Montpellier : la Comédie évacuée par la police après 4 nuits d’occupation pour la Palestine, un rassemblement de soutien ce lundi soir

Julien Servent Publié le 16 juin 2025 à 18:39 (mis à jour le 16 juin 2025 à 21:11)
Les Trois Grâces aux couleurs de la Palestine, pendant l'occupation de la Comédie le 14 juin 2025

L’occupation de la Comédie, place centrale de Montpellier, visant à dénoncer le génocide en Palestine, a été évacuée par la police dans la nuit de dimanche à lundi. Les occupants réinvestiront le lieu ce lundi 16 juin dès 20h, alors qu’un rassemblement de soutien est appelé sur place pour 21h

« Ce n’est pas une guerre, c’est un génocide » : Le Poing vous avait déjà parlé des deux premières nuits d’occupation de la place de la Comédie par des militant-es pro-palestiniens, indépendamment des organisations existantes, sur le modèle du mouvement Occupy For Gaza commencé place de la République à Paris ; c’est sur ce cri de colère que s’ouvrait la troisième nuit d’occupation, samedi 14 juin au soir (lien vers le groupe telegram d’infos en direct sur l’occupation ici).

Plusieurs dizaines de personnes y participaient, après un rassemblement intersyndical en fin de matinée et un défilé au cœur du quartier populaire de La Paillade en fin d’après-midi. Au programme : cantine à prix libre pour financer les activités de l’occupation, cours de dabkeh (danse traditionnelle palestinienne), et bien sûr slogans hostiles au massacre en cours depuis le 7 octobre 2023 dans la bande de Gaza. Plus de 54 880 Palestinien-nes ont été tué-es par l’armée israélienne depuis l’attaque du Hamas, selon le ministère de la santé de Gaza. L’attaque avait entraîné la mort de 1 219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles.

L’enseigne Mac Donald’s attenante avait aussi fait les frais de la colère des manifestant-es, qui avaient scandé des « Israël assassin, MacDo complice ». En novembre 2023, le fast-food avait annoncé que les 225 restaurants de la chaîne franchisés en Israël offriraient des milliers de repas gratuits à l’armée de l’Etat. Les ventes de la chaîne de fast-food ont depuis chuté, en France comme ailleurs, après de nombreux appels au boycott.

Pendant une bonne demi-heure, la statue des Trois Grâces se sera même vu redécorée aux couleurs de la Palestine, avant que la police municipale, accompagnée d’agents de la Brigade Anti-Criminalité, n’exige un retour à la normale. Pas de quoi perturber outre mesure les occupant-es qui resteront sur la Comédie jusqu’au petit matin.

L’intervention policière du lendemain trahira des marques d’impatience de la part des autorités. Après plusieurs heures d’occupation calme, entamée par une assemblée générale, c’est en fin de nuit, autour de 4h du matin dans la nuit de dimanche à lundi, que les forces de l’ordre évacueront la place, sans violences et sans verbalisations. D’après plusieurs témoins, l’image de la ville de Montpellier en cette période touristique aurait été mise en avant par les agents.

Pas de quoi décourager les occupant-es, puisque celleux-ci comptent bien réinvestir la Comédie dès le début de soirée ce lundi 16 juin, avec un rendez-vous pris à 20h, comme tous les soirs. Cette évacuation fait aussi monter au créneau le collectif local Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS)/Urgence Palestine, qui appelle à un rassemblement de solidarité dès 21h sur la Comédie, qualifiant dans un communiqué « l’expulsion de la Place de la Comédie […] d’acte de censure politique : une tentative de faire taire celles et ceux qui refusent de détourner le regard face aux massacres. »

Les occupant-es de la Comédie demandent un cessez-le-feu permanent et la levée du blocus sur la bande de Gaza, l’application intégrale des décisions de la Cour Pénale Internationale et de la Cour Internationale de Justice, un embargo complet sur les ventes d’armes et de matériel militaire à Israël, le démantèlement des colonies en Palestine, au Golan et au Sud-Liban, la libération de tous-tes les prisonniers-ères politiques palestinien-nes et de Georges Ibrahim Abdallah, le droit à l’autodétermination du peuple palestinien et du peuple kanak, un boycott, un désinvestissement et des sanctions contre les entreprises et les universités complices du génocide, la rupture immédiate des accords universitaires avec les campus d’apartheid, le gel du jumelage Montpellier-Tibériade (pétition adressée au maire de Montpellier ici), la suppression de la Journée de Jérusalem et la fin de la criminalisation du soutien à la Palestine, avec une levée des interdictions et une annulation des amendes et poursuites.

Des rassemblements similaires ont eu lieu ces derniers jours sur la place de la République à Paris, ou encore sur celle du Capitole à Toulouse.

Les initiatives de solidarité avec la Palestine se multiplient depuis l’épisode de la flotille de la liberté. À Montpellier, un rassemblement est prévu mardi 17 juin à 18h30 sur la place du Marché aux Fleurs contre la répression des soutiens à la Palestine. Le 18 juin, deux militant-es, dont Anasse Kazib, porte-parole de l’organisation politique Révolution Permanente et syndicaliste cheminot à Sud Rail, passeront en procès pour « apologie du terrorisme ». Jeudi 19 juin aura lieu un rassemblement pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, à 18h sur la place de la Comédie.

Le samedi 21 juin, BDS/Urgence Palestine tiendra des stands contre le génocide sur la Comédie dès 16h30, et un rassemblement se tiendra au même endroit à 18h. Enfin, la journée d’Al-Qods organisée par les même groupes remplacera la “Journée de Jérusalem, capitale une et indivisible du peuple juif” au parc de Grammont, depuis le retrait du soutien municipal à cette dernière, organisée par le Centre culturel juif Simone Veil sur la base d’une revendication alignée sur celles des intégristes israéliens et contraire au droit international, reprise par un certain Donald Trump en 2017. Dès midi, pic-nic et animations y seront proposés.

Pour plus d’infos sur la situation à Gaza, retrouvez très régulièrement sur l’Agora du Poing les chroniques de Brigitte Challande, réalisées avec des membres de la société civile gazouie sur place.

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE SUIVANT :

« Les peuples se soulèvent où les gouvernements trahissent » : À La Paillade, une manif salue les initiatives pour briser le blocus de Gaza