La Plateforme des Peuples d’Europe s’achève et promet des suites

Le Poing Publié le 17 février 2025 à 15:47 (mis à jour le 17 février 2025 à 16:21)
Photo prise par la Plateforme des Peuples d'Europe pendant la séance de restitution du travail des ateliers, le 16 février à Vienne (Autriche)

La Plateforme des Peuples d’Europe s’est clôturée ce dimanche 16 février. Alors que la volonté d’organiser des évènements similaires sur d’autres continents s’est exprimée, les participant-es à cet événement viennois promettent des suites.

La Plateforme des Peuples d’Europe a pris fin ce dimanche 16 février. Organisée du 14 au 16 février dans Vienne, capitale autrichienne, avec une journée d’accueil le 13, celle-ci a regroupé plus de 800 personnes, délégué-es par plus de 160 organisations et médias progressistes et révolutionnaires de toute l’Europe (retrouvez la liste des participants ici), dont Le Poing. Objectif : regrouper les forces de gauche sur le Vieux Continent, pour construire des coopérations concrètes inspirées des pratiques et théories de la révolution kurde.

Après plusieurs jours de travaux pour lesquels les participant-es se trouvaient séparé-es en différents ateliers (médias démocratiques, opposition aux politiques génocidaires, activisme et organisation, construire l’autonomie l’auto-suffisance et l’auto-défense, identité de la jeunesse et sa résistance, résistance écologique, anti-fascisme, guerres impérialistes et paix, le confédéralisme démocratique des femmes), une restitution a eu lieu devant une grande assemblée réunie dans un amphithéâtre de l’université de Vienne.

Le groupe « médias » a commencé sa restitution par un hommage rendu à Egîd Roj, journaliste kurde tué le 15 février par une frappe de drone de l’armée turque au Rojava (Kurdistan syrien, où est menée depuis plus de dix ans une expérience révolutionnaire féministe, démocratique, mêlant cohabitation entre différentes communautés ethno-religieuses et économie coopérative). Egîd était en train de couvrir la mobilisation de milliers de civiles et de civils qui depuis des semaines protègent de leurs corps le barrage de Tishrin, dont des centaines de milliers de personnes dépendent pour avoir de l’électricité, et qui est menacé par les attaques de l’armée turque et des ses mercenaires qui s’intensifient depuis le début du mois de décembre.

Concernant les perspectives, une école des médias démocratiques est déjà prévue, qui devrait se tenir à l’été 2025 en Europe Centrale, de même que des outils de publication de contenus mis en commun. L’atelier média réfléchit aussi à une bonne manière d’aider aux développements de projets portant plus spécifiquement les voix des femmes ou de groupes marginalisés dans nos sociétés, et à l’élaboration de modèles économiques efficaces, ainsi qu’à la possibilité de mener des enquêtes communes sur des sujets précis à l’échelle européenne (problèmes de logement, migrations…)

L’atelier centré sur la question de l’auto-organisation a émis l’idée une caravane des autonomies qui commencent déjà à construire des modèles menant à l’autosuffisance et à l’autodéfense populaire dans les Balkans. Tous les autres ateliers ont partagé leurs analyses communes et leurs propositions, et promettent de rester en contact pour continuer d’élaborer en commun.

Certaines suggestions ont émergées du public pendant ces restitutions. Parmi celles-ci, poursuivre les efforts engagés pour assurer la représentation au sein de la Plateforme des parties de la population et des diasporas les plus opprimées en Europe, ou encore ajouter un groupe de travail sur le thème « Libérer le travail et partager les richesses » (précisons que de nombreuses mentions aux luttes de travailleuses et de travailleurs sont présentes dans les textes-cadres de la Plateforme, et que tous les ateliers ont souligné l’importance de ces luttes).

Une intervention d’un des avocats du leader kurde Abdullah Öcalan, Mahmut Sakar, enfermé depuis 1999 sur l’ile-prison d’Imrali par le régime turc sous un régime d’isolement particulièrement restrictif, a également eu lieu. Le 18 mars 2014 la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) relevait une violation des droits concernant la détention d’Abdullah Öcalan et la Turquie n’a pris aucune mesure pour exécuter la décision de la CEDH. Ses avocats ont également déposé une nouvelle requête soulignant que l’emprisonnement à vie aggravé sans droit à la libération conditionnelle a été qualifié de torture par la CEDH. Öcalan a pu ces derniers mois recevoir des délégations du Dem Parti (Parti de l’égalité et de la démocratie des peuples, actif en Turquie, d’une gauche pro-kurde partisane d’un socialisme démocratique, féministe et respectueux des droits des minorités), et promet des discussions sur un processus de paix entre l’État turc et la guérilla du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan), dont il est un des fondateurs et le principal penseur.

La Plateforme s’est achevée sur une cession développant les ambitions futures de la Plateforme, animée par un membre de l’Académie de la Modernité Démocratique et par une membre de Women’s Weaving The Future (mouvement féministe d’inspiration kurde).

Les groupes de travail vont continuer d’élaborer et de mettre en œuvre des propositions concrètes dans les mois à venir. L’organisation d’autres Plateformes des Peuples à une échelle plus régionale en Europe est vivement encouragée. Et les organisatrices et organisateurs ont fait part de leur volonté de reproduire cet événement d’abord en Amérique latine (une délégation colombienne était d’ailleurs présente ; on peut lire ici l’interview du média Contre Attaque avec un de ses membres, Juan Pablo Gutierrez, activiste contre l’exploitation minière et pour les droits des peuples autochtones), puis en Afrique et en Asie, pour ensuite relier les différentes Plateformes continentales. L’objectif étant de participer à une renaissance de l’internationalisme politique et révolutionnaire, en se gardant toutefois des dérives des Forum Sociaux Mondiaux (FSM), analysés comme gangrénés au fil du temps par un esprit libéral lié à la montée en puissance en leur sein des ONG (Organisations Non Gouvernementales).

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE SUIVANT :

Montpellier : la Chambre Régionale des Comptes étrille la Métropole sur son usage des cabinets de conseil