Marche des fiertés 2025 à Montpellier : victoire du Pink Bloc sur Delafosse

Le Poing Publié le 14 juin 2025 à 18:55 (mis à jour le 14 juin 2025 à 19:03)
Le Pink Bloc a réalisé un happening sur la place de la Comédie durant la marche des fiertés 2025. (Photo : Le Poing)

Alors que l’an dernier, une bataille s’était jouée entre Michaël Delafosse et ses élus et le pink-bloc, groupe de militant·es LGBTIA+ anticapitalistes, pour prendre la tête du cortège de la marche des fiertés, ce samedi 14 juin, le maire de Montpellier était aux abonnés absents du défilé et le Pink Bloc a pu ouvrir la manifestation tranquillement pour y imposer ses slogans

A Montpellier, les marches des fiertés se succèdent chaque année mais ne se ressemblent pas, intense chaleur d’un mois de juin héraultais exclue. Depuis quelques éditions, un groupe de militant·es, regroupé·es autour du Pink Bloc, tentent de repolitiser radicalement la pride et déjouer la récupération politique réalisée par le maire “socialiste” de Montpellier, Michaël Delafosse, normalement au premier rang du cortège avec son parterre d’élus en écharpes tricolores.

Pour les individu·es qui composent le Pink Bloc, venant d’horizons différents, le slogan “Montpellier t’aime” brandi par la collectivité suinte d’hypocrisie. Leur liste de revendications sont claires : : “Interdiction réelle des thérapies de conversion, fin des mutilations sur les enfants intersexes, retrait de la mention de genre sur les papiers d’identité, simplification des parcours de transition de genre, y compris pour les mineur·es, PMA pour tous.tes, décriminalisation du travail du sexe…”

La semaine dernière, une marche queer organisée comme un avant-goût de la pride donnait le ton : “Delafosse s’affiche comme gay-friendly, mais embauche toujours plus de flics pour nous réprimer nous et les soutiens à la Palestine”, tonnait une intervenante au micro.

C’est donc tout naturellement, que ce samedi 14 juin, le slogan “le Pink-Washing ne fonctionne pas, trans pédés gouines avec Gaza” résonnait devant le parc du Peyrou. L’an dernier, une bataille s’était jouée entre Delafosse et son parterre d’élus et le Pink Bloc pour prendre la tête du cortège, jusqu’à une intervention de la police pour séparer les “bons” des “mauvais” manifestants, provoquant de dangereux mouvements de foule et un départ retardé de la manifestation, ainsi qu’une discrète fuite de l’édile.

Mais cette année, Michaël Delafosse n’était pas là pour tenir la banderole “officielle” de la marche, avec les sigles de la mairie, du Département et de la Région et du groupe Veolia floqués en dessous. De quoi réjouir un Pink Bloc qui a doublé, voire triplé ses rangs depuis l’an dernier, atteignant jusqu’à 1 000 personnes. Et lui laisser champs libre pour prendre la tête de la manifestation, avec une inventivité renouvelée dans les slogans : “Et toutes les pédales, détestent le capital”, “Et toutes les lesbiennes, détestent le RN !” Sans oublier le fameux “Israël assassin, Delafosse complice”, chanté au moment-même où une manifestation de soutien à la Palestine décollait du quartier de la Paillade.

Un succès qui tient à une meilleure structuration du collectif, selon un de ces membres, qui soufflait, au détour du cortège : “Cette année, on s’y est pris plus tôt, et on a organisé plus de réunions.” L’apothéose survint arrivé sur la place de la Comédie, quand la statue des Trois Grâces s’est retrouvée ornée d’un sous-vêtement rose, d’un drapeau palestinien, et d’une banderole où l’on pouvait lire “fascisme = mort”, provoquant des applaudissements dans la foule. Un happening qui a permis de rappeler des chiffres dramatiques, inscrits sur des pancartes : “350 personnes trans tuées dans le monde en 2024”, “49% des LGBT ont déjà pensé au suicide”, ” Un Guet-Apens LGBTIphobe par semaine.”

Le Pink Bloc a réalisé un happening sur la place de la Comédie durant la marche des fiertés 2025. (Photo : Le Poing)

Bref, pas de selfie avec Delafosse cette année, pas d’inauguration protocolaire de la diversité. À la place : des slogans qui cognent, une statue en soutien-gorge et un millier de queers déterminé·es à repeindre la Pride en couleurs vraies. Si c’est ça, la fin du Pink-Washing, on signe tout de suite pour l’année prochaine.

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