Montpellier : après l’expulsion du bidonville avenue de Maurin, l’association AREA fait le point

Elian Barascud Publié le 2 septembre 2025 à 18:28
Environ 90 personnes vivaient dans le bidonville situé avenue de Maurin, à Montpellier. (“Le Poing”)

Alors que treize personnes sont toujours sans solutions de logement depuis l’expulsion jeudi dernier du bidonville avenue de Maurin, l’association humanitaire AREA, qui accompagne les personnes sans logement fixe, a tenu une conférence de presse ce mardi 2 septembre pour mettre en lumière le travail effectué dans le cadre de la politique de résorption des bidonvilles par la mairie, et ses limites

“Complexité”. Tel est le mot-phare de la conférence de presse donnée par José Lagorce, directeur de l’association humanitaire AREA ce mardi 2 septembre après l’expulsion jeudi dernier du bidonville sur laquelle les travailleurs de sa structure intervenaient, avenue de Maurin. Selon la ville et la préfecture, le site était soumis à des risques d’inondation.

Si la structure note une évolution positive du traitement des bidonvilles depuis les expulsions menées par l’ancien préfet Hugues Moutouh, (surnommé “le bulldozer”) via la signature d’une convention tripartite entre l’État, la Ville de Montpellier et la Fondation pour le Logement des Défavorisés le 5 mai dernier, des freins persistent. Premier facteur de “complexité”, le système de “liste” de recensement avec date butoir des occupants des bidonvilles (en l’occurrence, le 28 février dernier pour le bidonville de l’avenue de Maurin). Passé cette date, les personnes arrivées après le recensement n’auront pas forcément de relogement au moment de l’expulsion. “Cette liste est faite pour éviter les effets d’appel d’air avec un afflux de familles qui viendraient demander de l’aide après l’expulsion”, explique José Legorce. “Mais dans les faits, c’est une illusion, il n’y a pas de profiteurs. Le fait d’imposer une date butoir, c’est compliqué pour les personnes en situation de grande précarité, qui ne sont pas présentes tout le temps sur le bidonville.”

Michaël Delafosse, maire de Montpellier, et François-Xavier Lauch, préfet de l’Hérault, ont affirmé lors d’une conférence de presse (à laquelle Le Poing n’a pas été convié) ce mardi 2 septembre que les 91 personnes recensées en février dernier sur le bidonville de l’avenue de Maurin se sont vu proposer une solution de logement transitoire, selon Midi Libre. De son côté, l’association AREA souligne que les treize personnes qui se trouvaient sur le bidonville au moment de l’expulsion jeudi dernier dorment dehors depuis cette date.

Toujours au niveau des chiffres, si la préfecture affirme que les 36 enfants du bidonville ont pu faire leur rentrée scolaire, l’association évoque seulement quatre enfants sur vingt dont elle s’occupe via un dispositif de médiation scolaire qui ont pu rejoindre les bancs de l’école hier. “Des chiffres, on peut en donner plein”, tranche José Lagorce. Preuve une nouvelle fois de la “complexité de la grande précarité que subissent ces gens”.

“Une inadaptation des logements”

“On a des gens qui étaient avenue de Maurin qui ont déjà connu d’autres expulsions de bidonvilles”, précise José Lagorce, qui souligne le manque de solution d’hébergements d’urgence (notamment via le 115), la restriction des budgets alloués au secteur social, et surtout, “l’inadaptation des offres avec la complexité de la situation des personnes”. “Parfois, nous avons des personnes avec des problématiques psychiatriques pour qui l’hébergement collectif ou semi-collectif n’est pas adapté”, cite-il à titre d’exemple. “Sans compter que pour beaucoup, le bidonville est aussi un lieu de travail de la ferraille ou de recyclage, et les solutions proposées n’ont pas forcément ce type d’espace de travail.”

A ce sujet, une discussion serait actuellement en cours avec la mairie pour la création d’un terrain dit “de travail”. “Au-delà du lieu, il faut qu’il y ait l’eau, l’électricité, de quoi jeter les déchets, cela nécessite des aménagements, et que tous ceux qui y travaillent soit déclarés à l’URSSAF”, précise José Lagorce. Environ 400 personnes vivent toujours dans des bidonvilles à Montpellier.

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