Retraites : 3ème round à Montpellier ou comment tenir dans la durée pour gagner
Troisième journée de grève et de manifestation ce mardi 7 février à Montpellier, comme dans plus de 200 villes, contre la réforme des retraites, dans une unité syndicale qui persiste.
Effectivement le nombre de manifestant·es était un peu moins important que mardi dernier, un peu plus de 15 000 à Montpellier dit la CGT, 1500 à Sète et 5000 à Béziers. Mais le nombre concernant cette journée n’est pas le seul élément à prendre en compte car une nouvelle manifestation doit clore la semaine, ce samedi 11 Janvier à 13h sur les berges des rives du Lez. Et deux journées de mobilisation dans la semaine, cela commence à compter. Même si comme nous le confie un délégué de la CGT : « la manifestation de samedi sera plutôt sociétale. Ce qui n’est pas dans nos objectifs de s’inscrire dans une mobilisation de grèves reconductibles permettant d’engager une lutte qui pourrait gagner.». Ceci étant dit, la journée de samedi sera sans doute l’occasion d’évaluer le mécontentement des non-grévistes. D’autant que la période qui s’annonce, avec l’étalement des vacances scolaires sur les 3 zones, risque d’être une difficulté dans la dynamique d’une mobilisation qui persiste et s’étend.
La manifestation a suivi le même parcours que le 31 janvier (et que le 19 janvier… sic.) de la place Zeus au Peyrou puis à la Comédie avec le long du parcours du café offert en soutien aux manifestant·es par la Biocoop du Courreau. On a pu voir à nouveau tous les syndicats et partis politiques. Un cortège CGT en tête très fourni et mais également un beau cortège de jeunes, facultés et lycées, très dynamique et plus nombreux que les fois précédentes. Ce qui a fait dire dans la prise de paroles à la fin par le leader CGT « maintenant les étudiants rentrent dans le mouvement » . Par contre la CFDT avait un cortège bien plus mince que la semaine dernière ce qui évoque sans doute cette fameuse question de l’unité syndicale dont le Poing écrivait pour le premier rassemblement du 13 janvier devant la préfecture qu’elle « était aussi attendue qu’espérée ». Le cortège Solidaires, en queue de défilé, semblait lui clair sur les objectifs : les journées de mobilisations de suffisent pas. Autrement dit : passons d’une grève d’opinion à une grève de combat.
Le Poing a évoqué cette question avec différentes personnes lors de la manifestation. Un délégué de la CGT a évoqué « cette unité aussi miraculeuse que fragile car elle existe autour d’une seule revendication commune : le refus du recul de l’âge à 64 ans. Ce qui explique également la présence de nombreux secteurs de la population dans la rue, c’est cette mesure qui est inacceptable». Pour autant, les modalités d’action sont difficiles à trouver, par exemple une institutrice à la retraite rencontrée explique que pour ses collègues en activité « c’est le troisième jour de grève et entre deux journées de mobilisation prévues dans la même semaine elles ont préféré choisir le samedi plutôt que de perdre encore une journée de salaire. Les caisses de solidarité ont d’ailleurs du mal à se remplir à la fois à cause de l’inflation mais également sans perspective concrète quand les journées de grève sont ponctuelles, trop parsemées dans le temps ».
En 1995 la mobilisation dans la rue et le mouvement social a mis trois semaines pour faire plier le ministre Juppé, «on ne reproduira pas 1995» nous dit un délégué de Solidaires «on sait aussi qu’une seule journée de grève de temps en temps sans passer à un stade supérieur c’est une impasse pour un mouvement». Plus loin dans la manifestation la rencontre de deux militant·es de Sud Rail permet d’évoquer la grève reconductible : « c’est un sujet à l’ordre du jour dans chacune de nos assemblées générales cela le sera encore mais sous couvert de l’unité syndicale, c’est la première chose à préserver l’unité syndicale pour la décision de toute forme d’action. » En allant à la rencontre de militants de la CGT des hôpitaux, le Poing apprend que pour l’instant il n’y a pas d’assemblées générales au CHU et cette question n’est pas évoquée. Dans les prises de parole de la CGT à la fin de la manifestation cette question a été énoncée : inscrire dans la durée le mouvement, alors que le débat au Parlement est ouvert. « Cette réforme est rejetée par l’ensemble des syndicats et de la population , la seule réponse à obtenir du gouvernement c’est son retrait. Pour cela débattons partout y compris de la grève reconductible ».
Nous en sommes à un moment d’étape dans la mobilisation. Préserver l’unité syndicale c’est bien. Gagner, c’est mieux.
Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :