Montpellier : les salarié·es de l’accueil de jour de l’association Issue seront en grève ce jeudi
L’annonce par la direction du non-renouvellement de CDD au sein du service accueil de jour de l’association a suscité une vague de colère chez les salariés, qui dénonçaient déjà un manque de moyens criant pour réaliser leurs missions. Ils seront en grève ce jeudi 21 décembre
“L’accueil de jour de l’association ISSUE a décidé de se mettre en grève le jeudi 21 décembre 2023 à partir de 8h30 pour alerter et faire prendre conscience à notre direction, au conseil d’administration et au financeur des conditions dans lesquelles les personnes sont accueillies sur notre service. Ce mouvement est la conséquence d’un déficit budgétaire auquel fait face ce service et aux dernières annonces de notre direction”, peut-on lire dans un communiqué de la CGT action sociale du 18 décembre dernier.
Tous les jours, ce lieu d’accueil, situé dans le quartier du Cours Gambetta, reçoit entre 350 et 400 personnes démunies, souvent à la rue, pour leur offrir un petit-déjeuner, leur permettre d’accéder à une laverie et des douches, ainsi qu’à des accompagnements à but de réinsertion sociale. “Mais il y a des jours où on doit fermer plus tôt car on n’est pas assez nombreux”, déplore Claire, salariée de l’association. “Certains services comme la laverie ne sont plus disponibles depuis quelques semaines par manque de moyens humains”, abonde Mathieu Granat, déléguée syndical CGT.
A ce service qui fonctionne déjà à flux tendu s’est récemment ajouté une rencontre avec la direction de la structure, laquelle a déclaré que par manque de financements de l’État, de la Métropole et de la Mairie (les trois financeurs de l’association), des CDD n’allaient pas être renouvelés car l’accueil de jour était en déficit (il fonctionne avec 10 000 euros par mois sur les 12 000 nécessaires à ses missions selon Mathieu Granat). “Les salaires ont augmentés pour suivre l’inflation, mais les charges aussi, avec l’électricité, l’eau… La direction nous dit que sans financements en plus, on ne peut pas faire mieux”, décrit le délégué syndical. Les salariés, après s’être concertés, ont donc décidé de faire grève. Ils demandent donc la prolongations des CDD menacés de non-renouvellements, plus de financements et plus de moyens pour leurs activités.
Autre élément qui a fait monter la pression, retranscrit dans le communiqué de la CGT : “Il y a quelques jours, notre direction a rencontré notre équipe pour annoncer qu’il y aurait des contrats non renouvelés alors que le service fonctionne déjà à flux tendu. La réponse de notre direction, après rencontre avec le financeur est qu’il faut faire appel au bénévolat pour venir compenser le manque de moyens et ainsi pouvoir délivrer un service aux personnes sans domicile fixe en journée. L’association fait déjà appel à des bénévoles qui sont à 90% des « usagers participants », c’est-à-dire ces mêmes personnes que nous accompagnons.”
Un argument qui a fait réagir Claire : “Déjà que faire de la réinsertion est compliqué car on a pas suffisamment de professionnels, ils ne reconduisent pas des postes. Ils nous disent que la présence de bénévoles va nous soulager, venir en soutien, mais un bénévole ne remplace pas un travailleur social. Et ce, dans une période où la précarité augmente et où on reçoit de plus en plus de public. On défend un accueil plus digne, car cet endroit est le seul ou ces personnes peuvent se poser et recevoir de l’aide.”
“Conflit de loyauté”
Cet appel à la grève suscite l’intérêt chez bon nombre de travailleurs et travailleuses du social à Montpellier. Une membre du collectif Social en lutte 34 soulignait le caractère extrêmement rare d’une grève dans le secteur. Chose qui s’explique selon Claire par un “conflit de loyauté”. “Si on fait grève, on ferme, mais du coup, on ne sert pas le petit déjeuner aux gens qui viennent d’habitude et on ne les aide pas. C’est un questionnement éthique.” Un conflit de loyauté doublé d’une situation précaire pour de nombreux salariés, pour qui se mettre en grève est compliqué.
Et si cette mobilisation est aussi scrutée par les acteurs et actrices du travail social dans le Clapas, c’est aussi car le manque de financements touche bon nombre de structures, comme le rappelle Mathieu Granat. “Une perspective de mobilisation, serait, dans un second temps, en lien avec d’autres acteurs du social qui connaissent les mêmes difficultés que nous, de mener des actions auprès des financeurs.”
Contactée, la direction n’a pas pu répondre à nos sollicitations et le fera ultérieurement. Le Poing vous tiendra informé de la suite de cette mobilisation après cette journée de grève.
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