A propos du communiqué du groupe « Arme révolutionnaire marxiste » contre Le Poing

27 juillet 2021

A propos du traitement médiatique du Poing d’une attaque fasciste de la Ligue du Midi contre le groupe communiste « Arme révolutionnaire marxiste » lors de la manifestation du 24 juillet 2021 contre le pass sanitaire à Montpellier :

L’« Arme révolutionnaire marxiste » (ARM), un groupe se revendiquant communiste insurrectionnel et internationaliste, a publié six communiqués sur son site internet :
1) contre l’union nationale après les attentats islamistes de 2015,
2) contre la répression du mouvement « loi travail » (jusqu’ici tout va bien),
3) contre des gilets jaunes suspectés de « petite ou moyenne bourgeoisie » pour avoir dénigré l’ARM sur facebook (ça se gâte),
4) contre les féministes et « autres opportunistes » qui pratiqueraient une « discrimination à l’encontre des hommes » (et ça se dit marxiste ?),
5) contre Solidaires Etudiants 34 () et leurs campagnes « dignes des pires heures du maccarthysme » (rien que ça),
6) et contre… Le Poing !, « torchon opportuniste composé de petits bourgeois proches des identitaires intersectionnels » (???)

La raison du litige ? Voilà comment nous avons relaté l’attaque contre l’ARM, par le groupe fasciste de la Ligue du Midi, le 24 juillet 2021 à Montpellier lors de la manifestation contre le pass sanitaire :
« Une vingtaine de nazillons de la Ligue du Midi – un obscur groupe d’extrême-droite ouvertement raciste et sexiste – a tapé l’inscrut’ et en a profité pour taper un militant communiste. Pas d’inquiétude : au début du mouvement des gilets jaunes, l’extrême-droite se croyait aussi en terre conquise, avant d’avoir été rapidement et durablement marginalisée. »

Y voyez-vous une quelconque attaque contre l’ARM ? Nous non plus.

Et voici la subtile analyse de l’ARM, qui sera plus lue ici que sur leur propre site internet :
« C’est du propre ! Ces mêmes opportunistes qui crient au fascisme à la moindre suspicion minimisent et banalisent cette fois mensongèrement les choses ! Pourquoi ? Car, une fois encore, c’est l’Arme Révolutionnaire Marxiste qui fait le travail de militants ouvriers, qui se retrouve exposée, ciblée et qui assume concrètement le combat physique contre les identitaires ! Et cela emmerde Le Poing, au point de taire des faits importants, alors que nous étions en réalité quatre militants communistes de l’ARM, qu’il s’agissait bien d’une attaque préméditée et ciblée contre notre organisation, que notre équipe de militants n’a pas pu compter sur l’appui actif de ceux qui se réclament pourtant si pompeusement de “l’antifascisme” et qui auraient pu mener à nos côtés une contre-attaque peu de temps après, ou encore que la Ligue du Midi a pu parader fièrement sous leur nez en se targuant d’avoir pu empêcher le seul drapeau rouge de flotter… La Ligue du Midi n’a rien d’“obscur”, c’est la mouvance identitaire locale la plus connue et elle n’a pas simplement “tapée l’incruste”, elle s’est clairement imposée, parvenant même à dicter sa sale loi nationaliste ! Mais “pas d’inquiétude”, nous explique le journal Le Poing ! C’est sûr que ce n’est pas lui qui représente un problème pour la bourgeoisie, pour son État, pour ses politiciens, ou pour les authentiques fascistes de la Ligue du Midi ! Ces derniers ne s’y trompent pas : ils nous connaissent, ils craignent la diffusion de nos idées, redoutent notre développement et ils savent que nous assumons déjà depuis longtemps l’affrontement contre la racaille identitaire ! Qu’ils redoutent donc notre terreur rouge, nous nous donnons déjà les moyens de l’appliquer ! Mais d’un autre côté, nous disons aussi que nous n’oublierons pas les menteurs, les calomniateurs et les sabordeurs stupides de ce journal Le Poing et autres salopards qui composent cette gauche à la solde du pouvoir bourgeois ! Face à nous, ils la connaîtront “l’inquiétude” ! »

