Fanfares à Montpellier : appel à témoignage lancé après des agressions néo-nazies et lesbophobes

Le Poing Publié le 6 juin 2024 à 12:44 (mis à jour le 6 juin 2024 à 12:46)
Capture d'écran montrant le visage de la victime de l'agression lesbophobe commise en marge du festival des fanfares de Montpellier, extrait d'un témoignage rendu public sur son compte Instagram.

Après les agressions néo-nazies perpétrées samedi 1er juin au festival des Fanfares de Montpellier, l’association organisatrice invite d’éventuels témoins à se rapprocher de la police pour transmettre infos photos et vidéos. Entre temps, un nouveau témoignage a mis en lumière une autre attaque lesbophobe en marge de la fête.

Un appel à transmettre infos, vidéos et photos à la police

On vous en parlait déjà le 3 juin. Samedi 1er juin, pendant le festival montpelliérain des fanfares, un syndicaliste montpelliérain a été violemment pris à parti et envoyé aux urgences par des militants néo-nazis.

Le communiqué relatant les faits évoque également des « lancers de projectiles sur un stand tenu par des femmes voilées, [un] téléphone cassé d’une passante qui filmait » et « plus tôt dans la journée, une personne transgenre et syndicaliste menacée, prise à partie et filmée par le même groupe au parc Méric ». Un autre témoin indique avoir vu quatre individus se masquer non loin de la Place Krasucki quelques minutes avant les faits.

Depuis l’association en charge de l’organisation du festival, l’Arc-en-ciel des Faubourgs, a à son tour publié un communiqué sur les événements. Après y avoir dénoncé des « agressions à caractère raciste [qui] affectent profondément l’ensemble des membres de notre association », et avoir rappeler un « attachement aux valeurs de tolérance et de respect mutuel, [une] volonté d’accueillir toutes les diversités, qu’elles soient musicales, culturelles, sociales ou individuelles », l’association lance un appel à transmettre des informations aux services de police : « Nous invitons toute personne en mesure de fournir des informations, des photos ou vidéos, à aller dénoncer ces agissements intolérables commis auprès de la police. »

Nouveau témoignage sur une agression lesbophobe

Un nouveau témoignage sur une autre agression lesbophobe en marge du festival des fanfares a été publié sur la page Instagram de Paint Média le mercredi 5 juin.

Une femme lesbienne y raconte son passage à tabac : « J’étais avec ma petite amie dans une rue assise sur un trottoir. On discutait, on se faisait un câlin. Et c’est là qu’un homme a commencé à se moquer de nous. Je me suis levé et je lui ai dit qu’on ne voulait pas s’engrainer avec lui. Sa copine est arrivée et m’a dit « Mais toi tu fais l’homme. […] Si tu veux être une homme bats toi comme un homme ». J’ai pas eu le temps de répondre que son copain m’avait déjà foutu un coup de poing au visage. J’ai très peu de souvenirs parce que j’ai été agressée. Quatre hommes sont arrivés sur moi en me tapant. Heureusement que ma petite amie et mes ami.es étaient là pour nous séparer. La police n’a rien fait, n’a pas bougé alors qu’on était à vingt mètres du lieu où je m’étais faite agressée. Je suis allée au commissariat la même soirée. On m’a dit que comme je n’avais pas de certificat médical je devais aller aux urgences et qu’ils n’avaient pas le temps de me recevoir. […] Je suis en colère de l’inaction de la police, et qu’encore aujourd’hui la communauté ne puisse pas sortir librement, calmement et sans peur. »

D’autres détails sur sa première rencontre avec les policiers à proximité du festival des fanfares sont donnés dans un autre témoignage publié sur le compte Instagram personnel de la victime : « Ils étaient une unité de six flics. Ce qu’ils ont fait ? Ils m’ont dit de me calmer sans quoi ils allaient me mettre en garde à vue. Et après ça ? Ils m’ont suivi dans la rue en me disant de bien vouloir quitter les lieux, me laissant rentrer chez moi seule. »

D’après nos informations, cette agression lesbophobe n’aurait pas été perpétrés par les même individus impliqués dans les autres exactions.

La police, un allié efficace dans la lutte contre l’extrême-droite et la lesbophobie ?

Le préfet de l’Hérault a manifesté ce jeudi 6 juin sur son compte Twitter sa solidarité avec la personne qui témoigne dans Paint Média, parlant d’une “agression intolérable”, demandant à la Direction Interdépartementale de la Police Nationale de l’Hérault de “faire le point sur la manière dont elle a été accueillie pour son dépôt de plainte.” Sans avoir réagit aux autres attaques qui ont eu lieu ce soir-là.

En 2018, l’affaire de l’expulsion violente d’étudiant.es mobilisé.es à la fac de droit de Montpellier par un commando d’extrême-droite avait défrayé la chronique. Et permettait de sérieux doutes sur la neutralité de l’institution policière, entre menaces envers un témoin-clé de l’affaire et témoignages sur des exfiltrations de certaines personnes de l’amphithéâtre où les faits ont eu lieu.

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