Béziers : portée nationale, réticences à gauche et absence de FO pour la manif antifasciste du 23 avril

Le Poing Publié le 17 avril 2024 à 08:26 (mis à jour le 18 avril 2024 à 21:44)
A montpellier, syndicats et élus étaient en tête de cortège ce dimanche 21 janvier contre la loi Immigration.

Une manif intersyndicale départementale contre l’extrême droite aura lieu mardi 23 avril à Béziers, en présence de certains secrétaires nationaux. FO Béziers, épinglée pour ses liens avec le maire Robert Ménard, n’y participera pas. D’autres voix à gauche expriment des réticences sur la mobilisation.

Une marche avec une portée nationale

Une intersyndicale composée de la CFDT, de la CGT, de l’UNSA, de l’Union Syndicale Solidaires et de la FSU, soutenue par de nombreux partis politiques et associations, appelle à manifester à Béziers, ville dirigée par Robert Ménard depuis 10 ans, contre l’extrême droite et pour les libertés, le mardi 23 avril.

Le rassemblement devrait avoir une portée nationale, avec la présence annoncée de Sophie Binet, Benoît Teste et Laurent Escure, respectivement à la tête de la CGT, de la FSU et de l’UNSA.

Un an jour pour jour après la plus grande manifestation biterroise contre la réforme des retraites (entre 12 et 17000 personnes le 23 mars 2023), les syndicats dressent dans un communiqué le constat d’une « crise politique et démocratique qui s’accentue, alors que les urgences sociales ne sont pas prises en compte et que les inégalités s’accentuent. » Avant de dénoncer la loi Asile Immigration et « l’imposture sociale d’une extrême droite qui se présente comme représentante des ouvriers.ères, mais ne vote aucun des textes permettant de réduire les inégalités et les injustices. » Pour finalement annoncer « combattre le sentiment d’abandon et de fatalisme qui conduit une partie importante des électeurs.trices à l’abstention. »

Un préavis de grève a été déposé par la FSU Territoriaux 34, couvrant l’ensemble des agent.e.s des collectivités territoriales du département.

La mobilisation commencera dès midi devant la Bourse du Travail de Béziers, sur la place David D’Angers, avec boissons et nourriture. À 13H30 aura lieu une conférence de presse, avant le départ de la manifestation prévu pour 14h. Laquelle arrivera à 15h30 sur la place du 14 juillet, pour des prises de parole devant la statue de Jean Moulin. Enfin une série de concerts commencera à partir de 17h, toujours place du 14 juillet.

De nombreux bus sont affrêtés depuis les quatre coins du département. Un bus partira du Vigan à 9h30, avec un rendez-vous devant la Communauté de Communes du Pays Viganais, 3 avenue Sergent Traire, puis passera à Ganges pour 9h45, devant la caserne des pompiers, 1 avenue du Mont Aigoual, avant de desservir Clermont l’Hérault, pour 10h40 à la gare routière (réservation par SMS au 0613760061). Un autre car démarrera de la place Cot de Bédarieux à 11h, avec un arrêt à Laurens à 11h15, au Caveau des Schistes. (numéro de l’UL CGT Bédarieux : 0785825705). Le départ en bus depuis Montpellier se fera à l’arrêt de tram Sabines (ligne 2), à 10h (UL CGT Montpellier : 0467159170), tandis que le départ depuis Sète est fixé à 10h30 au théâtre Molière (UL CGT Sète et Bassin de Thau : 0467740344). Tous les bus repartiront à 17h.

FO Béziers, épinglée pour ses liens avec le maire d’extrême droite, sera absente

L’Union Locale Force Ouvrière Béziers, contactée a de multiples reprises par les autres syndicats malgré des relations difficiles, n’a pas donné suite et ne compte pas participer à la manifestation du 23 mars. Une enquête publiée par Streetpress le 29 février 2024 épingle le syndicat pour de forts liens entretenus avec le maire de la ville.

