La Gazette de Montpellier s’enfonce, toujours plus bas
Non content de propager les thèses de l’un des pires propagandistes de l’extrême-droite, l’hebdomadaire sur le déclin, loin de reconnaître une erreur, donne des leçons de morale à qui ose s’en inquiéter
Le Poing l’avait relevé : dans son édition du 3 octobre dernier, La Gazette de Montpellier proposait une notice à l’appui d’un courrier d’un lecteur. En écho des propos de ce dernier, le-la journaliste voulait expliquer ce qu’est le wokisme, en une douzaine de lignes. Or, là, stupeur, cette notice se concluait sur une citation. Celle-ci, d’une virulence extrême, reproduisait un point de vue de Mathieu Bock-Côté. Seul celui-ci était cité dans toute cette notice. Et il était présenté comme “sociologue”, sans la moindre précision complémentaire. Donc, implicitement, comme faisant autorité.
Or, si Mathieu Bock-Côté jouit d’une notoriété certaine, ce n’est pas en tant que sociologue avant tout – peu de gens maîtrisent le paysage de cette discipline intellectuelle, qui n’a de toute façon absolument rien de neutre. Mathieu Bock-Côté est connu avant tout comme l’un des polémistes d’extrême-droite les plus déchaînés, dans la galaxie de Vincent Bolloré. C’est la moindre des précautions contextuelles, que de préciser cela, quand on décide de le citer.
Si bien que dans sa dernière édition, du 17 octobre, La Gazette insère un autre courrier, d’un autre lecteur. Il s’agit cette fois de Jean-Jacques Gandini, avocat honoraire de Montpellier, bien connu comme très actif au sein de la Ligue des Droits de l’Homme, ce qui pourrait inspirer quelque respect. Jean-Jacques Gandini entame son écrit de cette manière : « La Gazette est contaminée par l’extrême-droite ». Et il dit sa stupéfaction que les points de vue du polémiste de la fachosphère soient exposés par La Gazette sans retenue.
L’hebdomadaire montpelliérain sur le déclin pourrait reconnaître son erreur de bonne foi. Le manque de moyens. La surcharge de travail. L’incapacité à être omniscient. Tout peut s’expliquer ; et pas seulement par l’extrême-droitisation de la société, médias compris. Mais que nenni ! Nouvelle notice de la rédaction (c’est inévitable dès qu’un courrier s’écarte du mainstream de la pensée conformiste, que défend La Gazette ; et le lecteur incriminé ne peut alors rien répondre, à des arguments sentencieux, parfois narquois, souvent de mauvaise foi).
L’anti-fasciste Gandini reçoit donc une leçon de morale, en ces termes : « Vous attachez plus d’importance à qui le dit, plutôt qu’à ce qui est dit. C’est un travers assez banal, qui ne favorise guère l’ouverture d’esprit ». D’où il ressort que pour les vieilles lumières d’un journalisme finissant, l’ouverture d’esprit consiste à reproduire comme faisant autorité, sans la contextualiser, une citation au demeurant haineuse, d’un polémiste extrémiste.
L’incident pourrait demeurer juste un peu minable, méprisable, s’il ne s’inscrivait dans toute une logique. Laquelle s’illustre, dans ce même numéro, par la teneur du compte-rendu rédigé à la suite du récent meeting de Michaël Delafosse au Parc Rimbaud (que nous avions chroniqué). Modèle de renoncement à la moindre mise en perspective critique, il faut notamment y gober, entre autres perles, que si les positions du maire de Montpellier font lourdement question, ce serait parce que, en pacifiste conséquent, il défend la solution à deux États dans le conflit israélo-palestinien (!)
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