Résumé de la semaine passée en Occitanie : grèves en cascade, écolos partout, luttes sur le logement etc…
Si la série de journée de grèves syndicales interprofessionnelles sur la question des salaires et des pensions n’a pas rencontré, pour le moment, le succès attendu, les conflits sociaux locaux pullulent en ce moment. De la fonderie aveyronnaise SAM aux travailleurs des relais FNAC-Darty d’Occitanie, en passant par les employés du service psychiatrie de Lavaur dans le Tarn, l’actu de la semaine aura était marquée dans la région par un bouillonnement de journée d’action, de grèves reconduites et de mobilisations pour la défense de l’emploi. Les mobilisations écologistes ne sont pas en reste non plus, entre une marche pour le climat appelée à Montpellier par les jeunes de Youth for Climate, une nouvelle campagne antipub, ou encore un nouvel acte des luttes sètoises contre la bétonnisation.
Dès le début de semaine les syndicats héraultais montent au créneau : les justifications avancées par Kléber Mesquida, président du Conseil Départemental de l’Hérault, à propos de l’arrêt des 40 000 euros de subventions départementales que recevaient les organisations, n’ont pas du tout convaincu… Mesquida trouve un beau prétexte dans les coûts supplémentaires engendrés par l’épidémie de Covid… soit 140 millions d’euros environ, sur un budget primitif de 1,5 milliards d’euros pour l’année 2021. Les syndicalistes ne manqueront pas de lui faire remarquer qu’il emboîte ainsi le pas à Robert Ménard, maire fascistoïde de Béziers qui avait lui aussi coupé les subventions aux syndicats et tenté de les expulser de la Bourse du Travail… En conséquence, les syndicats annoncent que la journée d’action dans la fonction publique territoriale du 31 mars sera dans l’Hérault ponctuée d’un rassemblement devant le Conseil Départemental, à 10h30.
Mardi 22 mars, le Conseil de Montpellier Métropole approuve une convention sur l’installation expérimentale de 50 nouveaux radars. D’abord habilités à verbaliser le passage aux feux rouges et les excès de vitesse, ils sanctionneront à terme l’usage du téléphone au volant, le franchissement des lignes blanches, la circulation sur les espaces réservées aux vélos etc. Des leurres tournants seront installés. Quinze d’entre eux seront fonctionnels dès le mois de septembre 2022.
Côté luttes sociales, une cinquantaine d’infirmières scolaires se réunissent devant le rectorat de Montpellier à l’appel du SNICS-FSU, dans le cadre d’une journée nationale de grève. Revendications : des créations massives de postes d’infirmières scolaires dans l’Education Nationale.
A Lavaur dans le Tarn, c’est le personnel du service psychiatrie du centre Philippe-Pinel qui entame une grève illimitée, avec le soutien d’associations de familles de patients. Manque chronique de personnel, état des locaux, manque de moyens… : les revendications sont nombreuses.
Retour dans le Clapas. Une délégation des 70 locataires de la résidence Léonard de Vinci (quartier Millénaire à Montpellier) manifeste devant l’Hôtel de Métropole. Leur bailleur social, ACM, veut démolir et reconstruire en densifiant (120 à 130 logements avec parkings souterrains). Eux sont bien ou ils sont, et plaident la simple rénovation. Dans l’attente d’une nouvelle entrevue avec ACM prévue jeudi 31 mars, les locataires organisent une marche de 24 heures autour de leur résidence le samedi 26 mars. Prochain rendez-vous le mardi 29 mars à 8h30 devant l’Hôtel de Ville.
Le soir, c’est Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace, qui est invité au local associatif montpelliérain La Carmagnole, pour une conférence sur le thème « Climat : cinq ans pour sauver notre humanité » En guise d’intro à une semaine riche en mobilisations locales sur le sujet.
Mercredi 23 mars, 1500 personnes accueillent la dépouille d’Yvan Colonna pour son arrivée en Corse à Ajaccio dans la soirée. Le militant nationaliste est mort le 21 mars des suites de ses blessures, après une grave agression à la prison d’Arles qui aura déclenché sur l’île une intense vague de mobilisations populaires. Plusieurs recueillements publics devant des bougies et des marches silencieuses de lycéens ont lieu dans le calme. La fac de Corte reste bloquée. Les barrages d’agriculteurs protestant contre la hausse du carburant devant les dépôts de pétrole sont levés pour permettre le deuil, alors que la Corse était au bord de la pénurie d’essence. Quelques jours avant l’annonce du décès de Colonna, une quarantaine de prisonniers politiques corses faisaient une grève des repas pour demander leur rapprochement à Borgo, en Corse.
