Quand Delafosse se place en défenseur de la culture face à Kleber Mesquida

Le Poing Publié le 18 février 2025 à 15:36 (mis à jour le 18 février 2025 à 16:09)
Michaël Delafosse en conférence de presse ce mardi 18 février. ("Le Poing")

Ce mardi 18 janvier, Michaël Delafosse, maire de Montpellier, a organisé une conférence de presse en mairie au sujet de la culture. Face aux coupes budgétaires annoncées par le Département de l’Hérault dans ce secteur, l’édile a annoncé un fonds d’urgence pour éviter la fermeture de lieux culturels dans la Métropole

Qu’on se le dise d’emblée, Le Poing n’a pas pour habitude de se rendre aux conférences de presse organisées en mairie. D’ailleurs, nous n’étions, comme à l’accoutumée, pas invités. Mais on s’est dit qu’une carte de presse pouvait permettre d’aller chercher des réponses aux questions des intermittents du spectacle qui diffusaient des tracts alertant sur les coupes sur la culture dans le budget du département, ce mardi matin devant l’hôtel de ville de Montpellier.

Nous voila donc au huitième étage de la ce que le mundillo politique local appelle “la maison bleue”, entourés d’autres journalistes, pour certains plutôt surpris de nous y voir, à entendre Michaël Delafosse, maire de Montpellier, dénoncer “un temps de contre-révolution réactionnaire, populiste et vulgaire” à l’échelle internationale. Et donc, en bon “homme de gauche”, l’édile a tenu a rappeler “l’importance de la culture” dans la Ville et la Métropole de Montpellier, disposant d’une offre culturelle “unique en France” selon lui, malgré les économies imposées par l’État aux collectivités territoriales.

Reprenant in extenso les éléments de langages des intermittents du spectacle en lutte contre ces coupes budgétaires départementales, le maire de Montpellier a martelé que “la culture ne peut pas être une variable d’ajustement.” Parmi les annonces faites par Michaël Delafosse, on peut citer la “sanctuarisation des budgets culturels de la Ville et de la Métropole”, la création d’un fonds d’urgence pour éviter la fermeture de lieux culturels comme le théâtre de la Vista. La manière dont ces fonds seront répartis feront l’objet de délibérations en Conseil Municipal.

Le maire PS a également annoncé des crédits autour de l’éducation artistique et culturelle dans les écoles, ainsi qu’une enveloppe de 200 000 euros afin que des artistes de spectacle vivant puissent travailler dans les maisons pour tous de la commune. “Nous développons des lieux de résidence pour les artistes, comme à l’ancien évêché”, a continué l’édile, appelant ensuite “les entreprises du territoire à se mobiliser pour la culture.”

Concernant la situation financière critique du domaine d’O (400 000 euros de déficit), scène culturelle venant de passer sous l’égide de la Métropole dont la programmation a été à l’arrêt, le maire de Montpellier a annoncé qu’il irait “discuter avec Kleber Mesquida [le président du Département de l’Hérault ndlr] pour que le théâtre d’O redevienne un lieu de diffusion.” Est-ce le début d’un bras de fer marquant un désaccord politique profond entre les deux figures socialistes locales ? “Je me positionne selon mes choix, sur lesquels les gens m’ont élu”, a tranché Michaël Delafosse, en réponse à cette question, affirmant qu’il voulait “peser dans le débat sur la Culture en France.” Une manière de se positionner pour les prochaines municipales, voire pour un poste de premier secrétaire du parti socialiste ? Rappelons tout de même que l’édile PS avait affirmé son soutien à son collègue président du Conseil Départemental de l’Hérault (PS lui aussi) en Conseil de Métropole, face à un État qui asphyxie les collectivités territoriales. En ce sens, ces fonds débloqués peuvent aussi être interprétés comme une tentative de voler au secours de Kleber Mesquida en compensant les coupes budgétaires du Département, malgré la faiblesse des montants annoncés par la Ville et la Métropole.

Enfin, sur la question du dispositif Hérault Matériel Scénique, qui permettait aux structures associatives de bénéficier de matériel pour des événements culturels, fermé en octobre dernier, la Métropole s’est positionnée pour récupérer le matériel et en faire bénéficier ses 31 communes. Quid du reste du Département ? La question n’a pas été évoquée, au même titre que celle de l’interdiction du carnaval antillais, évènement festif et populaire majeur de la culture antillaise à Montpellier, pour des raisons sécuritaires. Des obsessions sécuritaires que Delafosse partage par ailleurs largement, les relayant sans cesse de manière inquiétante. A ce titre, ne fait-il pas parti de la “contre-révolution réactionnaire” qu’il entend dénoncer ? Encore une question qui ne trouvera pas de débouché lors de cette conférence de presse…

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