Tweet supprimé et enthousiasme de syndicalistes policiers : de la dangerosité du préfet de l’Hérault Moutouh

Le Poing Publié le 5 octobre 2022 à 20:23
Assemblée du syndicat Unité SGP Police Force Ouvrière Zone Sud organisée le 30 juin 2022 à Palavas les Flots. Image tirée de la page Facebook Unité SGP Police Littoral Béziers Agde Sète. Image d'illustration.

Après un nouveau dérapage du préfet de l’Hérault qui twittait le 29 septembre au sujet des “SDF étrangers” en disant qu’ils “n’étaient pas les bienvenus”, l’enthousiasme du syndicat Unité SGP Police FO Béziers Sète Agde a de quoi inquiéter.

Après avoir traité les SDF de “zadistes” en demandant plus de policiers pour nettoyer la ville de Montpellier, le préfet de l’Hérault Hugues Moutouh (lire notre portrait ici) a publié le 29 septembre un Tweet dénonçant “la délinquance des SDF étrangers”, en ciblant “Algériens et Marocains en majorité”, avant d’ajouter “Les CRS ont instructions de ne pas les lâcher. Ils ne sont pas les bienvenus.”

Si la publication, supprimée deux heures après, a immédiatement fait polémique, elle a aussi reçue son lot d’encouragements, notamment du maire d’extrême-droite de Béziers Robert Ménard et d’Aurélien Lopez-Liguori, député RN de l’Hérault. Ou encore d’Eric Zemmour : “Bravo au préfet de l’Hérault qui a dit la vérité, avant de supprimer sa publication. Sans doute la vérité fait-elle peur à sa hiérarchie.”

Plus inquiétant encore : l’enthousiasme dont fait montre le syndicat Unité SGP Police FO Béziers Sète Agde sur les réseaux sociaux. Le 2 octobre, le syndicat publie sur sa page Facebook un article du média InfOccitanie dont le chapeau est explicite : « au moins il n’y a pas de gueule de bois. »

D’autant plus inquiétant que dans la foulée, le même syndicat publie un article sur un agent de police ayant ouvert le feu sur un véhicule à Nancy après un refus d’obtempérer. Avec commentaire , pour saluer « le courage, le sang-froid et la réactivité du fonctionnaire » Avant de poster, ce mercredi 5 octobre au soir, un clip vidéo accompagné d’un message aux amalgames aussi révélateurs que glaçants : « La Police fait son travail, à la Justice de faire le sien ! On a des fauves sur notre territoire, il est temps de faire le ménage ! Les gens qui doivent être expulsés, c’est immédiatement à la sortie de prison et retour à la case départ ! » Déjà début septembre, Bruno Bartocetti, secrétaire national délégué du syndicat pour la zone Sud, se plaignait : “Aujourd’hui, quand un policier fait usage de son arme, il est seul.”

Depuis le début de l’année 2022, L’assemblée de Montpellier contre les violences d’État et pour les libertés recensait tout récemment 13 personnes ont été tuées en France par des membres des forces de l’ordre pour refus d’obtempérer, avant qu’une nouvelle personne ne soit tuée de cette manière à Grenoble dans la nuit de mardi 4 à mercredi 5 octobre.

De quoi s’interroger sur la portée des déclarations très droitière du préfet Moutouh : simples dérapages plus ou moins contrôlés, ou encouragements macabres à une police en nette voie de fascisation ?

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