“Oui aux contournements routiers de Montpellier” : quand La Gazette sert (encore) de passe-plats à la bourgeoisie locale

Le Poing Publié le 2 août 2024 à 17:26 (mis à jour le 21 août 2024 à 11:16)
La Gaztte de Montpellier est un hebdomadaire qui parait le jeudi. (Photo d'illustration "Le Poing")

Dans son édition du jeudi 1er août, La Gazette de Montpellier laisse une tribune au Cercle Mozart, très select et influent club local regroupant grands patrons, cadres dirigeants, universitaires, promoteurs ou avocats du Clapas, pour défendre le LIEN et le Contournement Ouest de Montpellier. Le Cercle se positionne ainsi contre les mobilisations écologistes, orchestrées selon ses membres par “une minorité bruyante” contre “une majorité silencieuse”

Au Poing, on le dit souvent, mais la presse dominante n’en finit plus de se vautrer dans la décadence. La Gazette de Montpellier, hebdomadaire biberonné à l’argent public qui aura forgé des générations de bobos pseudo-branchés montpelliérains, acquis à la social-démocratie de la bonne conscience de couche moyenne high-tech, nous a fait une belle démonstration de service de soupe aux bourgeois dans son édition du 1er août.

Au menu des insipides pages ce de city-mag feel-good, entre une carte des lieux de baignades dans l’Hérault et une mignonne photo de bébé rhinocéros né au zoo de Montpellier, on découvre une tribune pour le moins particulière, rédigée par le Cercle Mozart. Nos camarades et confrères du journal indépendant L’Empaillé en parlaient en 2021 de la manière suivante : “Trois cents hommes s’y réunissent chaque mois à Montpellier : grands patrons, cadres dirigeants, universitaires, promoteurs ou avocats ont été cooptés par leurs semblables et ont payé un droit d’entrée. Ce « Cercle Mozart » est l’un des plus influents de l’Occitanie. On ne connaît pas la liste de ses membres mais on sait qu’il est interdit aux femmes. […] Cette classe sociale qui ne compte que quelques milliers d’individus en Occitanie assure sa reproduction et sa domination sur le reste de la société par l’entremise de ces lieux de rencontre qui rythment le quotidien de ses membres. Ils leur permettent d’entretenir, renforcer et élargir un ensemble de relations qui constituent leur « capital social » et feront fructifier leur capital économique et culturel.”

La tribune, rédigée par ce groupe se présentant comme “une association loi 1901 dont le but est de favoriser les échanges d’idées et d’expériences sur les questions relatives aux grands problèmes économiques, financiers, sociaux, environnementaux et culturels du grand Sud” est un plaidoyer en faveur des contournements routiers autour de Montpellier. Parmi eux, la Liaison Intercommunale d’évitement nord de Montpellier (LIEN), projet dont le dernier tronçon entre Saint-Gély-du-Fesc est Grabels est en cours, transformant 70 hectares de garrigue ou vivent environ 130 espèces protégées en périphérique de liaison entre l’A9 et l’A75. Des mobilisations ont eu lieu, notamment à l’automne dernier, pour s’opposer au chantier.

Autre chantier routier plébiscité par les nantis locaux, le Contournement Ouest de Montpellier (COM) : Imaginé dans les années 90 et déclaré d’utilité publique en 2021, il prévoit six kilomètres de deux fois deux voies entre Juvignac et Saint-Jean-de-Védas. La maitrise d’ouvrage sera confiée à la multinationale Vinci, pour un début des travaux prévu en 2025-2026, et le commissaire-enquêteur chargé de l’enquête publique du dossier a rendu un avis favorable au projet il y a quelques jours. Un collectif se mobilise pour faire des recours en justice afin d’annuler sa construction.

Des mobilisations écolos que le Cercle Mozart décrivent comme celles d’une “minorité bruyante” qui tente de “s’imposer face à la majorité silencieuse”. Pour étayer son propos, le cercle se base sur un sondage paru en septembre dernier où l’on pouvait lire que 86% des personnes interrogées seraient favorables au COM, sans mentionner que le-dit sondage était commandé par… Vinci.

Bref, nous ne ferons pas mine ici de découvrir que cette caste de privilégiés à la façade repeinte en verte à la hâte (ils sont quand même pour “la décarbonation” et les transports “collectifs”-il faudra attendre l’avant dernier paragraphe pour voir le terme “publics” apparaître-) n’en a pas grand chose à faire des glaïeuls douteux et des loutres d’Europe arrachés à leur environnement naturel près de Grabels, car tout ce qui les intéresse, c’est leurs profits. On peut par contre déplorer (sans s’en étonner pour autant) le fait que La Gazette ne les aient pas présentés tels qu’ils sont en réalité : des bourgeois. Mais soyons rassurés, il est précisé en fin d’article qu’“aucun membre du Cercle n’a de mandat politique.” Ouf, sauvés !

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