Montpellier : des militants kurdes dénoncent de nouvelles attaques de l’armée turque sur le Rojava
Des militants kurdes se sont rassemblés à Montpellier dans l’après-midi du dimanche 20 novembre, pour dénoncer la nouvelle salve de bombardements, tous récents, de l’armée turque sur certains des territoires kurdes, en pleine expérimentation révolutionnaire.
Les forces kurdes et nord-syriennes, soit le PKK, le PYD, et les Forces Démocratiques Syriennes, accusent l’armée turque d’avoir bombardé samedi 19 novembre plusieurs régions sous leur contrôle dans le nord de la Syrie, au Rojava, le Kurdistan syrien. Les provinces d’Alep (nord) et de Hassaké (nord-est) sont les plus touchées, notamment la ville de Kobané, près de la frontière turque, où s’étaient jouées de très médiatisées et tout à fait décisives batailles des forces kurdes contre l’État Islamique il y a quelques années. Parallèlement, l’armée turque a bombardé des zones dans les monts Qandil et Asos au Sud-Kurdistan (nord de l’Irak). Hôpitaux, écoles et dépôts de blé ont été pris pour cible.
Pour le régime d’Erdogan, « l’heure des comptes a sonnée », alors que l’AKP au pouvoir accuse les forces kurdes d’être responsables d’un attentat qui a fait six morts et quatre-vingt un blessés le 13 novembre à Istanbul. Les conclusions de l’enquête de la police turque ont été rendue quelques heures seulement après le drame.
Les kurdes, dont toutes les organisations ont fermement condamné cet attentat dirigé contre la population civile, accusent eux le régime d’Erdogan d’avoir planifié l’attentat d’Istanbul pour justifier une attaque de grande ampleur contre le Kurdistan auprès de la communauté internationale, et pour masquer les revers militaires liées aux dernières opérations contre le Kurdistan irakien.
Depuis le 17 avril, le régime d’Erdogan a attaqué à plusieurs reprises les positions des guérilleros kurdes dans le sud du Kurdistan, en Irak, utilisant plus de 2 700 fois des armes chimiques interdites selon le PKK. Un rassemblement de kurdes montpelliérains avait d’ailleurs eu lieu le samedi 22 octobre pour dénoncer l’utilisation de ces armes interdites par les conventions internationales. Sans toutefois que ces attaques ne permettent de réels progrès de l’armée turque.
Le Centre Démocratique Kurde (CDK), qui rassemble et organise la diaspora kurde en France qui souhaite soutenir le projet d’auto-détermination et d’émancipation des kurdes, turcs, syriens, iraniens et irakiens, accuse dans un communiqué Erdogan de vouloir « présenter la Turquie comme une victime du terrorisme kurde afin d’obtenir un feu vert pour une attaque contre le Rojava lors du sommet du G20 à Bali. »
Et appelle donc « les Nations unies, la Coalition internationale anti-État Islamique et l’Union européenne, la France et les États-Unis à forcer leur partenaire turc à mettre fin à ses agressions militaires contre le peuple kurde. » De la même manière, les militants insistent pour que les partis politiques, les élus de la République, les organisations associatives et syndicales françaises réagissent face à ces attaques.
Le PKK ( parti des travailleurs du Kurdistan ), propose dans son opposition au régime d’Erdogan une alternative foncièrement progressiste, qui allie auto-détermination du peuple kurde, cohabitation avec les autres communautés ethniques et religieuses de la région, exploration profonde d’une voie vers la démocratie directe, émancipation poussée des femmes envers les carcans patriarcaux, refondation totale d’institutions traditionnellement à la botte des pouvoirs comme la police et la justice, et élaboration d’une économie coopérative tentant de dépasser le capitalisme et de répondre à l’urgence écologique, et qui est expérimentée à grande échelle depuis le 17 mars 2016 dans certaines régions du Rojava sous l’impulsion du PYD ( Parti de l’Union Démocratique, très proche du PKK).
Pourtant, alors que son leader Abdullah Ocalan est emprisonné par la Turquie depuis 1999, le PKK est encore listé comme une organisation terroriste par l’Union Européenne et les États-Unis.
Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :