Quatre associations veulent des explications sur la traque des sans abri à Montpellier
Des bénévoles soutenant les SDF adressent une lettre ouverte au maire et au préfet, à propos de « faits ni exceptionnels ni isolés »
Que se passe-t-il dans les rues de Montpellier ? « Les plus vulnérables de notre société » y sont-ils victimes « d’une dynamique globale » tendant vers leur « répression et leur criminalisation » ? Tel semble être le cas, selon les responsables montpelliérains de quatre associations – Droit au Logement, Entraide SDF, Gamelles pleines et la section locale de la Ligue des Droits de l’Homme. Les quatre viennent de cosigner une lettre dans ce sens, rendue publique et adressée à Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de la Métropole, ainsi qu’à Jacques Witkowski, préfet de l’Hérault.
Les signataires se présentent comme « bénévoles, citoyen.nes oeuvrant pour protéger, accompagner, nourrir [leurs] concitoyen.nes les plus démuni.es » et assurent être « entravé.es dans ces missions par une chasse aux sans-abri menée sur le territoire de Montpellier ». Déjà relatés dans Le Poing par la responsable locale d’Action Froid, ces faits ont néanmoins du mal à prendre corps, politiquement et médiatiquement. La population des sans abri est invisibilisée du seul fait de sa marginalité. Les associations qui les accompagnent ont toutes raisons de craindre de se faire trop repérer comme éventuelles opposantes (leurs moyens d’action en dépendent) – sans parler de celles où les élu.es, préférant les selfies aux actions de fond, ont pris l’habitude de se faire voir sur les réseaux sociaux).
Or les faits sont là, que constatent les associations signataires de la lettre ouverte, en ces termes : « multiplication des contrôles de police, contrôles disproportionnés, abus d’autorité, verbalisations non justifiées (non-respect du couvre-feu, occupation de l’espace public), et atteinte à la dignité (agression verbale, refus du dialogue ») sont devenus le lot quotidien de nos bénéficiaires ». Cela au point que les maraudes sont rendues difficiles, puisqu’une part du temps passé en maraude consiste d’abord à rechercher des bénéficiaires contraints de s’éloigner et se dissimuler.
Les faits ainsi évoqués sont graves. Ils révoltent la conscience citoyenne, qu’il s’agisse de méditer sur l’ancrage supposé de gauche de la municipalité montpelliéraine ; ou de rappeler comment le Préfet de l’Hérault a pu solliciter très activement, dans le contexte de la pandémie, les bénévoles humanitaires pour assurer au moindre coût des missions sociales publiques dont on attendrait la mise en œuvre par les services d’État.
Pour l’heure néanmoins, les signataires de cette lettre ouverte ne s’autorisent pas de tels commentaires. Fort courtoisement, ils s’en tiennent à demander à la Ville et à la Préfecture l’organisation d’une rencontre entre tous les partenaires concernés (associations, élu.es, administrations). Cela en se disant « prêt.es à participer [à la mise en œuvre] d’une politique sociale et inclusive » en vue d’une « cohabitation sereine et du bien-être de l’ensemble des citoyen.nes montpelliérain.es ».
Toutefois, ils n’omettent pas de relever qu’ils n’ont pu obtenir, jusqu’à ce jour, aucune réponse aux questions que soulèvent leurs observations sur le terrain.Lors du dernier conseil municipal, pris à partie sur ce point par l’opposante écologiste Clotilde Ollier, l’adjoint à la sécurité Sébastien Cote a juré que la police municipale ne saurait se livrer à de telles pratiques. Cela au milieu de développements selon lesquels le Centre-ville était néanmoins l’objet déclaré d’une politique de « reconquête ». Il faudra donc être clair à un moment ou à l’autre : est-ce qu’une politique ignominieuse de ségrégation, digne des municipalités méditerranéennes de droite extrême et d’extrême droite, doit en plus s’accompagner des louvoiements de l’hypocrise et de la lâcheté, par des autorités fuyant la mise au clair de leurs responsabilités ?
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