Dylan et Casti, éborgnés par la police, condamnés par la justice

Le Poing Publié le 20 juillet 2019 à 02:36 (mis à jour le 20 juillet 2019 à 10:51)
Dylan, en noir, et Casti, en blanc
Deux manifestants, interpellés et placés en garde à vue le 8 juin à Montpellier lors de l’acte 30 des gilets jaunes, sont passés hier au tribunal de grande instance de Montpellier pour « dégradation ou détérioration du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes ». Ils ont déjà subi la répression dans sa forme la plus brutale, puisqu’ils ont tous les deux été éborgnés par la police : Casti, supporteur de la Butte Paillade et militant anticapitaliste, a été mutilé en 2012 par un tir de flashball et Dylan, gilet jaune, a reçu un éclat de grenade de désencerclement à l’œil le 27 avril lors de l’acte 24. Ils ont tous les deux été condamnés.

3 mois de prison avec sursis pour Dylan

Dylan a reconnu avoir jeté « par pulsion », lors de l’acte 30, un papier en feu dans une poubelle. Selon le parquet, les flammes ont été éteintes par un commerçant. Dans les faits, rien ne permet d’indiquer que la poubelle a brûlé et l’accusation a été requalifié en « tentative de dégradation ou détérioration ». Le juge a reproché au jeune homme tout juste majeur de « s’enferrer sur le chemin de la délinquance », avant de lui demander pourquoi il était en noir plutôt qu’en gilet jaune lors de la manifestation. « Parce que le gilet jaune fait de nous une cible » a répondu Dylan. Son avocat a précisé qu’il « avait des bandes jaunes fluo sur le pantalon. S’il était venu pour casser, il n’aurait pas mis de signe distinctif ! » Le procureur a requis à son encontre quatre mois de prison ferme sans mandat de dépôt, et le juge l’a condamné à trois mois de prison avec sursis.

500€ d’amende payables en 100 jours pour Casti

Casti a fait le choix d’affronter le tribunal seul, sans avocat, en faisant preuve d’une verve à faire pâlir le barreau de Montpellier. Le juge lui a également reproché un feu de poubelle. Un policier l’aurait vu à l’intérieur de la poubelle en train de l’incendier. Il nie les faits. « Je venais juste constater les violences policières » a-t-il expliqué au juge, en montrant son œil mutilé. Un assesseur a demandé à en savoir plus sur sa blessure ; Casti ne s’est pas fait attendre : « En 2012, j’étais en terrasse, et j’ai pris un flashball dans l’œil. »

Sitôt qu’il ait répondu, le procureur a blâmé « les incendiaires qui ne servent qu’à apporter un peu plus de tension à une manifestation déjà tendue », avant de requérir 120 heures de travaux d’intérêt général, mais Casti a explicitement annoncé qu’il ne soumettrait pas à ce labeur forcé. Il a finalement été relaxé pour « participation à un attroupement en vue de commettre des violences et des dégradations » et l’accusation de feu de poubelle a également été requalifiée en « tentative de dégradation ou détérioration », ce qui lui a valu une condamnation à 500€ d’amende payable en 100 jours.

À la sortie du tribunal, un comité de soutien attendait Dylan et Casti, non seulement pour exprimer leur solidarité, mais aussi pour dénoncer cette situation ubuesque où des personnes mutilées par la police se retrouvent condamnées par la justice pour des accusations dérisoires alors que leurs agresseurs, des policiers, ne sont pas inquiétés par les juges.

Panneau de photos de personnes mutilées par la police, notamment de gilets jaunes, érigé devant le tribunal de grande instance de Montpellier à l’occasion du rassemblement de soutien à Dylan et Casti, le 19 juillet 2019.

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