Montpellier : le rassemblement de soutien à la Palestine se transforme en énorme manifestation
L’évènement a rassemblé jusqu’à 2 500 personnes au plus fort dans les rues du Clapas, ce samedi 21 octobre, pour s’opposer aux bombardements sur la bande de Gaza, qui s’intensifient depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier
Les mines étaient graves à l’arrêt de tramway Plan Cabanes, ce samedi 21 octobre, où quelques centaines de personnes étaient réunies pour un rassemblement de soutien à la Palestine, appelé notamment par l’Association France-Palestine Solidarité, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) et le Mouvement pour la paix. Des mines graves devant l’ampleur des massacres en cours en Palestine (4 500 morts Palestiniens dont 1 500 enfants depuis le 7 octobre selon les organisateurs), et également devant la répression qui s’abat sur les voix qui souhaitent manifester leur soutien à la cause Palestinienne.
A Montpellier, ils étaient réunis autour de quatre mots d’ordre : protection du peuple palestinien, levée du blocus, arrêt des bombardements sur les populations civiles et fin de la colonisation israélienne. Beaucoup de personnes issues de l’immigration étaient présentes, affublées de drapeaux palestiniens.
Mais jusqu’à la veille au soir, personne ne savait quelle forme allait prendre le rassemblement : d’abord interdit par le préfet pour « risques de trouble à l’ordre public » et « atteinte à la dignité humaine » (!), il a finalement été autorisé par le tribunal administratif, qui est venu suspendre l’arrêté préfectoral.
Mettre fin aux colonies
Plusieurs prises de paroles se sont enchainées, entre deux slogans comme « Israël assassin, Macron complice ». « Ce n’est pas un conflit religieux, mais une situation coloniale. Il faut mettre fin au régime d’apartheid », a souligné le MRAP. D’autres ont évoqué « la criminalisation des soutiens à la Palestine avec des arrestations et des menaces de dissolution de la part du gouvernement », le soutien de la communauté internationale, ou même de la Ville de Montpellier (qui fête chaque année la journée de Jérusalem comme capitale d’Israël), avec le gouvernement d’extrême-droite israélien.
Manu, membre de la campagne BDS Montpellier (Boycott, Désinvestissements, Sanctions), a quant à lui précisé les actions possible pour lutter concrètement contre l’apartheid israélien : « il y a des marques qu’il faut boycotter car Israël a des actions dedans, comme HP, Carrefour ou Puma. »
Un témoignage d’un Gazaoui, reçu en direct par téléphone, a fait couler des larmes dans l’assistance. « Je salue votre courage de sortir manifester malgré les interdictions. Ma maison a été bombardée, j’ai perdu 48 personnes de ma famille. Mes enfants ont faim. » La phrase de conclusion de son discours provoquera une ovation parmi les manifestants : « Les plus faibles se battent pour leur propre survie, les plus forts pour celle des autres. Merci d’être là. »
Dissensions
L’intervention de l’Union Communiste Libertaire soutenant « la résistance laïque et démocratique en Palestine » et condamnant les méthodes et le projet politique nationaliste du Hamas, a provoqué des huées dans la foule. « C’est une honte, soutien à la résistance palestinienne », a scandé un manifestant.
Brigitte Chalande, militante de longue date de la cause palestinienne et membre d’une délégation partie à Gaza en septembre dernier, expliquait de son côté : « Le Hamas commet des crimes de guerre, c’est un mouvement religieux et une organisation politique qui a gagné démocratiquement les élections. La propagande des médias occidentaux réduisent le Hamas à une organisation terroriste. »
Un argument prolongé par une membre de l’Union juive française pour la paix : « Le Hamas est-il terroriste ? Pendant la seconde guerre mondiale, la résistance en France était considérée comme terroriste. Les terroristes, c’est l’État d’Israël qui bombarde les civils innocents. »
Après ces prises de paroles, le rassemblement, censé rester statique selon ses organisateurs, a pris de l’ampleur et est parti en manifestation dans le centre-ville de Montpellier, agrégeant toujours plus de personnes sur son passage, pour atteindre jusqu’à 3 000 participants au plus fort selon les organisateurs. De retour à Plan Cabanes, le rassemblement s’est conclu par une minute de silence en hommage aux morts Palestiniens.
Mise à jour du 22 octobre 2023 : L’Union communiste libertaire (UCL) de Montpellier a contacté Le Poing à propos de la publication de notre article « Montpellier : le rassemblement de soutien à la Palestine se transforme en énorme manifestation » publié le 22 octobre 2023. Nous avions initialement publié cette phrase : « L’intervention de l’Union Communiste Libertaire soutenant “la résistance laïque et démocratique en Palestine” et condamnant les méthodes et le projet politique du Hamas, jugé terroriste, a provoqué des huées dans la foule. “C’est une honte, soutien à la résistance palestinienne”, a scandé un manifestant. » Selon le groupe politique, le terme « jugé terroriste » ne correspondait à leur intervention publique. Le passage a été retiré. Les propos lus publiquement étaient une une lecture quasi intégrale d’un communiqué, pour reprendre les mots de l’UCL. Le Poing publie en entier ce communiqué dans cet article.
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