemblements enregistrés le mois dernier – ce rendez-vous se produit généralement devant les mairies des localités. Mais on sait comment l’urbanisme montpelliérain a réduit la maison de tous à une pure fonctionnalité administrative de pouvoir. Si bien que dès ses bureaux fermés, il n’y a plus âme qui vive au pied de sa bâtisse grandiloquente des bords du Lez.

À quelque chose anomalie est bonne : les Trois Grâces ont une fraîcheur qui sied à ce mouvement des coquelicots, qui réclame l’interdiction de l’utilisation des pesticides chimiques de synthèse, dont l’usage demeure écrasant dans l’agro-industrie dominante, avec la procession de lobbies qui l’accompagnent. « Nous voulons des coquelicots » se concentre exclusivement sur cette question, au lieu d’embrasser la globalité des questions éco-environnementales.

Sur la Comédie vendredi, on rencontre Bruno, qui est metteur en scène. L’artiste apprécie : « Certaines idées très simples, poétiques, peuvent signifier énormément. Alors oui, nous voulons des coquelicots dans les champs. Comme nous voulons des hirondelles. Plus de 90 % des gens veulent cela. Et puis l’intéressant est tout ce qui peut en découler ». Tout près, Ève rappelle les effets des pesticides, perturbateurs endocriniens, cancérogènes, destructeurs de la bio-diversité. Elle souligne : « dans notre région, la viticulture en fait un usage massif ». Et elle avertit : « Attention à ne pas se fixer que sur le seul glyphosate ».

La (non)-interdiction de celui-ci a accaparé le débat politico-médiatique. Mais il ne serait qu’un produit, cachant d’interminables listes d’autres intrants pas plus recommandables. La stratégie du mouvement contestataire est strictement citoyenniste, appuyé sur un « appel des cents » à l’origine, dont les militants assurent qu’ils sont aujourd’hui devenus 430 000 signataires. Un très beau succès, même comparé à la fameuse pétition record de #Laffaire du siècle, parvenu à quatre fois plus en une paire de semaines. « Mais cette dernière est contrôlée par des organismes constitués » (fût-ce des ONG du type Greenpeace ou Oxfam), relève Bruno, précédemment cité. Il semble convaincu que le caractère strictement autonome des coquelicœurs (un néologisme de notre invention, hors origine contrôlée), fait une différence appréciable.

L’appel peut être lu et signé sur nousvoulonsdescoquelicots.fr. Prochain rendez-vous public de rue, normalement le 1er février. Si du moins le gouvernement n’en est pas venu à interdire tout rassemblement d’ici là…

Gérard Mayen

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