Rassemblement kurde pour la libération d’Abdullah Öcalan à Montpellier

Le Poing Publié le 5 novembre 2017 à 18:53 (mis à jour le 28 février 2019 à 22:17)

Une quarantaine de personnes ont manifesté hier après-midi(1) du Peyrou jusqu’à la place de la Comédie à l’appel du centre démocratique kurde de Montpellier. Cette organisation en est à son deuxième rassemblement de la semaine : mercredi dernier, une soixantaine de personnes s’étaient réunies à l’occasion de la journée mondiale de Kobané, ville symbolique de la résistance kurde contre l’État islamique. Cette fois-ci, les revendications portaient sur l’état de santé du leader kurde Abdullah Öcalan.

Pas de solution politique au Kurdistan sans libération d’Abdullah Öcalan

Arrêté en 1999 au Kenya lors d’une opération des services secrets turcs, américains et israéliens, Abdullah Öcalan est depuis maintenu en isolement sur l’île-prison turque d’Imrali. Aucune perspective de libération ne s’offre à lui puisque sa condamnation à mort, prononcée le 29 juin 1999, a été transformée en 2002 en prison à vie, la Turquie ayant aboli la peine de mort dans la perspective des négociations pour son adhésion à l’Union européenne(2). Ce que reproche l’état turc à Abdullah Öcalan, c’est d’avoir participé à la fondation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Né dans le sillage du marxisme-léninisme en 1978, ce parti a massivement armé ses militants pour mener la guérilla contre l’administration turque(3), qui opprime les Kurdes depuis des décennies (assassinats politiques, interdiction de la langue kurde, emprisonnement des députés kurdes, etc.)(4) Au début des années 2000, le parti change de stratégie : les revendications d’indépendances pour les territoires majoritairement kurdes sont abandonnées au profit d’un projet d’autonomie culturelle au sein d’un système fédéral plus large. Cette évolution politique a été mûrement réfléchie par Abdullah Öcalan, qui résume ce projet dans son livre Le confédéralisme démocratique, publié en 2011(5).

Depuis 14 mois, personne n’a pu rencontrer Abdullah Öcalan

Interrogé par l’Humanité le 11 octobre 2017, Ibrahim Bilmez, l’un des avocats d’Abdullah Öcalan, s’inquiète fortement de l’évolution de ses conditions de détention : « La dernière fois que nous avons pu le rencontrer, c’était le 27 juillet 2011. Depuis aucun de ses avocats n’a pu le voir. En septembre 2016, son frère, Mehmet Öcalan, a pu lui rendre visite, mais avec ses avocats, il n’y a pas eu de rencontre depuis plus de 6 ans. Entre 2011 et 2016, une délégation du HDP (parti démocratique des peuples, vitrine légale du PKK) a pu lui rendre visite dans le cadre du processus de négociation et de paix qui était en cours entre Abdullah Öcalan, le PKK et l’État turc. À ce moment-là, il y avait aussi une délégation de l’État turc ainsi que des dirigeants et des hauts fonctionnaires des services de renseignement turcs, qui allaient le voir régulièrement pour parler du processus de paix, et parmi eux, le plus haut fonctionnaire des renseignements. Mais depuis 13 mois, personne n’a pu rencontrer Abdullah Öcalan et nous n’avons aucune information sur lui. »(6)

Le conseil démocratique kurde en France parle même « d’informations extrêmement préoccupantes diffusées sur les réseaux sociaux [qui] font état de la mort du leader du peuple kurde Abdullah Öcalan. »(7) Cette information a été démentie par le procureur de la ville turque de Bursa, mais ce n’est pas une garantie suffisante selon le centre démocratique kurde de Montpellier, qui porte trois revendications principales : l’intervention du comité pour la prévention de la torture pour garantir la communication par les autorités turques des informations nécessaires sur la situation d’Abdullah Öcalan, la mobilisation des organisations kurdes et des forces démocratiques pour réclamer des explications sur la santé et la sécurité d’Abdullah Öcalan et l’intervention des puissances internationales qui ont livré Abdullah Öcalan à la Turquie le 15 février 1999 pour réparer leurs responsabilités dans son enlèvement et dans les violations de droits subies pendant son procès et sa détention.

