Retour sur la mobilisation des gilets jaunes le 7 janvier en région

Le Poing Publié le 8 janvier 2023 à 16:01 (mis à jour le 8 janvier 2023 à 16:08)
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S’il est difficile d’estimer la participation exacte des gilets jaunes restés en province pour la journée d’action du 7 janvier, de nombreux petits rassemblements ont eu lieu en région et certains entendent poursuivre les efforts de reprise du mouvement. A la veille d’une grande bataille qui s’annonce sur la réforme des retraites. Petit retour sur la mobilisation avec Le Poing.

Les gilets jaunes appelaient ce samedi 7 janvier a une journée de mobilisation. Outre la manifestation parisienne, sur laquelle Le Poing reviendra plus en détail prochainement, et qui a rassemblé plus de trois mille personnes venues de toute la France, de nombreux rassemblements plus modestes ont eu lieu en région.

Sur Montpellier la préfecture a compté environ 150 personnes pour une heure et demi de manif. La députée France Insoumise Nathalie Oziol, qui a tenté une prise de parole place de la Comédie, a été huée par certains manifestants, aux cris de “Battez-vous pour le peuple ! Mélenchon est un vendu !”, ou encore « On s’en fout des politicards ». Un chahut lancé par un habitué des manifs montpelliéraines gilets jaunes ou contre le pass sanitaire, affilié au Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF).

Les gilets jaunes d’Agde dans l’Hérault se sont retrouvés sur leur rond-point habituel. Ils étaient une vingtaine à Millau, et le même nombre à Nîmes. L’indépendant aura recensé une centaine de manifestants à Carcassonne.

Une centaine de Gilets jaunes sont réunis à Angers, où un gilet jaune géant floqué de l’inscription « Stop Macron et son monde » à été enlevé des grilles du Jardin des Plantes par la police. Sur Pau les contestataires ont plutôt opté pour une ouverture des barrières du péage d’autoroute local. Deux rendez-vous étaient proposés aux gilets jaunes de la région d’Avignon . Le premier sur un rond-point. Le second en centre-ville, où les manifestants ont dû se séparer en petits groupes pour échapper à une nasse mise en place par les forces de l’ordre. Le Progrès comptait une vingtaine de gilets jaunes en début d’après midi à Bellay. Sur Bordeaux une centaine de manifestants ont défilé en centre ville. Une petite quinzaine de gilets jaunes ont occupé un rond-point à Nancy. 60 personnes étaient rassemblées à Nice. France 3 Régions évoque des revendications contre la réforme des retraites, la vie chère et l’usage intensif de l’article 49.3 par la majorité macroniste, là où le journal indépendant Mouais parle d’une mobilisation contre le vaccin du Covid. La Dépêche compte une cinquantaine de manifestants à Tarbes La mobilisation était plus importante à Vannes où, selon « Le Télégramme »« 200 personnes environ ont manifesté ». Des chiffres similaires dans le Grand Est, où le quotidien régional « l’Alsace » évoque « autour de 150 manifestants à Strasbourg et Colmar, 200 à Mulhouse ». Trois cents gilets jaunes étaient mobilisés à Toulouse, et une vingtaine à Montauban. Une quarantaine de gilets se sont aussi retrouvés à Gerzat, tout près de Clermont Ferrand, au rond-point près du péage de l’A67. Mobilisation comparable au Mans. Cinquante GJ battaient le pavé à Chambéry et à Perpignan, pour une dizaine à Albertville.

D’autres rassemblements se sont tenus à Alençon, Andrézieux, Annecy, Annonay, Augny (près de Metz), Barentin, Belfort, Bergerac, Besançon, Cahors, Cannes, Choisey, Cognac, Colomiers, Davézieux, Dijon, Essay-les-Nancy, Etampes, Figeac, Fontainebleau, Gisors, Grenoble, Kingersheim, La Roche sur Yon, La Réunion, Lille, Lommes, Lons le Saunier, Marseille, Montabon, Montélimar, Montluçon, Niort, Le Puy en Velay, Saint-Avold, Saint-Brieuc, Saint- Nazaire, Saint-Geneviève des bois, Toulon, Trignac, Ussel, Villefranche de Lauragais, Villefranche sur Saône, Villeneuve sur Lot, Voujeaucourt ou encore Wassellonne.

