Près d’un montpelliérain sur cinq vit dans un quartier prioritaire de la Ville

Les banlieues françaises font l’objet d’un traitement spécifique de la part de l’État : zone urbaine sensible (ZUS), quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV), quartier de reconquête républicaine (QRR) sont quelques-uns des labels accolés par les autorités, qui résument ces espaces à l’insécurité. Mais ces quartiers sont surtout des zones de concentration de travailleurs et travailleuses surexploité·es. La preuve par Montpellier, en trois cartes.
À Montpellier, 55 451 habitant·es vivent dans l’un des douze QPV de la Ville, sur une population municipale de 299 096 personnes, soit 18,5 % de la population. C’est surtout le quart nord-ouest de la ville qui concentre la pauvreté : la Mosson (Paillade), Celleneuve, les Cévennes et le Petit Bard forment un ensemble de plus de 30 000 habitant·es, relié par le tramway.

Ces quartiers regroupent à la fois un taux de pauvreté supérieur à la moyenne, et des populations majoritairement issues de l’immigration, en particulier du Maghreb et surtout du Maroc. Ce n’est pas l’ensemble des immigré·es qui se trouvent dans ces quartiers, mais uniquement les plus précaires : à peu près la moitié des immigré·es non européen·nes, qui sont les plus pauvres, s’y concentrent, alors que les immigré·es qui ont un emploi stable et des revenus plus élevés habitent pour la plupart dans des quartiers à plus forte mixité sociale. Ces quartiers concentrent donc une partie spécifique de la population : un prolétariat précaire immigré.

Cette concentration s’explique par la ségrégation ethnique opérée dans la répartition des HLM, par le fait que seuls des bailleurs privés acceptent de louer à des immigré·es pauvres (en contrepartie de logements indécents) et par une volonté de se regrouper avec des personnes de même origine pour faire jouer la solidarité. Souvent, dès qu’une famille trouve la possibilité d’en déménager, elle le fait. Ces espaces ne sont donc pas des ghettos hermétiques, mais des zones de relégation dont on tente de sortir.

Ce prolétariat surexploité est essentiel au fonctionnement de la métropole capitaliste et pourtant, l’imaginaire collectif le dénigre comme des « parasites ». Ce sont les femmes immigrées qui assistent les enfants et les aînés des jeunes cadres dynamiques montpelliérains, pas l’inverse. Derrière la stigmatisation raciste (islamophobe en premier lieu) se pointe l’exploitation économique.
Quant aux prolétaires précaires non issus de l’immigration, ils sont quant à eux relégués dans les campagnes, loin des périphéries, du fait des prix délirants de l’immobilier. Le département de l’Hérault est l’un des plus pauvres de France. Ces deux portions des classes populaires se soulèvent pour le moment globalement de manière séparée (gilets jaunes et émeutes de banlieue), et sans nier la persistance et l’autonomie du combat contre le racisme, les raisons de taper sur le même clou au même moment ne manquent pas. Et ça tombe bien, un appel national appelle à tout bloquer le 10 septembre !
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