Montpellier : une cérémonie à la mémoire de la femme assassinée par son ex devant le tribunal
Une centaine de personnes ont participé ce mercredi 21 février à une cérémonie à la mémoire d’une femme tuée par son ex la veille devant le tribunal de Montpellier.
Dans la foule présente devant le tribunal de Montpellier, ce mercredi 21 février en début de soirée, une majorité de militantes féministes. Et beaucoup d’émotion.
La veille, une femme de 66 ans a été abattue par son ex-mari, juste à l’entrée du bâtiment, alors qu’elle s’y rendait pour un rendez-vous avec le juge des affaires familiales. L’homme a retourné son arme contre lui dans la foulée.
Quelques élu.e.s ont également fait le déplacement pour ce femmage (féminisation du mot hommage).
Une dizaine de participant.e.s tiennent dans leur main une lettre chacun.e, pour dessiner le message suivant : « On ne veut plus compter nos mortes ».
Au micro, Sonia fait part de sa colère, pointant du doigt un véritable problème de prise en charge : « S’il n’y a pas de traces pour le moment de violences conjugales déclarées dans ce cas-là, rappelons que dans 41 % des homicides conjugaux et tentatives, la victime s’était déjà signalée auprès des autorités. Dans le même temps, les mains courantes et les procès-verbaux de renseignements judiciaires débouchent sur des investigations dans moins de 20% des cas. C’est d’autant plus scandaleux qu’il n’y a pas assez de place en hébergement d’urgence pour des femmes qui auraient besoin de s’éloigner d’un conjoint violent.»
Au sol, devant le tribunal, des paires de chaussures symbolisent les disparues de la violence patriarcale. « Le féminicide est un crime de possession. », peut-on lire sur une pancarte.
Autour des chaussures, 22 fleurs et 22 bougies sont déposées, sous le regard silencieux des participant.e.s au rassemblement. 22 fleurs et 22 bougies pour les 22 femmes victimes de féminicides depuis le début de l’année 2024. Au gouvernement, on évoque 94 féminicides pour l’année 2023, quand l’association Nous Toutes déplore sur la même période la mort de 134 femmes « tuées en raison de leur genre. »
Suit une interprétation collective de la chanson « Debout les femmes », hymne du Mouvement de Libération des Femmes dans les années 70.
En fin de rassemblement, juste avant la dispersion, une femme s’avance et prend la parole : « Depuis 18 mois j’ai déposé plainte pour des menaces de mort de la part de mon ex-conjoint, en précisant bien que celui-ci a une arme à feu chez lui. Depuis 18 mois il ne s’est rien passé, malgré des relances quotidiennes de mon avocat. Si Marie-Pierre [NDLR : le prénom de la femme assassinée mardi 20 février devant le tribunal de Montpellier] avait été victime de violences et avait déposé plainte, il ne se serait rien passé… »
Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :