200 personnes manifestent à Montpellier pour dénoncer l’offensive turque à Efrîn
Environ 200 personnes, dont une majorité de Kurdes, ont défilé cet après midi du Peyrou jusqu’à la place de la Comédie pour dénoncer l’offensive de l’armée turque contre la ville d’Efrîn, à la frontière nord-ouest de la Syrie. Depuis 2012, ce canton abritant plus de 500 000 personnes, dont de nombreux réfugiés de la guerre civile syrienne, est sous le contrôle du parti de l’union démocratique (PYD) et de ses branches armées, les YPG – des forces kurdes qui constituent l’essentiel des troupes des Forces démocratiques syriennes (FDS).
Une lutte pour le contrôle des frontières
Le dimanche 14 janvier, le commandement américain a déclaré travailler avec les FDS à la formation d’une nouvelle force frontalière. Une collaboration jugée « inacceptable » par le président turc Reycip Erdogan, qui considère le PYD et les YPG comme des groupes terroristes en raison des liens qu’ils entretiennent avec le parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK, une organisation révolutionnaire qui se bat depuis plus de 30 ans contre l’État turc pour faire reconnaître les droits des Kurdes à s’autodéterminer. « Avec la volonté de Dieu, nous continuerons dans les jours à venir nos opérations lancées dans le cadre de l’opération Boucler de l’Euphrate pour nettoyer nos frontières sud et débarrasser Efrîn de la terreur » a déclaré le président turc dans une allocution télévisée(1). Les bombardements ont commencé hier. 18 personnes, pour la plupart des civils, ont déjà été tuées selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme mais Erdogan affirme n’avoir visé que des « terroristes »(2).
« La Turquie s’enlise dans la dictature et le fascisme »
De son côté, le conseil démocratique kurde de Montpellier, qui a organisé la manifestation, dénonce une « offensive générale qui va encore semer le chaos au nord de la Syrie. Les Kurdes et les autres peuples de la région ont payé un lourd tribut dans le combat contre Daesh. Ils ne demandent maintenant qu’à vivre en paix. Le système confédéral qu’ils ont choisi de mettre en place ne peut que contribuer au développement de la démocratie et à l’instauration d’une paix durable au Moyen-Orient. À l’inverse, la Turquie s’enlise dans la dictature et le fascisme […] La région d’Efrîn est jusqu’à présent l’une des zones les plus sûres de Syrie, ce qui explique qu’elle abrite autant de réfugiés internes que le nombre de ses habitants. Une offensive de la Turquie ne peut que semer le chaos dans cette région. […] La Turquie n’a rien à faire en Syrie. »
Pour en savoir plus sur la situation au Kurdistan :
– « Conflit au Kurdistan : la Turquie mise sur le feu », Le Poing n°18, septembre 2015
– « Le municipalisme libertaire : une alternative kurde pour le Moyen-Orient ? », Le Poing n°11, novembre 2014
Sources :
(1) « Syrie : les Kurdes vont constituer une force frontalière avec la coalition internationale », France 24, 15 janvier 2018
(2) « Washington appelle Ankara à faire preuve de retenue en Syrie », L’Orient Le Jour, 21 janvier 2018
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