Alerte urgente contre folie sécuritaire des J.O.

Le Poing Publié le 23 février 2023 à 19:36
Caméras de surveillance à Lyon près des Halles Paul-Bocuse / Benoît Prieur

Sous prétexte des Jeux olympiques de 2024, une loi est en train d’être adoptée en catimini, autorisant la vidéosurveillance automatisée. Un pas de plus vers une société de surveillance intégrale, où des algorithmes décideront de ce que nos comportements pourraient avoir d’”anormal”. Des actions se préparent sur Montpellier

« Par moments, je me demande si la Réforme des retraites ne sert avant tout à dissimuler les autres lois gravissimes qui sont en train d’être adoptées, quasiment sans que personne n’en parle » souffle l’une des participantes à une réunion à La Carmagnole ce mardi 21 février 2023. Outre la loi anti-squats et anti-locataires, la loi anti-migrants, voici donc le projet de loi relatif aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024. C’est dans la semaine du 13 mars que l’Assemblée devrait l’adopter, selon une procédure d’urgence devenue banale dans la version macroniste musclée du leurre institutionnel démocratique.

Plus précisément l’article 7 de cette loi (n°7, décidément…) inquiète. Il porte intégralement sur la sécurisation de ces événements. Les mesures qui y sont prévues sont annoncées “à titre d’expérimentation”. Mais bon, on sait qu’attendre de ce genre de mesures à l’essai : déjà à ce stade, il est prévu qu’elles s’étalent toute l’année suivante 2025, en concernant alors tout type de rassemblements populaires, sportifs, musicaux, marchés de Noël, etc.

La disposition principale : la légalisation de la vidéosurveillance automatisée. On sait que la vidéosurveillance traditionnelle est d’une “efficacité” ridicule, même aux yeux de ceux qui la prônent. On a donc trouvé la parade : ce n’est plus un œil humain qui s’attèlera à des centaines d’heures d’observation d’écrans, fastidieuse et aléatoire. Ce sont des algorithmes qui seront à même de détecter des comportements jugés suspects, et de déclencher l’alerte provoquant une intervention policière.

Que sont des comportements supects : évidemment écrire un tag sur un mur, mais aussi s’attarder longtemps en position statique, avoir l’air de se regrouper, s’asseoir au sol, faire la manche, avoir une démarche inhabituelle. On connaît les biais de ces “intelligences”, qui ont tôt fait de considérer que porter des dreads locks est suspect, avoir la peau basanée tout autant, et pourquoi pas une démarche rendue atypique par un trouble neuro-psychique.

La réunion montpelliéraine se déroulait à l’initiative du collectif Technopolice, issu du grand mouvement contre la Loi Sécurité globale, en son temps. L’intitulé l’indique : il s’agit d’exercer une veille, et lancer l’alerte, sur toutes les innovations en matière de technologie policière, allant toujpurs dans le sens d’une réduction des libertés publiques, au profit d’un accroissement de la surveillance et du contrôle.

La Ligue des Droits de l’Homme est particulièrement active dans ce cercle. Mais on comptait aussi des représentants d’associations qui oeuvrent auprès des plus démunis, celleux dont la vie sociale se déroule plus que pour d’autres dans l’espace public, cibles de premier plan pour la surveillance quotidienne. On détecte moins de comportements suspects du côté de l’Aiguelongue qu’à Plan Cabanes (et cela restera à coup sûr l’un des grands marqueurs idéologiques de la triste mandature Delafosse/ François Villette/ Sébastien Cote/ Michel Calvo/ Hugues Moutouh à la rescousse, à la tête de Montpellier.)

Le rapport intoductif a mentionné que même la très pondérée C.N.I.L. (Commission nationale informatique et liberté) voit dans la Vidéosurveillance automatisée « un changement de paradigme dans la suveillance publique ». Son implantation se fait de manière accélérée. Au nom des intérêts français dans la concurrence internationale (la Chine en premier lieu) des start up équipent à tour de bras des communes, déjà au nombre de deux cents à y avoir recours hors tout cadre légal.

L’exactitude des techniques employées reste totalement opaque. C’en est au point que même les particuliers trouvent aisément de quoi s’équiper via l’Internet. A un autre niveau, les Régions, pourquoi pas de gauche, sont fières d’équiper l’intérieur des trains (selon quel cadre légal?), les établissements scolaires (cela coûte tellement moins cher que des A.S.E. qualifiés en relations humaines).

La ligne de mire est le “Crédit social” qui pousuit les citoyens chinois dans leur moindre comportement. « Le problème est que les gens ne se saisissent pas de ces questions. Ils sont convaincus que c’est de la science-fiction, très éloignée d’eux, contrairement à la date de leur retraite, par exemple. Mais ils se trompent, cette évolution est de toute actualité » déplorent les militants. Une femme solidaire de la cause palestinienne a rappelé la logique ultra-répressive et finalement purement guerrière contre les populations sous occupation, qui anime le recours des experts israéliens à ces techniques, dans lesquelles ils excellent. C’est encore une autre perspective.

Le second volet de la réunion a porté sur les actions possible dans un temps si court. A l’échelon national, La Quadrature du Net se bat pied à pied sur ce front. Il faut se reporter à l’adresse lqdb.fr/biometrie-jo pour se tenir informé au mieux. Coincée par les délais, cette association promeut actuellement une pétition adressée aux seuls élus, en espérant qu’un nombre suffisant se prononce en opposition à la vidéosurveillance automatisée pour que cela produise un effet d’alerte sur les députés.

A Montpellier, certains placent encore quelques espoirs dans la municipalité Delafosse. Ne vient-elle pas de se faire remarquer en votant contre l’installation de la reconnaissance faciale (une autre des techniques qui nous pend au nez). Cela à l’initiative d’élus EELV. Un maire de gauche serait-il tenté de donner un autre coup de frein sur la pente orwellienne de la société néo-libérale ?

La composante anarchiste à tiqué sur ce point : « Il ne faudra pas compter sur nous pour aller demander aux élus dont la fonction est de nous piquer le pouvoir, d’avoir la gentillesse de nous en piquer un tout petit peu moins ». A l’heure qu’il est, la glorieuse police municipale montpelliéraine a ouvert un nouveau front, qui est d’infliger des amendes aux artistes de rue. Et voici huit jours, elle se vantait d’intégrer les contrôleurs de la TAM au continuum de sécurité, de sorte qu’être dépourvu de titre de transport se termine par des vérifications au fichier des personnes recherchées !

Le contexte de la manifestation (espérée) géante du 7 mars sera favorable à la sensibilisation. Et d’autres actions sont envisagées. 

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