Le maire PS de Montpellier Michaël Delafosse réduit la lutte contre le pass sanitaire à l’antisémitisme
La mobilisation contre le pass sanitaire ne cesse de grossir et rallie à sa cause de nombreux secteurs professionnels mais pour le maire PS de Montpellier Michaël Delafosse, tout ceci ne serait que l’expression d’un antisémitisme.
De l’aveu même du ministère de l’Intérieur, le nombre de manifestants contre le pass sanitaire a doublé en trois semaines, en plein cœur de l’été, avec 114 000 personnes dans la rue le 17 juillet contre 237 000 le 7 août – des chiffres probablement bien supérieurs. Si les français ne seraient pour le moment « que » 37% à soutenir le mouvement, « il n’est pas marginal » note Bernard Sananès, le président de l’institut Elabe, à l’origine du sondage.
De nombreuses voix se sont élevées contre ce pass sanitaire, de l’ONG Médecins du Monde, inquiète d’un « risque de glissement vers des pratiques de surveillance sociale généralisée » aux syndicats CGT, FSU et Solidaires, qui redoutent « de nouvelles discriminations entre salarié·e·s » en passant par La Quadrature du Net, vitupérant contre « l’obligation généralisée de détenir une carte d’identité »ou bien encore le philosophe libéral Gaspard Koenig, évoquant une « servitude volontaire ». Des préavis de grève ont été déposés aux CHU de Toulouse, Bordeaux, Nancy, Marseille, Sète, Évreux – liste non exhaustive – et l’un des principaux syndicats de pompiers appelle à la grève illimitée.
Mais pour le maire PS de Montpellier Michaël Delafosse, élu avec 15,6% des inscrits, la lutte contre le pass sanitaire ne serait qu’un repère d’antisémites. Sur son compte twitter, où il publie ou partage des tweets plusieurs fois par jour, les seules mentions à ce mouvement font état de menaces à l’encontre de députés LREM, de dégradations – affligeantes – contre des centres de vaccination ou de dépistage et d’odieux propos antisémites. Son avis sur la question semble tranché via le partage d’un tweet de Benjamin Téoule, ancien journaliste rallié à la majorité delafossienne : « Pancartes aux relents antisémites, croix gammées, présence de la Ligue du Midi […] ces manifs anti-pass sanitaire sont décidément le terreau de l’extrême-droite ».
Pancartes aux relents antisémites ? Il y en a, c’est vrai, comme ces étoiles jaunes arborant l’inscription « non-vacciné », osant une comparaison honteuse avec le marquage imposé aux Juifs par les nazis durant la Seconde guerre mondiale. À ce propos, le collectif « Juives et Juifs révolutionnaires » a cosigné une tribune rappelant avec force que « la Shoah n’est pas une caution dans la lutte contre les restrictions des libertés. Évoquer le massacre pensé, organisé, systématisé, de six millions de personnes relève au mieux d’une paresse intellectuelle au pire d’un révisionnisme qui ne dit pas son nom. […] Jamais la mise en place d’un pass sanitaire ne sera comparable à l’horreur des rafles, des camps, de l’extermination. Il est terrible et presque absurde de devoir rappeler cette évidence. » Ces étoiles, dénoncées dans nos colonnes, n’étaient fort heureusement plus visibles lors de la dernière manifestation montpelliéraine. Quant aux symboles nazis, des pancartes grimant Macron en Hitler et évoquant un pass « nazitaire » ont bien été aperçues. Plus pernicieux encore, ces pancartes marquées d’un « Qui ? » – notamment brandie à Metz par une ex-élue FN depuis placée en garde à vue –, sous-entendant que la pandémie serait la faute des Juifs. « Déjà, à l’aube de la pandémie, l’idée d’un complot juif a gagné en vigueur constate les auteurs de la tribune : la rhétorique consistant à attribuer l’émergence d’un virus à une partie de la population n’est pas nouvelle, à droite comme à gauche d’ailleurs. Non content d’imputer aux Juif·ves la paternité du Coronavirus, il s’est agi ensuite de les accuser d’avoir commercialisé un vaccin à des fins lucratives. Ces idées peuvent sembler relever de la bêtise mais elles menacent en réalité des communautés entières. »
Le racisme et l’antisémitisme sont partout : au travail, dans la famille, dans la rue, en soirée, chez les bourgeois, les prolos, les jeunes, les vieux, à droite, à gauche et surtout à l’extrême-droite. Cette ignominie, qu’elle provienne d’une bêtise crasse ou d’une idéologie mortifère, doit être combattue partout, en toute circonstance, non pas à partir d’un certain seuil, mais immédiatement, avec ou sans pédagogie. Des militants d’extrême-droite de l’Action française, groupe royaliste et antisémite pour lequel un certain Gérald Darmanin écrivait des articles, ont d’ailleurs été chassés de la dernière manifestation montpelliéraine au cours de laquelle un pôle anticapitaliste et antifasciste s’est clairement manifesté. Réduire la mobilisation contre le pass sanitaire à l’antisémitisme comme le fait Michaël Delafosse – le même procédé avait été employé contre les gilets jaunes – est malhonnête et insultant à l’égard des centaines de milliers de manifestants et des travailleurs en grève. Dans les cortèges, il est revendiqué, non sans contradictions, la levée des brevets sur les vaccins, le refus de la vaccination obligatoire, le retrait de la menace de licenciement pour les non-vaccinés, des moyens pour l’hôpital public ou bien encore l’arrêt du flicage généralisé. Les slogans consensuels – « liberté ! » et « le pass sanitaire, on n’en veut pas » – ne sont pas antisémites et l’écrasante majorité de celles et ceux qui les chantent ne sont ni antisémites, ni complaisants avec l’antisémitisme.
Photographies de Virginie Oulhen prises le 7 août 2021 à Montpellier lors de la manifestation contre le pass sanitaire
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