Cessez-le-feu précaire : quelles perspectives pour le mouvement pro-Palestine à Montpellier ?

Le Poing Publié le 29 janvier 2025 à 15:37 (mis à jour le 30 janvier 2025 à 14:25)

Une nouvelle manifestation pour la Palestine s’est déroulée dans les rues de Montpellier ce samedi 25 janvier, avec environ 200 participant-es, alors que le cessez-le-feu dans la bande de Gaza est en vigueur mais que les attaques sur la Cisjordanie redoublent d’intensité.

La manifestation a démarré près du Mac Donald’s au début de la rue de la Loge, la place de la Comédie étant toujours interdite aux manifestant-es par la préfecture de l’Hérault.

Après quelques accrochages entre BDS/Urgence Palestine et les autres organisations participantes, qui toutes demandent la « levée immédiate et totale du blocus de Gaza », le défilé s’est mis en route. Passant par la rue Saint-Guilhem, le cortège s’est dirigé vers la gare Saint-Roch, où des prises de parole ont eu lieu.

Un militant de BDS/Urgence Palestine a dénoncé la volonté de dissoudre le collectif anticolonialiste et antiraciste « Palestine vaincra ». Deux jours après la manifestation, une audience au fond du décret de dissolution du collectif a eu lieu au Conseil d’État, ce lundi 27 janvier 2025. La décision sera rendue dans un délai de 2 à 3 semaines. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait lancé cette procédure de dissolution en février 2022 pour « appel à la haine, à la violence et à la discrimination », mais le décret avait été suspendu par un juge des référés le 29 avril 2022. Une pétition contre la dissolution est d’ailleurs en ligne. L’intervention s’est ensuite poursuivie sur « un cessez-le-feu précaire » et sur « une victoire de la Résistance palestinienne » (à propos notamment de la libération de prisonniers-ères palestinien-nes prévue par les accords de cessez-le-feu en vigueur depuis le 19 janvier).

Des militant-es indépendantistes kanak ont pris le micro, comme maintenant à quasiment chaque manifestation montpelliéraine pour la Palestine, demandant « la libération de la Kanaky et la libération de la Palestine. », sous les approbations de la foule.

Un militant de la Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire a ensuite rappelé la campagne de solidarité demandant la libération de Georges Ibrahim Abdallah, militant communiste et anti impérialiste libanais emprisonné en France depuis 1987 pour complicité dans l’assassinat du lieutenant-colonel Charles R. Ray, attaché militaire de l’ambassade des États-Unis en France, et de Yacov Barsimantov, conseiller à l’ambassade d’Israël, mentionnant notamment les universités bloquées à l’initiative de la Fédération Syndicale Étudiante, les activistes qui se sont enchaîné-es sur les grilles de certaines préfectures et les manifestations organisées à Lannemezan où est détenu le militant.

La Cour d’Appel de Paris devrait rendre un verdict le 20 février sur la libération du militant. Avant de conclure son intervention en assurant que « tant qu’elle ne déposera pas les fusils la Résistance palestinienne restera invincible. »

La manifestation est ensuite remontée par la rue de Maguelone, puis, l’accès à la Comédie étant bloqué par les forces de l’ordre, a rejoint de nouveau la rue de la Loge en contournant l’Opéra, avant dispersion.

Cessez-le-feu à Gaza, regain des attaques en Cisjordanie

L’accord de cessez-le-feu, pensé en plusieurs phases, prévoit tout d’abord la libération de milliers de prisonniers-ères palestinien-nes, dont des centaines de personnes condamnées à perpétuité. Dès le dimanche 19 janvier, 69 femmes et 21 adolescent-es ont été libéré-es de la prison de Domon. Ces prisonniers-ères doivent être échangé-es contre des otages retenu-es par le Hamas et par les autres groupes armés à l’initiative de l’attaque du 7 octobre 2023. 8 des 33 otages qui doivent être libéré-es lors de la première phase de l’accord de trêve entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza sont mort-es.

L’armée israélienne doit également se retirer loin des zones habité-es (ou plutôt rasées), le long de la frontière est de la bande de Gaza. Lundi 27 janvier, plus de 300 000 déplacé-es sont rentré-es dans le nord de l’enclave palestinienne, selon le gouvernement du Hamas.

Le jour même de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu dans la bande de Gaza, une opération baptisée «Mur de fer» a été lancée par l’armée israëlienne sur la Cisjordanie, l’autre territoire palestinien.Tsahal a perquisitionné des dizaines de maisons, arrêté de nombreux palestinien-nes, y compris des enfants, assiégé et évacué des camps de réfugié-es. Elle a aussi détruit des logements, des entreprises et des infrastructures. Les opérations militaires se concentrent à Jénine, ville considérée comme un bastion de la résistance palestinienne, et à Tulkarem. Pendant ce temps, les violences de groupes paramilitaires de colons se poursuivent.

Le 21 janvier, la rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits de l’Homme dans les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, a lancé un nouveau message d’alerte : « Alors que le cessez-le-feu tant attendu se mettait en place à Gaza, la machine de mort israélienne a intensifié ses tirs en Cisjordanie […] Si Israël n’est pas contraint de s’arrêter, le génocide des Palestiniens ne se limitera pas à Gaza. Je vous le dis ». L’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugié-es palestinien-nes, est sommée par Israël de cesser ses opérations à Jérusalem et d’évacuer tous les bâtiments qu’elle utilise d’ici le 30 janvier.

Côté Liban, l’accord de trêve a été prolongé jusqu’au 18 février après que des centaines d’habitant-es du sud du Liban aient tenté de retourner dans leurs villages, toujours occupés par les forces israéliennes, qui ont tiré sur la foule, tuant 22 personnes selon les autorités libanaises.

Côté syrien, le ministre de la Défense israëlien a assuré le 28 janvier lors d’une visite sur le mont Hermon que la zone tampon occupée par Tsahal le resterait indéfiniment. La zone du mont Hermon représente une part importante des ressources en eau de la Syrie.

Donald Trump a quant à lui réitéré lundi 27 janvier sa volonté de voir les palestinien-nes de la bande de Gaza déporté-es vers l’Égypte et la Jordanie, malgré l’opposition de ces deux États. Il devrait bientôt recevoir le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.

Au 17 janvier 2025, et après la mort de 1200 israëlien-nes lors de l’attaque du 7 octobre, 46 645 palestinien-nes ont été tué-es dans la bande de Gaza, pour 405 soldats israéliens, et 806 palestinien-nes en Cisjordanie.

Quelles perspectives ?

Pour José Luis Moraguès, co-animateur de la campagne BDS/Urgence Palestine, la trêve précaire instaurée le 19 janvier ne doit pas être synonyme de démobilisation : “Maintenant, nous allons nous recenter localement pour continuer de dénoncer le jumelage entre Montpellier et la ville Israélienne de Tibériade, ainsi que sur la journée annuelle de Jérusalem, où le PS local va chaque année.” La journée de Jérusalem, “capitale une et indivisible du peuple juif” est organisée par le Centre culturel juif Simone Veil, et sa revendication principale est alignée sur des intégristes israéliens et contraire au droit international, reprise par un certain Donald Trump en 2017. 

De plus, BDS Montpellier continue ses actions de boycott dans les magasins Carrefour un samedi sur deux.

Une nouvelle manifestation est déjà prévue par BDS/Urgence Palestine ce samedi 1er février à 14h sur la place de la Comédie pour protester contre la venue de l’ambassadeur Israélien à Montpellier.

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