D’après les chiffres du ministère de l’Intérieur, 4 700 personnes ont défilé en France pour 58 actions répertoriées. Les chiffres exacts de la mobilisation restent toutefois difficiles a estimer. Le collectif Le Nombre Jaune, qui proposait un comptage des manifs de gilets jaunes, mais aussi contre la réforme des retraites proposée en 2019, la loi sécurité globale, ou encore le pass sanitaire, n’est actuellement plus en activité. Et les méthodes de comptage du ministère de l’Intérieur, outre un évident problème de parti pris, ne sont pas réellement adaptées à des mobilisations dans le genre de celles des gilets jaune : la police prend note du nombre de participants à un instant T, or sur un rond-point occupé toute une partie de la journée les gens vont et viennent, on peut s’y retrouver à dix à un instant T, pour cent personnes qui y seront passées durant la mobilisation. Le chercheur montpelliérain en sciences politiques Jean-Yves Dormagen et le géographe Geoffrey Pion ont ainsi proposé une autre méthode au long cours, pas du tout adaptée à un résultat rapide sur des journées de mobilisation ponctuelles, qui faisait état de trois millions de participants aux mouvements des gilets jaunes en 2018-2019.

Toujours est-il que cette mobilisation du 7 janvier n’est pas un raz-de-marée, malgré le fait que le mouvement reste populaire dans l’opinion publique. « Un lent réveil des provinces », veut croire le collectif Gilets Jaunes Musulmans, qui fait partie de ceux, avec par exemple les gilets jaunes de Caen ou le collectif Alsace Révoltée, qui appellent déjà à poursuivre dans la voie de ce retour des chasubles fluos dès le samedi 14 janvier.

Le gilet jaune Eric Drouet, qui s’était écarté depuis un moment du mouvement, a annoncé se relancer dans la bataille à la faveur d’un début d’année qu’il espère explosif. Il appelle d’ors et déjà à rejoindre massivement le groupe Facebook La France en Colère, et à apporter du soutien à la bataille qui débute contre la réforme des retraites.

En fin de la manifestation parisienne, des gilets jaunes de plusieurs régions de France, dont des montpelliérains, ont pu passer la soirée ensemble et discuter des suites du mouvement.

Il est rare de voir un mouvement social réussir à se relancer après être retombé sous la même étiquette et avec la même méthode. Quoique le mouvement algérien du Hirak en aura étonné plus d’un par sa capacité à renaître de ses cendres, parfois durablement et avec le sens du grand spectacle, souvent à l’occasion de funérailles ou de procès de certains de ses participants. Quoi qu’il en soit, les gilets jaunes, pour beaucoup primo-manifestants avant 2018, représentent une porte d’entrée vers des cercles de sociabilisation peu impactés par le mouvement social jusqu’ici, et pourraient venir irriguer les luttes sociales à venir de leurs manières de faire.

Alors que les premières mobilisations contre la réforme des retraites, fortement décriée par les GJ, commencent à poindre leur nez, et que le front syndical apparaît comme exceptionnellement uni, quelles seront les réactions des syndicats face à l’investissement de gilets jaunes ? “Pourquoi il y aurait les gilets jaunes d’un côté, des rouges de l’autre ? Il faut que tout le monde se mette d’accord pour se mobiliser ensemble” a déclaré Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, au 90 minutes de BFMTV ce mercredi 4 janvier. Alors même que sa centrale syndicale avait pû se montrer très réticente au début du mouvement des gilets jaunes, insistant sur la présence de l’extrême-droite et condamnant les violence.

L’année 2023 sera-t-elle celle d’une grande convergence ?

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