Montpellier : un collectif lutte contre la bétonisation aux Hauts de Massane

Elian Barascud Publié le 18 juin 2025 à 14:33
Le lac des garrigues, dans le quartier des Hauts de Massane, est surnommé "le poumon vert de la Paillade". (Photo : Le Poing)

Un collectif de riverains du quartier des Hauts de Massane a lancé deux pétitions pour s’opposer au déclassement du site du tennis club des Garrigues de zone naturelle à zone urbaine et à la potentielle urbanisation du lac des garrigues, comme prévu par le projet plan local d’urbanisme intercommunal de la Métropole de Montpellier

Il est souvent qualifié de “poumon vert de la Paillade”. Le lac des garrigues, dans le quartier des Hauts de Massane, est entouré de 9 hectares d’espace boisé classé (EBC), où vivent de nombreuses espèces d’animaux et végétaux, dont certaines sont protégées. Depuis quelques, mois, le collectif “Préservons la nature aux Hauts de Massane” se bat pour sa préservation. Dans une pétition lancée sur Internet, les riverains affirment que “la mairie de Montpellier envisage de déclasser cet espace en le faisant passer d’EBC à EVP2 (Espace Vert Protégé de niveau 2), autorisant ainsi 5% de constructions, une première étape vers une urbanisation possible à l’avenir.”

Un danger pour la biodiversité

Outre la potentielle porte vers l’urbanisation qu’ouvrirait ce déclassement, le collectif s’inquiète des impacts pour la biodiversité d’une telle mesure : ” Une telle décision signifierait une perte irréversible pour la nature et les habitants. Les inventaires naturalistes menés régulièrement autour du lac des Garrigues ont révélé la présence d’espèces protégées, comme le Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce rare et protégée en France, la Cistude d’Europe (Emys orbicularis), une tortue aquatique en danger, le Chardonneret élégant (Carduelis carduelis), une espèce classée sur la liste rouge des espèces menacées, dont la population a chuté de plus de 30 % en 20 ans. […] De nombreux rapaces et passereaux protégés, témoignant de la richesse écologique du site, comme des chiroptères (chauves-souris) protégés, qui dépendent des espaces boisés pour leur habitat et leur alimentation.”

Un terrain de tennis menacé

Une deuxième pétition lancée par le collectif alerte sur la potentielle destruction d’un terrain de tennis jouxtant le lac des garrigues pour y construire un nouveau bâtiment pour accueillir le local de l’association Uni’Sons. Un terrain géré l’association Fête le Mur, fondée par Yannick Noah, qui, selon les habitants, “participe à la vie sociale du quartier et favorise une certaine mixité sociale dans la mesure où il profite non seulement aux habitants du quartier mais aussi à des habitants d’autres quartiers. Il encourage énormément le sport féminin, offrant une opportunité précieuse aux jeunes filles.”

Un chantier qui étonne le collectif, car ce club de tennis a fait l’objet d’une rénovation en 2022 qui a coûté 113 500 euros d’argent public. Un “gâchis d’argent”, selon un membre du collectif, au même titre que l’installation de grandes lettres capitales en bois de deux mètres de haut façon Hollywood écrivant “COUCOU” sur le chemin du lac, pour un total de 45 000 euros.

Selon le collectif, le terrain de tennis menacé de destruction participe à créer de la mixité sociale dans le quartier, car des gens d’autres quartiers viennent s’y entrainer, comme ce jeune homme, qui vient de Celleneuve. (Photo : Le Poing)

Là encore, les membres du collectif se montrent inquiets vis-à-vis des potentiels impacts que ce chantier pourrait avoir sur l’environnement. Ils craignent que les travaux favorisent “le ruissellement et les éboulements de terrain. Les terrains existants sont dotés de revêtements poreux permettant de limiter le ruissellement des eaux alors que la construction de ce bâtiment induirait le contraire.” Les risques d’incendies font également partie de leurs préoccupations. “Le site est situé en zone rouge à très fort risque d’incendie, plusieurs incendies majeurs ayant eu lieu par le passé.”

Adil Soso, militant associatif de longue date dans le quartier et soutien du collectif déplore “un manque de concertation criant avec les habitants depuis le début du mandat de Michaël Delafosse. Nous ne sommes jamais consultés dans le cadre de ce genre de projets, alors que s’ils écoutaient les gens, tout le monde dirait qu’il faut garder ce terrain de tennis.” De leur côté, les membres du collectif font pour l’instant du porte-à-porte dans leur quartier pour sensibiliser les riverains et faire signer les pétitions, mais ils n’excluent pas de mener des recours juridiques contre ces projets devant les tribunaux compétents.

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE SUIVANT :

Montpellier : 150 personnes manifestent leur soutien à Anasse Kazib et dénoncent la criminalisation du soutien à la Palestine