Montpellier : l’eau au cœur d’une manifestation contre des “projets bidons”

Elian Barascud Publié le 24 mai 2025 à 16:57
Environ 400 personnes ont manifesté à Montpellier le 24 mai pour la préservation de la ressource en eau. ("Le Poing")

Environ 400 personnes ont manifesté à Montpellier ce samedi 24 mai pour la préservation de la ressource en eau, contre des projets de bassines du Département de l’Hérault, une usine d’embouteillage à Montagnac et la nouvelle LGV Montpellier-Perpignan, qui aura des conséquences sur le cycle de l’eau

C’est une première pour la Coord’eau, coordination regroupant une quarantaine d’associations, organisations politique et syndicats : organiser une manifestation sur le thème de préservation de la ressource en eau, et contre des projets jugés “destructeurs”, dans une région très soumise au stress hydrique. “On voulait faire quelque chose de festif et familial car c’est sujet qui concerne tout le monde”, explique Catherine, chargée des relations presse pour la Coord’eau : “Il y un problème de ratification de la ressource en eau, un problème de pollution, et surtout un problème de démocratie dans la gestion de l’eau. Au niveau Européen, il y a une directive-cadre qui hiérarchise notre consommation : pour boire, pour les écosystèmes et enfin pour l’agriculture et l’industrie. Aujourd’hui il y a une inversion complète de cette hiérarchie, et les projets prévus sur le territoire le montrent bien.”

Trois projets dénoncés

En premier lieu, les manifestants s’opposent au projet du Département de l’Hérault d’implanter des “mégabassines” à Florensac Pouzolles et Magalas pour 30 millions d’euros d’argent public selon les opposants au chantier. Si la collectivité emploie le terme de “retenues hivernales” au motif qu’elles stockent l’eau du Rhône et qu’elles ne pompent pas dans la nappe phréatique, le mot est balayé par les opposants au projet : “C’est de la sémantique, on parle de trou qui sont pour certains plus gros que la bassine de Sainte-Soline, donc ce sont bien des méga-bassines. Certes ça sera l’eau du Rhône, mais ce que le Département ne dit pas, c’est que le Rhône est alimentée par des glaciers qui sont en train de fondre, donc à un moment, il n’y aura plus d’eau. C’est une solution court-termiste”, affirme Catherine.

Quelques militants ont fait un arrêt sur la Place de la Comédie lors de la manifestation du 24 mai pour dénoncer le projet de bassines du Département de l’Hérault. (“Le Poing”)

Ces bassines serviront principalement à irriguer une minorité de gros exploitants viticoles, ce que les opposants, syndicalistes de la confédération paysannes en tête, contestent. “Nous sommes déjà en sur-production de vin, les viticulteurs le distillent car la consommation baisse. Il faudrait plutôt diversifier les cultures”, explique un militant. La Coord’eau demande donc un moratoire sur la question.

Autre sujet qui met de l’eau dans le gaz, une usine d’embouteillage sur la commune de Montagnac. Christophe Savary de Beauregard, président de l’association Veille eau grain, en lutte contre le projet, explique : “Il y a un forage naturel à Montagnac, qui fait un kilomètre et demi. Actuellement, la société Alma, qui produit notamment l’eau cristalline, a acheté ce forage, et entend construire une usine d’embouteillage à proximité. Cela créerait de la pollution, avec par exemple 80 camions par jours qui rentreraient et sortiraient de l’usine.” Et ce, alors que 27 foyers du quartier où est situé le forage ne sont pas raccordés à l’eau de ville.Il dénonce une “supercherie” : “Le forage n’a pas été mentionné lors de l’achat du terrain par l’entreprise.” L’association mène actuellement des recours juridiques contre le projet.

L’entreprise Alma, qui commercialise notamment l’eau en bouteille Cristalline, prévoit de construire une usine d’embouteillage sur la commune de Montagnac. (“Le Poing”)



Enfin, dernier projet dénoncé lors de la manifestation, la construction prévue en 2029 d’une Ligne à Grande Vitesse entre Montpellier et Perpignan : “Pour réaliser cette ligne, la SNCF va devoir creuser des tunnels et construire des viaducs qui vont menacer les nappes phréatiques et dégrader la qualité de l’eau sur l’ensemble du tracé”, explique une militante au micro. “Il y aura plus d’une quinzaine de captages d’eau qui seront impactés. Ce projet, encouragé par les lobbys du béton, entrainerait des graves problèmes pour la ressource en eau sur le bassin de Thau et dégraderait de manière irrémédiable les paysages.” Et de préciser : “Nous n’avons pas besoin de gagner quelques minutes sur un trajet en échange d’un coût écologique insensé. Nous avons besoin d’une ligne de train à taille humaine, d’un TER qui réponde au besoin des habitants, de trains du quotidien qui désenclavent les territoires et qui permettent à la population de se défaire de la dépendance à la voiture.”

La manifestation, réunissant environ 400 personnes, s’est élancée dans le centre-ville, avant de se diriger vers les Arceaux, où un “village de l’eau” s’est provisoirement installé pour prolonger les débats.

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE SUIVANT :

Les chauffeurs d'unité de production culinaire de l'Hérault ont déposé un préavis de grève illimitée