Laïcité à Montpellier : pour les fêtes de la Saint-Roch, la Libre pensée fait une piqure de rappel

Elian Barascud Publié le 13 août 2024 à 11:42 (mis à jour le 14 août 2024 à 12:09)
Procession de l’Église Saint-Roch à Montpellier (capture d'écran d'une vidéo publiée en 2015 sur la chaîne youtube de la ville de Montpellier)

Si depuis 2021, la mairie socialiste a lâché du lest sur l’organisation des festivités de la Saint-Roch en ne finançant plus des fêtes religieuses, la Libre Pensée, association de lutte pour l’application de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, dénonce encore le fait que la Ville fait indirectement la promotion du culte catholique

Les 15 et 16 août sont marqués à Montpellier par la célébration de Saint-Roch, personnage légendaire dont l’existence a été remise en question par l’historien Pierre Bolle, qui affirme « qu’on ne peut mettre en évidence la moindre trace de culte ancien à Montpellier qui se raccroche à la figure de Roch de Montpellier. »

Il n’empêche que pendant de nombreuses années, l’association internationale Saint-Roch, qui organise ces festivités culturo-religieuses à base de messes et de processions, a été biberonnée aux subventions. Argent public, qui, selon La Libre Pensée, -association dont le but est de veiller au respect de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État dont Jean Jaurès fut membre– servait jusqu’il y a encore quelques éditions à financer des activités religieuses.

Il faudra attendre 2021 pour que la subvention allouée à l’association qui organise cet évènement ne finance plus directement de culte religieux, mais des activités “culturelles”. Ainsi, la Libre Pensée écrivait à ce-moment là : « En effet, cette année, les fêtes de Saint-Roch ont pu se tenir tout en respectant la loi de 1905 : l’association qui en porte le nom a établi un programme dans lequel il n’y a aucune mention des messes et des processions, se contentant de proposer des déambulations et des concerts ; les 7 000 euros d’argent public n’ont donc pas été destiné, à notre connaissance, à inviter la population aux offices religieux aux côtés de la mairie et du diocèse contrairement aux autres années. De son côté, l’Église catholique a fait son propre programme, cultuel, mais indépendant, et, on peut le supposer, sans le moindre argent public. »

Il en est de même cette année : sur les sites institutionnels liés à la Ville, aucune mention des messes et processions, seulement des défilés avec des lanceurs de drapeaux et des militaires. La Libre Pensée suppose donc que les 14 000 euros d’argent public alloués cette année à l’association internationale Saint-Roch n’ont là encore pas servi à financer des messes, et se félicite de ce recul lié à des années de combat de leur part.

Néanmoins, ses militants accusent toujours la Ville de promouvoir indirectement le culte catholique en co-organisant ces fêtes, bien que présentées comme culturelles et festives : en effet, au début de l’année 2024, ils avaient rédigé un courrier à Michaël Delafosse, maire de Montpellier qui s’est vu remettre un “prix de la laïcité” en décembre dernier, pour souligner le fait que la « participation au défilé –annoncé quant à lui sur les sites institutionnels de la Villedu 132ème régiment d’infanterie cynotechnique », et « les unités militaires cynotechniques (travaillant avec des chiens) sont sous le patronage de saint Roch ».

Le mot “identitaire”, présent sur la communication de l’association internationale de Saint-Roch pour décrire l’édition 2024 de leurs festivités a également fait tiquer les militants de la Libre Pensée. Joint au téléphone, l’un d’eux explique : « Identitaire, ça veut dire que ce qui nous définit, ce n’est donc plus la République, mais notre identité lié à la religion ? C’est une vision à géométrie variable de la laïcité : le maire de Montpellier, homme de gauche, crée une charte de la laïcité servant à stigmatiser les associations de confessions musulmanes, mais se montre bien plus permissif quand il s’agit du culte catholique… »

Outre Montpellier, la Libre Pensée a également le regard tourné vers Béziers, où comme chaque année, la mairie d’extrême-droite co-organise une messe en ouverture de la féria -prévue cette année le 14 août-. Messe ou Hugues Moutouh, ancien préfet de l’Hérault, avait posé en compagnie du couple Ménard en écharpe tricolore, violant ainsi le principe de neutralité de l’État face aux cultes. Si elle dénonce cette entorse à la loi de 1905 cette année encore, l’association n’entend pas faire de recours en justice comme elle fait chaque année au moment de Noël quand Robert Ménard installe des crèches de la nativité en mairie. Mais ses militants le rappellent encore et encore : “La laïcité n’est pas un principe fourre-tout où on peut mettre n’importe quoi derrière ou une valeur à défendre, c’est une loi qu’il faut appliquer.”

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