Montpellier. Gilets jaunes, acte 45 : une répression arbitraire digne d’un régime résolument autoritaire

Le Poing Publié le 22 septembre 2019 à 15:22 (mis à jour le 22 septembre 2019 à 15:26)
Photos prise à Montpellier lors de l'acte 45 des gilets jaunes, le 21 septembre 2019. De gauche à droite : policier muni d'une arme à feu et portant l'insigne « tireur de précision » ; policier portant un Penn Arms (LDB multi-coups) ; canon à eau.
Les écologistes et les gilets jaunes étaient censés faire cause commune ce samedi à Montpellier, mais la marche pour le climat a été reportée au weekend prochain à cause du… climat ! Les contestataires fluo n’ont quant à eux pas hésité à braver l’épisode cévenol : ils étaient près de 500 à manifester dans le centre-ville pour l’acte 45, et contrairement aux premiers pressentiments, la journée fut très agitée. Récit d’une folle histoire prouvant, une nouvelle fois, que l’État s’épanouit dans l’autoritarisme.

Répression immédiate

Sur la page facebook de l’évènement, le rassemblement était prévu à 13h sur la place de la Comédie, mais il a fallu attendre 14h pour qu’un début de cortège, plus noir que jaune, commence à se mettre en branle. Une banderole « Tous unis » est tendue, ce « tous » incluant ostensiblement les « street-medic » (des soignants volontaires), la « LDH » (Ligue des droits de l’Homme), la « presse » (sous-entendu, les journalistes indépendants), et les « BB » (black-bloc). Dans la foulée, les contestataires, lassés que Midi Libre relaie sans cesse les propos des autorités, s’arrêtent devant les nouveaux locaux du quotidien, désormais situés sur la Comédie, pour scander : « Midi Libre collabo ! » Un petit tour à la gare, retour sur la Comédie, et nous voilà devant la préfecture, où la police arrache une banderole aux manifestants, avant de charger, gazeuse à la main. Ambiance.


Un mouvement de foule renvoie tout le monde sur la Comédie, puis de nouveau à la gare, où des feux d’artifice sont projetés sur les policiers, qui répliquent en tirant deux fois six coups de grenades lacrymogènes avec un Penn Arms, capable de tirer jusqu’à six cartouches en quatre secondes. La foule fend l’épais nuage de gaz et continue son chemin dans une certaine confusion, en répétant souvent « Les putes à Macron », les « putains » en question étant désigné·e·s comme les policiers. Les prostitué·e·s n’ont pourtant rien demandé, et il n’est pas sûr qu’ils et elles apprécieraient d’être assimilé·e·s aux forces de l’ordre… Sur le cours Gambetta, des poubelles sont renversées et le tram est bloqué. Des manifestants scandent « tout le monde déteste les contrôleurs », certains faisant référence à la vidéo récemment publiée par le Poing où l’on voit des agents de la TAM maintenir genoux au sol un usager.

Arrestations arbitraires

Arrivé devant le parc du Peyrou, le cortège retourne vers la préfecture, où il se retrouve nassé et divisé. Camille, une observatrice de la Ligue des droits de l’Homme harcelée par la police, est interpellée. Deux journalistes indépendants sont également arrêtés : Tintin au pays des gilets jaunes, relâché rapidement, et Gérôme-Mary, de La Mule du pape. L’auteur de ces lignes a aussi échappé à une interpellation certaine, et a fait l’objet la veille d’un contrôle ciblé alors qu’il rentrait chez lui… Le temps de contourner le centre-ville pour éviter la police, le reste du cortège s’est rassemblé sur la Comédie et fait face à un rideau de CRS. D’autres manifestants sont interpellées, sans motif apparent. En début de soirée, une dizaine de personnes se sont rassemblées devant le commissariat à l’appel de la Ligue des droits de l’Homme. On compterait quatorze arrestations, dont quatre gardes à vue. Une personne aurait été perquisitionnée. Un appel à se rassembler lundi à 14h au tribunal de grande instance de Montpellier tourne sur les réseaux sociaux. Le Poing assistera aux audiences et fera le point.

Plus de limite

Les arrestations arbitraires sont scandaleuses, quelle que soit l’activité de la personne interpellée, mais le ciblage de journalistes et de membres de la Ligue des droits de l’Homme, jusqu’alors relativement tabou à Montpellier, prouve que le régime est déterminé à franchir un cap déjà bien entamé. Celui de l’autoritarisme assumé. Quiconque ne se désolidarise pas franchement de celles et ceux qui luttent ardemment contre l’ordre capitaliste prend le risque d’être inquiété par l’État. Et les photos improbables publiées par la préfecture de l’Hérault pour tenter d’incriminer les gilets jaunes prouvent que les autorités se s’embêteront pas à fournir des preuves pour incarcérer les contestataires. Qu’on se le dise : l’époque est bouillante. Toutes les options sont sur la table, du fascisme à la révolution. Et les barricades n’ont que deux côtés…

Crédits photos : Julio (hormis les deux photos des policier armés respectivement d’une arme à feu et d’un Penn Arms, empruntées sur les pages facebook des gilets jaunes).

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