Marc Valette, secrétaire général de la section FO de l’hôpital de Béziers et membre du bureau de l’Union Locale, est conseiller municipal délégué aux sports à la mairie de Béziers, au sein de la majorité d’extrême droite de Robert Ménard, alors qu’une autre syndicaliste de l’hôpital, Delphine Azais, a intégré l’équipe municipale dès 2020.

Ajoutons au tableau que certains salariés municipaux ou de l’agglo témoignent avoir été écartés pour leurs opinions politiques. La CGT évoque quant à elle à propos de Force Ouvrière dans la ville « des méthodes de barbouzes ».

Avant d’évoquer le bilan social de Ménard, avec « des droits syndicaux revus à la baisse, une augmentation du temps de travail des personnels dépendant de la mairie, des remises en question de primes, des suppressions de postes, une dégradation du service public. »

Ménard s’est aussi distingué par une augmentation du nombre de policiers municipaux, dopés par des campagnes de communication douteuses, comme celle de 2015, avec des affiches placardées en ville figurant un pistolet, avec en-dessous la phrase « Désormais la police a un nouvel ami. »

Le 8 avril 2020 Mohamed Gabsi est tué par la même police municipale après une arrestation pour non-respect du couvre-feu mis en place par la mairie de Béziers. Robert Ménard s’est aussi distingué par son refus, dénoncé comme illégal par de nombreuses associations, de marier le 7 juillet 2023 un couple dont l’époux était un algérien sous Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF).

Contactée par mail et par téléphone, l’Union Locale Force Ouvrière Béziers n’a pas souhaitée répondre à nos questions.

Des réticences à gauche

Si l’appel de l’intersyndicale à manifester le 23 mars a obtenu le soutien de nombreuses associations et organisations politiques, certaines voix s’élèvent à gauche, celles-là plus sceptiques sur la mobilisation.

La Libre Pensée 34, régulièrement opposée à Robert Ménard et déclarant dans un échange de mails avec la CGT 34, consultés par Le Poing, « se retrouver dans la défense des libertés et dans la lutte contre l’extrême droite. », finira par décliner l’invitation. Non sans avoir proposé un appel « en faveur des libertés, pour le cessez-le-feu en Palestine, contre l’instrumentalisation de l’antisémitisme et de la laïcité, pour le retrait des lois sur le séparatisme et l’immigration. » « Le gouvernement reprend, de l’aveu de tous les observateurs, les thèmes chers à Le Pen et les applique : immigration, fermeture des frontières, destruction des services publics, soutien à l’extrême droite au pouvoir en Israël, racisme d’État antimusulmans. », s’insurge la Libre Pensée dans un communiqué publié le 30 mars. « La politique de marche à la guerre, orientant certains secteurs industriels vers la production d’armes, invoquant une possible mobilisation pour aller soutenir Zelensky, l’homme de l’OTAN, […] est la véritable menace pour l’humanité entière. » Avant d’exprimer un refus de servir de « porte-serviette à la Macronie » en préparant un nouveau « front républicain » derrière un.e candidat.e Renaissance pour les présidentielles à venir.

Sont également dénoncées plusieurs figures du ou proches du Parti Socialiste (Delafosse, Vals, Glucksmann, Hollande), qui fait partie des organisations politiques attendues dans les rues de Béziers le 23 avril.

Le groupe d’action Union Populaire/France Insoumise du Grand Biterrois a également annoncé sécher la manif du 23 avril (la France Insoumise au niveau du département de l’Hérault appelle à la manifestation), avec le même argumentaire, sans déclarations explicites d’un refus du « front républicain » en cas de second tour RN/Renaissance en 2027.

Les organisations d’extrême gauche Révolution Permanente et Union Communistes Libertaire, habituées des évènements antifascistes, ne sont pas non plus parmi les signataires de l’appel du 23, et ne semblent pas relayer la manifestation.

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE SUIVANT :

Guerre en Ukraine : Montpellier dit avoir suspendu son jumelage avec une ville Russe, mais pas son site Internet