Une milice cagoulée et armée tabasse des étudiants en lutte sous le regard complaisant du doyen de la faculté de droit de Montpellier

Le Poing Publié le 23 mars 2018 à 13:25 (mis à jour le 27 février 2019 à 13:47)

Scène surréaliste la nuit dernière dans la faculté de droit et de science politique de Montpellier. La cinquantaine de lycéens et d’étudiants qui occupaient l’amphi A, dans le cadre de la mobilisation contre la loi Vidal, se sont fait taser et taper à coups de bâtons par une dizaine d’hommes cagoulés. Au moins trois personnes seraient partis à l’hôpital dans la foulée. Tous les témoignages désignent le doyen de la faculté de droit et de science politique de Montpellier, Philippe Pétel, comme le commanditaire de l’attaque.

« Sortez, ça va rentrer »

Le témoignage de Camille* est accablant : « Je suis arrivé peu avant le début de l’attaque et le doyen a cru que j’étais de son côté. Du coup j’ai tout entendu. Le doyen a d’abord réuni les étudiants qui étaient contre l’occupation et il leur a sommé de se rassembler dans un coin de l’amphithéâtre. Ils ont compté le nombre de personnes présentes dans l’amphi et ils ont dit ‘‘ok, c’est bon.’’ Ensuite, ils ont fait placer les personnels de la sécurité-incendie en haut de l’amphi et au bord de la porte extérieure qui donne sur la rue. Après, l’un des subordonnés du doyen a ouvert une porte au fond du hall d’entrée qui était restée fermée toute la soirée. Une dizaine de personnes sont arrivées, la plupart cagoulées et armées de bâtons qui ressemblaient à des sortes de bouts de palette. Le doyen leur a ordonné d’aller dans l’amphi occupé, et ils se sont mis à taper tout le monde. La sécurité-incendie a fait semblant de ne pas trop savoir ce qu’il se passait. Quand les étudiants ont fui en se faisant taper, le doyen m’a regardé en faisant un pouce levé. J’ai vu quelqu’un se faire tazer au sol. Quand tout le monde était dehors, les grilles de la faculté se sont fermées, ce qui veut bien dire que les gens cagoulés sont restés avec le doyen. Il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas comprendre que l’attaque a été mené sur ordre du doyen ».

Cette version des faits est attestée par de nombreux témoignages, comme celui de Maël* : « un membre du personnel de l’administration, qui a visiblement cru que j’étais de son côté, m’a dit juste avant l’attaque ‘‘sortez, ça va rentrer’’ ». Sous les cagoules des assaillants, un étudiant a cru reconnaitre certains de ses professeurs. Antoine* a quant à lui distinctement entendu le doyen dire : « qui sème le vent récolte la tempête ». Dans une interview donnée à France 3, le doyen de la faculté de droit et de science politique affirme « être fier de ses étudiants », sous-entendu, de ceux qui ont mené cette opération.

*Prénoms modifiés

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