Plus proche de nous, à Carcassonne, un rassemblement a lieu à l’intérieur du Conseil Départemental de l’Aude à l’initiative de Force Ouvrière Territoriaux. Les syndicalistes demandent des augmentations de salaires pour le personnel.
Toujours à Carcassonne, un rassemblement pour la journée de l’élimination des discriminations raciales a lieu sur la place Carnot en fin d’après-midi.
Direction Albi dans le Tarn cette fois-ci, où une quarantaine de personnes apportent leur soutien à Libre Flot, militant accusé d’association de malfaiteurs à visée terroriste, en détention provisoire, passé par l’isolement et en grève de la faim. Plus d’infos par ici.
Jeudi 24 mars, plus d’un millier de personnes manifestent à Rodez, pour soutenir trois représentants CGT du personnel assignés par les mandataires liquidateurs de la fonderie SAM devant le tribunal. Objectif du jour pour les magistrats : juger de la légalité de l’occupation de l’usine depuis la mi-novembre 2021, et donc de sa poursuite. Délibéré le 29 mars à 14h. La CGT plaide la poursuite des médiations, avec la préfecture de l’Aveyron notamment, qui assure avoir des pistes pour permettre à une activité industrielle de se maintenir sur le site. En attendant quelques 300 anciens salariés préparent leurs dossiers pour assigner les mandataires liquidateurs et les groupes Renault et Jinjiang aux prud’hommes, après plusieurs années de lutte pour la sauvegarde de l’emploi. L’ensemble sera plaidé collectivement à Rodez. Lire notre papier sur la mobilisation ici.
En début d’après-midi, entre 1000 et 1500 retraités convergent sur Montpellier pour une manif bien combative. On y exige une revalorisation immédiate des pensions, et des services publics de qualité, dans le domaine de la santé, du social et du médico-social notamment.
Dans le Tarn, les grévistes du service psychiatrie de l’hôpital de Lavaur sont rejoints par le reste du personnel de l’établissement, la grève reconductible s’étend.
Une conférence devait avoir lieu le soir à la médiathèque de Bagnols sur Cèze, sur le thème des méfaits des pesticides. Elle est annulée au dernier moment par la mairie PS. Cette dernière cède à la pression d’agriculteurs qui ont appelé à manifester.
Dans l’Hérault, à Frontignan, le Secours Populaire organise une braderie géante à l’espace solidaire Muhamad-Yunus, dont les bénéfices sont en bonne part dédiés à la solidarité internationale avec le peuple ukrainien.
Pendant ce temps, et dans un autre registre, le Medef de Béziers lance son espace VIP, un “club réservé aux membres du Conseil d’administration, aux présidents ayant des mandats, et représentants d’entreprises de plus de 50 salariés. Pour les remercier de leur engagement et de leur fidélité.” Depuis le temps qu’on attendait ça !
Vendredi 25 mars, le groupe Extinction Rébellion de Montpellier remplace pour la journée mondiale antipub 300 affiches publicitaires par des informations sur le GIEC à destination des citoyennes et citoyens. Dans les jours précédents des records de température incroyables en Antarctique étaient venus squatter les unes d’une bonne partie de la presse : plusieurs jours à quarante degrés au-dessus des normales saisonnières, des records historiques établis pour un mois de mars battus avec quinze degrés de marge… Depuis 1990, les émissions de CO2 des 0, 001% les plus riches ont augmenté de +107%, alors que celles des classes moyennes ont baissé. La lutte contre le changement climatique est d’abord une bataille sociale.
En parlant de bataille sociale, la RATP est en grève ce vendredi 25. Les salariés sont les premiers visés par la réorganisation du travail liée à l’ouverture à la concurrence du monopole historique de l’entreprise. Autre point de tension : les négociations salariales. Plus d’infos en lisant ce papier de l’excellent média Rapports de Force.
