“Sans image, sa mort aurait été étouffée” : nouvel hommage à Mohamed Gabsi, asphyxié par la police biterroise

Jules Panetier Publié le 9 décembre 2020 à 12:19 (mis à jour le 9 décembre 2020 à 12:22)
Des membres du collectif « Justice pour Mohamed » étaient présents à Montpellier le 21 novembre 2020 pour la manifestation contre la loi « sécurité globale » (extrait d'une photo de Samuel Clauzier)

Ils étaient une quarantaine ce mardi 8 décembre à occuper la place Garibaldi, à Béziers, pour un nouvel hommage à Mohamed Gabsi, décédé le 8 avril 2019 peu après son interpellation par la police municipale.

Des bougies en hommage au défunt ont été déposées lors du rassemblement à Béziers, le 8 décembre 2020

En plein confinement, Mohamed Gabsi est arrêté par la municipale pour non-respect du couvre-feu mis en place par le maire d’extrême droite Robert Ménard. Il meurt quelques instants plus tard dans les locaux de la police. Dans un premier temps, des médias, en particulier Midi Libre et le Métropolitain, relaient les propos injurieux des autorités selon lesquelles Mohamed Gabsi ne serait qu’un toxicomane violent qui, au fond, l’aurait bien cherché. Le parquet ouvre une enquête pour homicide involontaire.



Dès la fin du premier confinement se monte dans la ville un collectif d’associations et d’individus décidés à épauler l’entourage du défunt, en quête de justice et de vérité, tout en sensibilisant la population à une problématique qui résonne très fortement à Béziers.

Le 4 juin, le journal d’investigation montpelliérain Le d’Oc dévoile les conclusions d’un premier rapport d’autopsie, confirmant une mort liée à une pression trop importante au niveau des cervicales, causant de nombreux dégâts ainsi qu’un syndrome asphyxique. Une technique policière connue pour ses risques mortelles.

Depuis, le collectif « Justice pour Mohamed » est de tous les combats : marche blanche rassemblement 750 personnes, manifestations consécutives à la mort de Georges Floyd aux États-Unis, défilés contre la loi « sécurité globale », etc. Houda Gabsi, la sœur du défunt, est d’ailleurs venue rappeler lors de la manifestation montpelliéraine du 21 novembre que sans images, l’affaire aurait été étouffée.

Robert Ménard a grandement participé à une décomplexion de la violence chez les policiers municipaux de la ville. Un exemple parmi tant d’autres : en 2015, une campagne d’affichage vante la dotation en armes à feu de ses agents – « Désormais la police municipale a un nouvel ami » –, suscitant des remous jusqu’au ministère de l’Intérieur.

Preuve que ce combat est d’une nécessité absolue, les autorités judiciaires classent fin septembre l’affaire Godefroid Djinekou, mort lui aussi à Béziers suite à l’intervention d’agents de la brigade dite d’anticriminalité. Alors qu’il déambulait dans la rue en pleine crise de démence, nu et sans arme…

Depuis 1977, on compte 676 personnes mortes à la suite d’interventions policières ou du fait d’un agent des forces de l’ordre, dont 82 décédées alors qu’elles étaient en état d’arrestation dans un commissariat ou une gendarmerie, ou lors de leur transfert alors qu’elles venaient d’être interpellées, sans évoquer toutes les victimes qui n’ont pas été recensées.

Les bitteroi·es qui le souhaitent peuvent assister aux réunions du collectif et avoir des informations au travers de sa page facebook. Certains de ses membres seront présents lors des mobilisations contre la loi « sécurité globale », à Montpellier et Béziers. Et d’autres rassemblements en hommage à Mohamed Gabsi sont prévus, tous les huit de chaque mois.

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