Montpellier : expulsion du bidonville avenue de Maurin, des personnes sans solution de logement

Ce jeudi 28 août, le bidonville situé avenue de Maurin a été expulsé, laissant 13 personnes, dont des enfants en bas âge, sans solution de relogement pérenne. La coordination du travail social en lutte avait appelé à un rassemblement devant le lieu pour “rendre visible la politique de l’État et de la ville”
Sous une pluie fine, un agent d’Enedis s’affaire à couper l’électricité du camp pendant que quelques personnes rassemblent leurs affaires au milieu d’habitations de fortunes, partiellement détruites. Depuis deux ans et demi, ils étaient environ 80 à vivre sur ce bidonville qui jouxte la voie ferrée, près du quartier de la Croix d’argent. Si la plupart ont été relogées de manière provisoire, 13 personnes occupent encore les lieux, dont trois enfants de moins de trois ans. Attila en fait partie. “On a aucune solution, on ne sait pas où l’on dort ce soir, ma famille et moi”, explique-t-il. Autour de lui, des travailleurs sociaux de l’association humanitaire AREA, qui accompagne les personnes sans logement fixe, multiplient les appels au 115 pour essayer de leur trouver une place dans un hébergement d’urgence.

Des solutions manquantes ou inadaptées
Une partie de l’équipe d’AREA s’est mise en grève ce jeudi pour alerter sur “la politique de l’État et de la ville”, et la coordination contre les coupes budgétaires dans le travail social en lutte a appelé a un rassemblement devant le bidonville, en soutien aux travailleurs de la structure.
De son côté, la Ville de Montpellier affirme avoir “mis l’ancienne auberge de jeunesse municipale située rue des Écoles Laïques, à disposition de l’association Quatorze, spécialisée dans l’architecture sociale et solidaire, pour un projet d’habitat temporaire permettant d’accueillir la moitié des occupants du bidonville soit 10 ménages. Les autres ménages étant orientés vers des dispositif d’accueil, voire directement sur un logement pérenne”.
Cela ne convainc pas Antoine, salarié d’AREA et syndiqué chez Sud sanitaire-social : “Les solutions d’hébergements proposées ne sont pas pérennes, et souvent, ne conviennent pas. Les logements sont trop petits, ou pleins de punaises de lit, et les places d’hébergement d’urgence manquent. Ici, les personnes travaillent, légalement, en temps que ferrailleur ou dans l’éco-recyclage, ils ont donc besoin d’un espace pour ces activités, ce que ne permettent pas les solutions de logements proposées. Beaucoup de gens ici viennent du bidonville de Celleneuve, expulsé en 2022. C’est bien la preuve que la politique de résorption des bidonvilles de la mairie via le village de transition de la Rauze ne fonctionne pas.”
Alors qu’une compagnie de CRS et un huissier interviennent dans le bidonville, Léonard, un habitant resté à l’extérieur, raconte. “On m’a proposé un hébergement d’urgence collectif, mais c’est comme la prison, je dois rentrer à une certaine heure, je ne peux pas m’absenter quelques jours, ni recevoir ma famille. Ce soir, je compte dormir dans ma voiture, mais la police ne me laisse pas re-rentrer pour récupérer mes affaires.”
De son côté, la direction de l’association AREA prévoit d’organiser une conférence de presse mardi 2 septembre pour “réagir à froid” à l’expulsion.
Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :
ARTICLE SUIVANT :
