Montpellier : le syndicat ‘‘Alliance police nationale 34’’ traite les soutiens de Steve de ‘‘sous-être humains’’

Le Poing Publié le 10 août 2019 à 17:08 (mis à jour le 12 août 2019 à 13:01)
Le ministre de l'intérieur, Christophe Castaner, accompagné du délégué syndical d'Alliance police nationale 34, Rémy Alonso (photo extraite d'une publication facebook d'Alliance PN 34)
Le 3 août, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Montpellier pour dénoncer les violences policières et rendre un hommage à Steve, retrouvé mort noyé à Nantes suite à une charge de la police. Les contestataires, dont de nombreux gilets jaunes, ont défilé dans le calme, avant d’observer une minute de silence devant le commissariat. La manifestation était globalement tranquille et pourtant, le syndicat Alliance police nationale 34 a dénoncé « des comportements inacceptables envers les policiers de l’Hérault », pour finir par traiter les manifestants de « sous-être humains ».

« Barbares n’ayant aucun respect de la vie »

Dans le communiqué de presse, Alliance police nationale dénonce « les propos scandaleux scandés par les manifestants [qui] sont dignes de barbares n’ayant aucun respect de la vie et des êtres humains » et les « provocations d’une grosse partie des manifestants qui se sont comportés comme des sous-être humains ». Pourtant, aucune personne n’a été interpellée pour outrage ce jour-ci, et les slogans chantés ne sortaient pas de l’ordinaire : « Castaner, assassin », « La police mutile, la police assassine » ou bien encore « Police partout, justice nulle part ». Mais les indignations du syndicat sont visiblement à géométrie variable. Le 26 août, le délégué d’Alliance police nationale 34, Rémy Alonso, avait activement défendu un de ses collègues de la BAC de Montpellier qui avait copieusement insulté, sans brassard, une gilet jaune face caméra. Il avait expliqué à un journaliste de France 3 « qu’on ne sait pas exactement ce qu’il se passe avant », et avait prétendu que « les collègues ont tous leur brassard, sauf qu’ils sont parfois trop larges et peuvent tomber ».

Le communiqué parle aussi de policiers « meurtris dans leur chair ». Le propos est pour le moins malvenu, sinon provocant, quand on sait qu’à Montpellier, de nombreux gilets jaunes ont été mutilés par des policiers, comme Yvan, Kaina, Laurent, Geoffrey, Virgile, Axel ou bien encore Dylan. Rémy Alonso avait d’ailleurs défendu bec et ongles l’usage du LBD dans Midi Libre, en estimant que « la balle est en mousse : en aucun cas, elle ne peut casser des os. […] Une partie des blessures qu’on voit sur les réseaux n’ont pas été causées par des LBD, mais peut-être par des projectiles lancés par d’autres manifestants. » On est donc prié de croire que les médecins sont des fieffés menteurs, dont le neurochirurgien Laurent Thines, qui s’est déplacé le 1er août à Montpellier pour dénoncer les lésions graves causées par le LBD, dont des fractures.

Dangerosité sans limite

Rémy Alonso ose tout, c’est à ça qu’on le reconnaît. En mai 2018, il avait tranquillement proposé à la région Occitanie d’offrir la gratuité des transports pour les policiers, même quand ils ne sont plus en service, afin de garantir… la sécurité des voyageurs. Cette impudeur pourrait prêter à sourire, mais ce syndicat policier est puissant. Le 10 octobre 2017, un drapeau d’Alliance police nationale avait été volé par un manifestant à Montpellier, et la plainte du syndicat avait été directement relayée par le ministère de l’intérieur, conduisant trois mois après à trois perquisitions qui n’avaient rien donné. Quand le syndicat réclame que « les coupables », à savoir ceux qui auraient chantés « les slogans scandaleux » lors de la manifestation de soutien à Steve à Montpellier, soient « punis fermement », c’est donc loin d’être une menace en l’air…

Le 8 juin, à peine plus d’une semaine après l’interview du procureur de la République de Paris qui avait assuré que « des policiers seront renvoyés en correctionnelle » suite aux plaintes déposées par les gilets jaunes, le syndicat Alliance police nationale avait publié un tract menaçant : « Nous n’accepterons pas que nos collègues servent de bouc émissaire […] Alliance police nationale n’a pas peur d’avertir nos instances : si nos collègues venaient à être injustement condamnés, nous saurons ce qu’il nous reste à faire… […] L’ensemble des policiers est d’ores et déjà prêt à nous suivre ». Dans ces conditions, le « climat d’animosité » dénoncé par Alliance police nationale 34 dans son communiqué n’est pas prêt de s’atténuer…

MAJ 12/08/2019 : Suite à notre article, Alliance police nationale 34 a retiré le communiqué. Voici une copie :

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