Cette attaque fasciste est en effet restée méconnue de la quasi-totalité des manifestants, c’est un fait. Voyons comment l’un des membres du Poing a relaté l’attaque à son encontre d’un groupe de fascistes rejoignant un rassemblement de la Ligue du Midi, le 17 mai 2020 à Montpellier : « Le Poing étant au service des luttes sociales, je suis, comme tous les membres de la rédaction, aussi un militant anticapitaliste et antifasciste. Mon activisme à Montpellier lors du mouvement social contre la “loi travail” en 2016 et, surtout, la répression que j’ai endurée (fiche S, prison, pourvoi en cassation pour une condamnation récente à deux mois de prison ferme, perquisition, procès à venir, etc) ont fait de moi une figure suffisamment connue pour que les militants d’extrême-droite locaux connaissent ma tête. Le dimanche 17 mai 2020, en début d’après-midi dans le centre-ville de Montpellier, je flânais seul dans la rue, sans même savoir que l’“hommage à Jeanne d’Arc” allait finalement se tenir, et j’ai entendu une bande d’une douzaine de personnes crier mon nom. Sans les connaitre, j’ai compris à leur accoutrement qu’il s’agissait de militants d’extrême-droite. À douze contre un, une bagarre a éclaté. Pour des raisons que j’ignore, ils ont pris la fuite. Quelques minutes plus tard, ils ont brisé la porte vitrée du local associatif du Barricade. Je ne souffre d’aucune blessure sérieuse. » […] « À côté de cet épiphénomène, une tendance globale : à Montpellier comme dans la majorité des villes françaises, l’extrême-droite que l’on pourrait qualifier “de rue”, à savoir celle qui, officiellement, agit en dehors du Rassemblement national, ne parvient pas à s’extraire de sa marginalité, dans le sens où elle est incapable d’assumer un agenda public, et en est réduite à des actions folkloriques à la portée politique très restreinte. »

Nous avons appliqué à l’ARM le même traitement que nous nous sommes appliqués à nous-même. Libre à l’ARM de revendiquer son « inquiétude ». Nous pensons que c’est une erreur car les coups se rendent.

Voici, par ailleurs, ce que nous avons écrit à propos de l’extrême-droite et du pass sanitaire le 26 juillet 2021 :
« Les mouvements sociaux sont de véritables écoles de vie au cours desquels on forme son intellect et on est amené à changer d’avis. Au début, les gilets jaunes chantaient la Marseillaise et “la police avec nous !” à tue-tête et quelques semaines plus tard, ils ne gardaient que “aux armes !” de l’hymne national en jetant des pavés. Profitons de ce mouvement populaire pour faire bouger les lignes, enrichissons-le de revendications anticapitalistes (notamment contre la réforme des retraites et de l’assurance-chômage) et rappelons qu’aucune unité n’est possible avec l’extrême-droite puisqu’elle cherche précisément à diviser la population sur des bases ethniques, religieuses et d’orientation sexuelle pour mieux assurer le règne des capitalistes. Bien entendu, ce travail de conviction ne s’applique pas aux groupes fascistes bien structurés auxquels il faut s’attaquer frontalement. Il n’est pas tolérable que Florian Philippot, l’ancien numéro 2 du FN, prenne le micro à Paris devant des milliers de personnes, que les royalistes de l’Action française défilent tranquillement à Orléans ou bien encore que la Ligue du Midi tape un militant communiste à Montpellier. Il ne faut pas non plus être impressionné par la présence de ces groupes qui, au début des gilets jaunes, pensaient avancer en terrain conquis, avant d’avoir été rapidement et durablement marginalisés du mouvement. C’est bien là l’objectif mais force est de constater qu’il sera plus dur à atteindre cette fois-ci car le combat des gilets jaunes était fondamentalement social (injustice fiscal, retraites de misère, etc.) alors qu’il s’agit cette fois-ci d’un combat politique voire sociétal avec lequel l’extrême-droite est plus à l’aise. »

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