Montpellier. Gilets jaunes en procès pour outrage : Alliance PN se porte partie civile, la LDH soutient les prévenus
Le Poing
Publié le 26 juin 2019 à 15:17 (mis à jour le 26 juin 2019 à 17:13)
Intervention des policiers pour interpeller les gilets jaunes accusés d'outrage, le 14 mai 2019 devant la Maison du peuple de Montpellier (ancien Royal occupé)
Ce jeudi matin, quatre gilets jaunes comparaîtront au tribunal de grande instance de Montpellier pour répondre d’« outrage en réunion sur personnes dépositaires de l’autorité publique ». À cette occasion, plusieurs syndicats, dont la CGT et Solidaires Étudiant·e·s, et les deux legal-teams de Montpellier, la Ligue des droits de l’Homme et l’assemblée contre les violences d’État, ont signé les appels à se rassembler devant les grilles du tribunal (place Pierre Flotte) à 8h30 pour soutenir les accusés. De leur côté, les policiers sont soutenus par le syndicat Alliance police nationale.
Des détentions provisoire évitées de justesse
Le procureur reproche à ces quatre personnes d’avoir chanté des slogans anti-flics souillant la mémoire d’une policière suicidée, le 29 avril devant le tribunal de Montpellier, lors d’un rassemblement de soutien à un gilet jaune condamné à trois ans de prison pour dégradations. Trois des quatre prévenus faisaient l’objet d’une fiche de recherche et ont été interpellés le 14 mai aux abords de l’ex-maison du peuple (ancien Royal Occupé). La quatrième a été arrêtée chez elle le 16 mai. Pendant les gardes à vue, les avocats désignés par les prévenus n’ont pas été contactés par la police. Lors des défèrements, le procureur avait requis des détentions provisoires, mais le juge des libertés et de la détention avait décidé de les relâcher sous contrôle judiciaire (pointage hebdomadaire au commissariat et interdiction de paraître près du tribunal de Montpellier).
Un dossier vide
Aucune preuve matérielle ne vient étayer l’accusation. Le dossier est basé uniquement sur des témoignages de policiers, et les prévenus n’ont quasiment rien déclaré lors de leurs auditions. Pour l’assemblée contre les violences d’État, l’intérêt des policiers pourrait avant tout être pécunier : « chaque année, des milliers de plaintes pour outrage sont déposées par des policiers, avec à la clé des dommages et intérêts au profit des policiers, en sachant que leurs frais d’avocat sont pris en charge par l’État au nom de la ‘‘protection fonctionnelle’’ (PF). Même le ministère de l’intérieur dénonce cette situation [dans un rapport] : ‘‘dans certaines circonscriptions, le nombre de dossiers de PF pour outrage est d’autant plus élevé qu’un avocat en est spécialiste, fait sa propre publicité dans les commissariats ; ailleurs, l’avocat est lié personnellement à un fonctionnaire de police et la coïncidence fait que dans le ressort de ce barreau le nombre de dossiers d’outrages est particulièrement élevé…’’ En revanche, les nombreuses plaintes déposées à l’encontre de policiers pour insultes ou mutilations n’aboutissent quasiment jamais. »
Des prévenus largement soutenus
Deux textes – l’un publié par l’assemblée contre les violences d’État, l’autre par la page étudiante « Paul-Va Lève Toi » – circulent sur les réseaux sociaux pour appeler à au rassemblement de soutien aux prévenus demain à 8h30 devant les grilles du tribunal. De nombreuses organisations montpelliéraines classées « à gauche » ont signé les appels : La Ligue des droits de l’Homme, l’Union communiste libertaire, Solidaires, la CGT, la FSU, le collectif « Migrants Bienvenue 34 », le NPA 34, le SCUM, la CNT STTE ou bien encore Le Barricade. Les policiers sont quant à eux soutenus par Alliance police nationale, un syndicat proche de l’extrême-droite (il avait invité les anciens députés frontistes Marion Maréchal-Le Pen et Gilberd Collard lors d’un meeting), mais qui a apporté son soutien à Macron lors des présidentielles. Alliance police nationale va se constituer partie civile lors du procès, ce qui lui ouvrirait des droits pour toucher de l’argent au titre des dommages et intérêts.
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