Pour en savoir plus sur le lien entre la question kurde et la libération d’Abdullah Öcalan, lisez le dossier d’information du comité pour la libération d’Abdullah Ocalan (publié 10 juin 2017)

Jules Panetier

Sources :

(1) La manifestation est partie du Peyrou à 15h50 au lieu de 16h, ce qui explique pourquoi certaines personnes ne l’ont pas vu.
(2) « Trente ans de conflit – La sale guerre du président Erdoğan », Le Monde diplomatique, juillet 2016, lien.
(3) « Rencontre avec des combattants du PKK dans le nord de l’Irak », France 24, 23 novembre 2015, lien.
(4) « Syrie : 14 kurdes tués lors d’émeutes en Turquie », Les Echos, 8 octobre 2014, lien.
(5) Abdullah Öcalan, Le confédéralisme démocratique, Londres, International Initiative Edition, “Liberté pour Abdullah Ocalan – Paix au Kurdistan”, 2011, 50 pages, (l’extrait cité est à la page 21), lien.
(6) « Ibrahim Bilmez, avocat d’Ocalan : “La libération d’Abdullah Ocalan et la question kurde sont liées” », L’Humanité, le 11 octobre 2017, lien.
(7) « Appel urgent pour Ocalan », Centre démocratique kurde en France, 16 octobre 2017, lien.

D’autres articles du Poing sur le sujet :

« Rassemblement kurde pour la journée mondiale de Kobané hier soir à Montpellier », Montpellier Poing Info, le 2 novembre 2017, lien.
« Le municipalisme libertaire », une alternative kurde pour le Moyen-orient ? », Le Poing n°11, novembre 2014, lien.
« Conflit au Kurdistan : la Turquie mise sur le feu », Le Poing n°18, septembre 2015, lien.

Tract diffusé et lu lors du rassemblement du 4 novembre 2017 à Montpellier :

Appel urgent pour Öcalan

Vives inquiétudes quant à la santé et la sécurité de leader du peuple kurde Abdullah Öcalan

Depuis quelques jours, des informations extrêmement préoccupantes diffusées sur les réseaux sociaux font état de la mort du leader du peuple kurde Abdullah Öcalan en prison. Ces informations inspirent les plus grandes craintes au peuple kurde quant à la santé et la sécurité d’Öcalan.

Les débats lancés récemment par les médias turcs sur la question de savoir si Öcalan était toujours en vie ont suscité les plus vives inquiétudes chez les Kurdes en Turquie.

Tout le monde sait à quel point notre peuple est sensible à la question de la santé et de la vie du leader kurde. À cet égard, les démentis du procureur de la République de Bursa ne sont nullement suffisants.

C’est un droit fondamental pour sa famille et ses avocats que d’être informés sur son état de santé. Pour cela, ils doivent être autorisés à lui rendre visite d’urgence.

Il n’est pas possible pour notre peuple de se contenter d’une déclaration informelle du Procureur de la République de Bursa. Nous ne serons pas rassurés tant que nous n’aurons pas d’informations fiables.

Le Gouvernement AKP d’Erdogan est directement responsable de la sécurité et de la santé d’Öcalan ainsi que des torts qu’il pourrait subir. Sa famille et ses avocats ont droit à des informations sur sa situation.

  • Nous appelons le Comité pour la prévention de la Torture (CPT) à intervenir pour garantir la communication par les autorités turques des informations nécessaires sur la situation d’Abdullah Öcalan.
  • Nous appelons toutes les organisations kurdes et les formes démocratiques à se mobiliser et demander des explications sur la santé et la sécurité d’Öcalan.
  • Nous appelons les puissances internationales qui ont livré Abdullah Öcalan à la Turquie le 15 février 1999 à intervenir pour réparer leurs responsabilités dans son enlèvement et les violations de droits subies ensuite durant son procès et sa détention.

Centre démocratique kurde de Montpellier

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