Le tramway de Delafosse à Montpellier, outil de fichage massif
La police municipale de cette ville « de gôche » se vante de passer les usagers du tramway au Fichier des personnes recherchées
Vendredi 20 janvier au matin, les policiers municipaux et les contrôleurs de la TAM (la société des transports publics de la métropole de Montpellier) ont conjointement procédé à un contrôle massif d’usagers du tramway. Comme par hasard, cela s’est déroulé à la station Mosson-La Paillade, vaste quartier de relégation populaire et de ségrégation ethnique. Dans Actu.fr, sous la plume de Jean-Marc Aubert, fidèle zélateur de la moindre “prouesse” policière, peut-être inspiré par la phraséologie typique d’un communiqué officiel, cela est désigné comme « une opération de sécurisation des voyageurs » (tout résidant dans la manière d’observer ces intimidantes descentes de commandos de choc en uniformes, mines patibulaires et effectifs démesurés).
Ainsi apprend-on que huit rames ont été ratissées, et soixante-dix-huit usagers verbalisés. Mieux : le véritable objectif de l’opération de communication semble être de justifier et s’enorgueillir du fait que trente-et-un des passagers contrôlés ont vu leur identité passée au Fichier des personnes recherchées. Voilà un genre d’information qu’on aurait peut-être tenu discrète voici quelques temps. En 2023, dans la Montpellier tenue par un socialiste anti-Nupes, en son temps pressenti ministrable par Emmanuel Macron, cet étalage de communication en dit long à propos de l’état d’avancement sur la pente de la société sécuritaire et de contrôle.
On peut se reporter à un article de la Quadrature du Net, organe hyper sérieux et informé de dénonciation de la technopolice, pour estimer que la période actuelle est, directement sous la conduite d’Emmanuel Macron, celle d’un « basculement, toujours plus rapide, toujours plus profond, vers une société sécuritaire » marquée par « l’extension des pouvoirs de services de renseignement, nouveaux fichiers de police et bases de données massives, partenariats multiples avec des entreprises sécuritaires pour multiplier la surveillance dans nos rues, utilisation massive de la reconnaissance faciale ».
Résolu à nous convaincre de ses bienfaits, l’article d’Actu.fr précise bien que le Fichier des personnes recherchées a pour but le suivi d’un certain nombre de personnes et le recueil de renseignements les concernant. Il comportait 642 000 fiches fin 2019. Tout passager de la TAM, que la pauvreté conduirait à n’avoir d’autre recours que la resquille, sinon d’autres, décidés à auto-appliquer la politique de gratuité des transports publics prônée par Michaël Delafosse, doit savoir qu’il est citoyen d’Orwell-City.
Ces pratiques de la police municipale montpelléraine font partie des dizaines de mesures partielles, décrets, dispositions spécifiques mises en œuvre dans les faits, et que recense la Quadrature du Net. Parcellaires, parfois énoncées comme transitoires ou dérogatoires, elles ont tendance à passer sous les radars médiatiques des grandes mesures rassemblées, par exemple, dans la Loi de Sécurité Globale (2021), en conformité avec les préconisations du Livre blanc de la Sécurité intérieure (2020).
Dans le cas d’espèce, on reconnaît le principe de rapprochement et continuité établi entre tous les corps divers de police et de surveillance (gendarmerie, police nationales, police locale) allant jusqu’à inclure les sociétés privées de vigiles, et désormais contrôleurs des transports publics). On y retrouve aussi cet idéal aujourd’hui poursuivi par la technopolice, qui sont les gravissimes croisement et interconnexion de tous les fichiers. A Montpellier, le premier de ces objectifs aura été traduit dans la signature d’une convention de collaboration étroite entre polices nationale et municipale (incluant le détournement de la video-surveillance pour aider au commandement de la répression des manifestations de rue). Tout cela fut approuvé unanimemement par le conseil municipal, l’élue de Nous sommes ne trouvant qu’à déplorer de ne pas avoir été mieux consultée pour qu’elle pût en améliorer l’efficacité…
Le site d’Actu.fr – Métropolitain connaît ses facéties algorithmiques, qui générent des renvois automatiques de lecture vers d’autres articles. Dans ce cas : “Un design et des animations « mains vertes » pour le ligne 5 du tramway”. En effet, nul doute qu’avec le sens des libertés manifesté par la majorité municipale PC-PC-EELV, il faille se résigner au maniement de l’humour vert.
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