Montpellier : une manifestation de pour dire non à la loi immigration de Gérald Darmanin

Elian Barascud Publié le 18 décembre 2023 à 11:16 (mis à jour le 18 décembre 2023 à 12:24)
Quelques centaines de personnes ont manifesté contre la loi "asile et immigration" samedi 16 décembre à Montpellier. ("Le Poing")

Plusieurs centaines de personnes se sont réunies ce samedi 16 décembre dans les rues de Montpellier pour exprimer leur refus de la loi immigration, qui doit passer ce lundi 18 décembre devant la commission mixte paritaire

Parfois, les hasards de calendrier confinent à l’ironie. C’est ce lundi 18 décembre, date de la journée internationale des migrants, que le projet de loi “asile et immigration” passe en commission mixte paritaire, après avoir fait l’objet d’un rejet préalable à l’Assemblée nationale le 11 décembre dernier, dans une version “pire que que la version initiale”, selon les organisateurs de la manifestation du 16 novembre à Montpellier, contre ce projet de loi.

Ils étaient quelques centaines, rassemblés sur la Place de a Comédie avec une batucada et des flambeaux, avec en tête de cortège, un collectif de sans-papiers. Les organisateurs évoquent une loi “xénophobe et inhumaine” qui conduirait à “une négation radicale des droits fondamentaux des personnes de nationalité étrangère”, avec notamment la suppression de l’aide médicale d’État pour les sans-papiers, le rétablissement du délit de séjour étranger, le fichage par la police des mineurs non accompagnés, l’extension des possibilités d’assignation à résidence et d’enfermement des demandeurs d’asile, la remise en cause du droit inconditionnel à l’hébergement d’urgence et à l’aide sociale à l’enfance, la restriction drastique de l’accès au titre de séjour, en particulier pour les plus vulnérables (malades, étudiant.es).

Sur la place de la préfecture, une membre du MRAP (mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) a rappelé que cette loi immigration était la “22eme depuis 1985” et qu’elle “attaquait les droits fondamentaux des migrants, et donc de toute la population”, avec une “notion extensive de l’ordre public, qui conduit à une facilitation des expulsions”. “On en revient au droit du temps des colonies ou les étrangers sont soumis à l’arbitraire et où le droit ne s’applique qu’aux personnes de nationalité française”. Elle a ensuite déploré la suppression de l’AME, “garantie de limitation des pandémies”, et le passage au juge unique dans les contentieux d’asile et d’éloignements devant la justice, alors qu’avant, la collégialité était la règle.

Une modification qui inquiétait déjà Julie Moulin, avocate responsable de la permanence dédiée au droit des étrangers du barreau de Montpellier, et membre du SAF, interrogée dans nos colonnes au printemps dernier : « En ce qui concerne le droit d’asile, avant le juge unique était l’exception, maintenant, il va devenir la norme, comme pour tous les contentieux de masse, pour aller plus vite. Sauf que l’intérêt de la collégialité, c’est de croiser les regards. La question du droit d’asile, ce n’est pas que du droit, c’est une connaissance d’une situation culturelle, religieuse, géopolitique, à un moment donné. La collégialité permet le débat. Si le juge est seul, il peut se tromper sur une décision car la situation géopolitique d’un pays a changé et qu’il n’est pas au courant. »

C’est le discours de Shamoun, militant pour les droits des immigrés, notamment des Comoriens à Mayotte, qui a le plus ému la foule : “A ceux qui se demandent d’où vient l’immigration, elle vient des politiciens qui pillent l’Afrique. Monsieur Macron, respectez les gens qui meurent en méditerranée !”

La manifestation s’est terminée en face du parc du Peyrou avec une cantine populaire à prix libre et quelques autres prises de paroles.

Elian Barascud

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