« Reprendre les clés des théâtres, pourquoi faire ? » : à Montpellier, le collectif de Juin s’interroge
Jules Panetier
Publié le 20 mai 2021 à 18:33
« Reprendre les clés des théâtres, pourquoi faire ? » : c’était la question centrale posée lors de la première matinée de réflexion de l’Université de Printemps du Collectif de Juin, à Montpellier, ce jeudi 20 mai.
Jeudi 20, Vendredi 21, Samedi 22 et Dimanche 23 se tient à Montpellier l’Université de Printemps du Collectif de Juin : Libre Ouverte et Engagée.
Le collectif de Juin c‘est une dizaine de compagnies d’Occitanie, essentiellement de théâtre et des arts de la rue dont toutes les professions du spectacle vivant sont représentées ainsi que leurs représentants syndicaux dans une mixité et une porosité des arts. Collectif qui existe depuis un an avec un manifeste « pour réfléchir à nos métiers et comment on veut les faire ».
« Une université au cœur de l’urgence »
« Lorsque nous avons imaginé ce temps fort de notre action commune, les lieux de
spectacle n’étaient pas occupés. », nous apprend le texte de présentation de l’Université « Nous travaillions depuis plusieurs semaines à son organisation et à sa construction. Depuis le 12 mars, nos réunions se déroulent au sein du Centre Chorégraphique de Montpellier occupé. Nous sommes quelques un·es du collectif à être actifs et actives dans cette lutte pour les droits sociaux, et toutes et tous solidaires du mouvement.
Se pose la question à un moment donné de maintenir notre université. Est-elle hors-sol au regard de la lutte, est-elle complémentaire, est-elle légitime ? »
Donc cette Université a été maintenue, dans une forme différente pour respecter les règles sanitaires, « Elle s’additionne au Mouvement des occupations avec la nécessité de rajouter de la pensée au mouvement » explique Julien. C’est une manifestation professionnelle qui défend une certaine idée du théâtre comme service public. Elle était conçue comme itinérante dans la ville au départ dans un aller-retour entre réflexions et actions artistiques d’expérimentation. Il a fallu s’adapter , elle se déroule donc le matin au « Quartier Gare » rue Boyer et l’après-midi dans différents lieux de la ville.
Le « Quartier Gare » c’est un lieu de fabrique et de création artistique pour trois compagnies de théâtre – La compagnie provisoire/ Maison théâtre et La compagnie Doré-. Le matin on échange, on discute et on réfléchit puis on mange ensemble et l’après-midi on crée des évènements artistiques en extérieur qui ne sont pas des représentations spectaculaires mais plutôt des expériences, des formes artistiques ouvertes et visibles.
Une trentaine de professionnel(le)s se sont inscrit(e)s sur les quatre jours, des artistes de la région qui veulent inverser et transformer le système de l’offre et la demande artistique. Ils et Elles se sentent dépossédé(e)s de leurs outils et veulent remettre le projet au centre du processus « c’est quoi votre projet, on va vous le financer plutôt que, vous devriez répondre au projet demandé par l’institution ». Cesser de produire pour avoir de l’argent mais avoir de l’argent pour produire !
Le confinement a exacerbé toutes ces questions, la profession entière a été arrêtée et l’injonction à se réinventer est devenu pressante pour tout ce beau monde ! Mais c’est sans doute à l’état de se réinventer dans son comportement vis à vis des artistes, qui eux collectivement passent leur temps à se réinventer ?
Ce matin dans la salle du QG des utopies ont été mises à plat et la valeur de l’art et des politiques culturelles ont été questionnés. D’ailleurs la valeur économique n’a-t-elle pas pris le pouvoir sur toutes les autres valeurs ?
Cette Université existe, si ça vous intéresse les évènements en extérieur sont ouverts et l’objectif de départ était qu’elle soit accompagnée par une autrice/ un auteur pour un texte, un spectacle…
Retrouvez ci-dessous le programme de l’Université de Printemps du Collectif de Juin.
Le_collectif_de_juin_appelle_les_artistes_et_compagnie_du_spectacleTélécharger
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