A Midi Libre, les correspondants locaux voient leur rémunération baisser

700 correspondants, non journalistes professionnels, qui chroniquent la vie de leur commune pour le quotidien possédé par la puissante famille Baylet, se sont récemment vu annoncer une baisse de leurs honoraires pouvant aller jusqu’à 33 % pour certains articles
Ils font un boulot de journaliste là où les journalistes ne vont pas. Le correspondant local de presse (CLP) n’est pas journaliste professionnel, il peut être salarié ailleurs, retraité, ou travailleur indépendant. Pourtant, il collecte l’information relative à une zone géographique déterminée, en vue de produire un papier relu et mis en page par un journaliste professionnel. Une aubaine pour les journaux qui peuvent réduire les coûts en payant au lance-pierre ses centaines de collaborateurs. Car le CLP est précaire : on parle d’une journée payée, au maximum, 30 euros pour un article, soit 27€ le papier et 3€ une photo.
Et voilà que le 1er février dernier, Midi Libre a décidé sans concertation de baisser ses tarifs. Dans un courrier interne, il informe ses correspondants que “les articles “Initiative” avec une photo passent de 30 euros à 20 euros, et les “contenus enrichis” passent de 20 à 17 euros”. Ces derniers représentent plus de 50% de l’activité des CLP. Le tout, en demandant à leurs correspondants de plus s’impliquer, notamment dans la vente d’abonnements du journal.
De son côté, le Collectif national des correspondants locaux de presse (CNCLP) rejoint par la Cfdt Journalistes, a annoncé soutenir le mouvement de protestation naissant des correspondants de Midi Libre, qui réclament une concertation.
Selon France 3 Régions, « le budget annuel des correspondants est de 1,3 million d’euros. Un budget qui a été augmenté, avant d’être baissé aujourd’hui, suite au plan de départs de 45 postes de journalistes et assistantes en 2023. Les correspondants locaux ont ainsi plus ou moins suppléé les postes désormais vacants des journalistes pour remplir les pages du journal. »
Au Poing, on est convaincu que l’actualité locale, au plus près des gens, est essentielle. Mais on se questionne : pour rappel, le quotidien est biberonné aux subventions publiques locales et Jean Michel-Baylet, le patron du groupe la Dépêche du Midi, auquel appartient Midi Libre, faisait partie des 500 plus grosses fortunes professionnelles de France en 2007 selon le magazine Challenges, avec 61 millions d’euros. Sachant cela, est-ce aux journalistes et aux correspondants de payer la baisse des ventes du journal ? Bref, on le dit souvent, mais la décadence de la presse dominante semble infinie… Face à ce triste constat, soutenez vos médias indépendants de proximité, abonnez-vous au Poing !
Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :
ARTICLE SUIVANT :