Autre mouvement, dans la région ce coup-ci. Deux jours de grève et de débrayages secouent 13 des relais FNAC-Darty de la région Occitanie vendredi et samedi 25 et 26 mars. Les salariés dénoncent des écarts de salaires injustifiés entre services. Les même salaires qui ont été revalorisés de 11 euros brut cette année, alors que la FNAC enregistre une hausse de 7,4% du chiffre d’affaire entre 2020 et 2021 (un peu plus de 8 milliards de chiffre d’affaire pour 2021)
Le week-end du 26 et 27 mars s’ouvre sur les pré-assises de la presse pas pareille avec Socialter, Le Chiffon, La Mule du Pape, Médiapart et Révolution Permanente, à la librairie Le Monte-en-l’air sur Ménilmontant. Les vrais assises se tiendront elles en juin, suivant la même formule que l’an dernier, au même endroit. On vous tiendra au jus.
Samedi 26 mars, des centaines de manifestants sont dans la rue à Lyon pour protester contre la procédure de dissolution engagée par le ministère de l’Intérieur contre la GALE (Groupe Antifasciste Lyon et Environs), alors que la ville est la proie de violences très régulières de groupuscules fascistes bien installés… Dans le cortège, des drapeaux palestiniens, qui viennent rappeler la procédure de dissolution engagée contre l’organisation de solidarité internationale « Palestine Vaincra »au début de l’année… Pour un point de vue sur la dissolution annoncée de la GALE, lire notre article ici.
Dans l’après-midi et toujours dans le ton antifasciste, une rencontre-débat a lieu en pays héraultais, à Béziers, salle de la Colonie Espagnole, sur le thème “Défendre les droits et les libertés : combattre les idées d’extrême droite”, avec la Ligue des Droits de l’Homme aux commandes.
Le matin à 11h, sur la place Aristide Briand à Sète, le Collectif Bancs Publics appelait à une nouvelle mobilisation, comme la semaine précédente, et qui aura réunie quelques dizaines de personnes. La mairie veut construire un nouveau parking de 300 places en rasant cette place, les écologistes et citoyens opposés au projet dénoncent une bétonnisation toujours plus importante et dangereuse, et ici plus précisément la menace qui plane sur les vieux tilleuls de la place. Plus d’infos sur cette lutte bien enracinée sur le site du collectif Bancs Publics.
Le centre-ville de Montpellier verra se croiser deux manifs dans l’après-midi. D’un côté les jeunes qui ont répondu à l’appel de Youth for Climate sont quelques centaines à attirer l’attention sur le réchauffement climatique. Pas la grande déferlante de grèves et de manifs que la jeunesse mondiale a su orchestrer ces dernières années, mais beaucoup de pêche dans le cortège. Le récit par Le Poing, c’est par là.
Par ailleurs les opposants à l’obligation vaccinale pour certains professionnels se retrouvent place de la Comédie dans un premier temps, pour un concert organisé de longue date, malgré quelques imprévus. Et finissent par déambuler à quelques centaines dans les rues de l’Ecusson montpelliérain.
Dimanche 27 mars, plusieurs assos et groupes écolos montpelliérains s’embarquent pour une nouvelle opération de ramassage des déchets sur les rives du Lez. Avec Greenpeace Montpellier, Océan Protection, Montpellier Zéro Déchet, Surfriders, Le GNAUM (groupe des naturalistes de l’université de Montpellier), le CESAM Plongée et les Kayakistes de Mer de Palavas.
Pendant ce temps, la place Aristide Briand de Sète passe des écolos aux mal-logés. Un autre rassemblement y est organisé par le collectif local Droit Au Logement et des associations humanitaires, dans le cadre de la journée européenne d’actions contre le mal logement et la spéculation. Si la ville de Sète est particulièrement exposée à ces problèmes, elle voit aussi se développer des luttes originales et parfois victorieuses autour du logement et de la précarité. Le Poing vous en proposait un récit en juin 2021.
En Corse, certains incidents rompent la trêve entamée pour le deuil d’Yvan Colonna : une vidéo tourne sur les réseaux sociaux montrant des CRS en train de chanter la marseillaise pendant les obsèques du militant nationaliste. Après quelques rassemblements devant les préfectures samedi 26 au soir, plusieurs centaines de manifestants se sont retrouvés dimanche 27 mars en fin d’après midi devant les casernes de CRS de Furiani et d’Aspretto, respectivement proches de Bastia et Ajaccio, à l’appel de la grande majorité des organisations nationalistes. De violents affrontements s’y sont déroulé.
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