A l’aube d’un nouveau mouvement social dans les facultés, zoom sur la précarité étudiante
Quelques dizaines d’étudiants se sont rassemblés ce jeudi 12 mars au matin devant le Centre Régional des Œuvres Universitaires et Sociales de Montpellier à Boutonnet. Quelques mois après l’immolation par le feu d’un étudiant à Lyon, les manifestants entendaient protester contre la précarité en milieu universitaire. Une thématique qui, à côté de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et de la réforme des retraites, paraît importante dans la mobilisation qui émerge. Comme à la fac de Saint-Etienne où un collectif, spécialement dédié à cette question, Précarité Universitas, a vu le jour.
Une précarité financière…
D’après la dernière enquête sur les conditions de vie des étudiants menées par l’Observatoire de la Vie Etudiante et portant sur l’année 2016, 18,4 % des étudiants ont des parents dont les revenus sont inférieurs à 1500 euros, 30,6% à 2000 (pour les deux parents). 50,8 % des étudiants déclarent avoir dû se restreindre au moins une fois dans l’année, 30,3 % ont connu le découvert bancaire.
49,4 % ont un emploi non lié aux études, respectivement 5,9 et 13,3 % d’une manière jugée concurrente (au moins un mi-temps pendant moins de six mois) et très concurrente (au moins un mi-temps pendant plus de six mois) aux études. Un peu plus d’un tiers de ces étudiants est à temps complet en plus de ses études, soit 17,1 % du total des inscrits dans l’enseignement supérieur.
54,4 % des sondés jugent leur activité professionnelle indispensable à leur survie, 75,4 % comptent sur elle améliorer leur niveau de vie.
Parmi les étudiants qui exercent une activité rémunérée très concurrente des études, 88,2 % sont en grande partie ou totalement d’accord avec la proposition « l’activité rémunérée m’est indispensable pour vivre », 42,3 % estiment qu’elle a un impact négatif sur leurs résultats d’études, 51,9 % la jugent source de stress et de tensions nerveuses.
Parmi les étudiants qui n’exercent pas d’activité rémunérée pendant l’année universitaire, seuls 18,9 % estiment avoir suffisamment de ressources sans travailler. Quand 22,1 % souhaitaient travailler mais n’ont pas trouvé.
D’après une autre enquête menée par l’association l’Amicale du Nid entre 2012 et 2014 sur un échantillon de 1797 répondants inscrits à l’Université Paul Valéry Montpellier 3, 4% des personnes interrogées ont déjà été en situation de prostitution et 15,9% des étudiant-e-s déclarent pouvoir envisager le recours à la prostitution en cas de situation très précaire.
…qui entraîne une précarité en termes de santé et de logement
Selon l’OVE, 13,5 % de l’ensemble des étudiants déclarent avoir déjà renoncé à voir un médecin pour des raisons financières. Et sur les 30,3 % des étudiants qui disent avoir déjà renoncé à voir un médecin toutes raisons confonduent, 38,7 % arguent du manque de temps. Forcément, pour ces 17% qui cumulent job à temps complet et études…
60,8% des sondés déclaraient avoir ressenti au moins une fois de l’épuisement lors de la dernière semaine, 59,4% du stress. Et plus de la moitié des étudiants en situation d’handicap et non rétifs à une assistance s’avouaient moyennement satisfaits de la prise en compte de leur état de santé par l’institution, un tiers pas du tout !
Pour ce qui est du logement, rappelons que seulement 12,2 % des étudiants ont une place en cité universitaire. Alors même que les statistiques précédentes montrent une influence positive de ce facteur sur la plupart des indices de précarité, et que 18,8 % des inscrits se déclarent en difficulté quand il s’agit de trouver une caution pour leur logement !
Cette question de la précarité sera à n’en pas douter amenée à être reposée dans la mobilisation étudiante qui se structure à Montpellier. Rappelons qu’une semaine noire est d’ors et déjà programmée du 16 au 21 mars, avec pour point d’orgue la journée de manifestation du 19 !
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