A Montpellier, un cercle de paroles et d’écoute contre la violence des discriminations envers les LGBTQIA+

Le Poing Publié le 16 mai 2021 à 20:30 (mis à jour le 16 mai 2021 à 21:01)

Trans, gays, lesbiennes, bisexuels, hétéros solidaires… : ielles étaient des dizaines sur la place de la Comédie de Montpellier ce dimanche 16 mai à clamer haut et fort leurs orientations sexuelles, et surtout le dégoût des discriminations qu’elles provoquent.

A la veille de la journée internationale de lutte contre les LGBTQIA+phobies, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées place de la Comédie à Montpellier à l’appel du collectif CQFAD/Collages Féministes.

Entouré·es de pancartes évoquant pour la plupart un franc dégoût des discriminations subies, les participant·es ont formé un cercle de parole et d’écoute au sein duquel chacun·e a pu exprimer son histoire, ses difficultés, ses espoirs. Son amour de sa liberté d’être, et de celle des autres.

Parce que si les textes de lois et prises de position publiques évoluent parfois -pas toujours- dans le bon sens, une partie de nos sociétés reste d’une violence effroyable à l’égard de ces personnes. Si la journée internationale de lutte contre les LGBTQIA+ du 17 mai commémore la décision de l’Organisation Mondiale de la Santé de ne plus considérer l’homosexualité comme une maladie mentale, les thérapies de conversion, censée remettre les « déviants sexuels » dans le droit chemin, sont encore monnaie courante. « On m’a présenté à un psychologue », témoigne un jeune gay. « J’ai fait cinq séances avec lui, cinq séances passées à me dire que je suis gay, que je suis malade… On oublie parfois qu’il y a encore des séances d’électrochocs qui sont mises en œuvre pendant certaines de ces thérapies de conversion ! » Une autre aura eu droit aux séances d’hypnose. Dans une décision du 18 janvier 2021, la Chambre Disciplinaire de l’Ordre des Médecins d’Occitanie a condamné deux médecins à des peines d’interdiction de la médecine d’un et trois mois. La plainte avait été déposée par les parents d’un jeune majeur trans. Le tort de ces médecins ? Ne pas avoir suivi le protocole de la SoFECT, à savoir une psychiatrisation obligatoire de deux ans par une équipe pluridisciplinaire!

Mais les discriminations ne s’arrêtent pas aux portes du pouvoir médical. Scolarité, logement : tout est problématique pour les LGBTQIA+. « J’ai reçu des dizaines de messages de menaces, sur mon téléphone, sur les réseaux sociaux », témoigne une jeune femme pansexuelle. Quand un couple de lesbiennes fraîchement installées aborde la galère du logement : « On a menti sur le fait qu’on est en couple, on a recherché un appartement avec deux chambres alors qu’on en a besoin que d’une, pour s’éviter d’être blacklistées par les agences et les proprios. » 

Face à cette violence inouïe, la réponse des participant·es au rassemblement est nette, déterminée. S’entraider, se serrer les coudes, s’aimer les un·es les autres. Faire de la communauté une seconde famille pour celleux qui n’en ont plus, souvent après un coming out mal accepté. Et continuer la lutte.

Des interventions sont venues rappeler que les femmes, les personnes trans, gay, lesbiennes, sont au tout premier plan de la vague de révolte sociale qui secoue actuellement la Colombie. En attendant la marche des Fiertés repoussée au 25 septembre sur Montpellier, cette intervenante trans rappelle les priorités du mouvement : « rester souder les un·es aux autres, refuser toute position de pouvoir sur les autres pour y préférer l’amour, l’amour de nos vulnérabilités. On ne restera jamais uni·es et puissant·es si chacun·e d’entre nous regarde à conserver ses pouvoirs symboliques sur les autres. Si certain·es reprochent aux LGBTQIA+ pauvres de trop politiser nos mobilisations, ou à celles et ceux d’entre nous qui sont racisées, de trop en parler ! »

La fin du rassemblement sur la place de la Comédie a donné lieu à une petite déambulation en musique jusqu’aux jardins du Peyrou. Avec danses, chants et baignades dans les fontaines du jardin. La police est intervenue, sans grandes tensions, pour rappeler aux jeunes qu’il est interdit de se baigner au Peyrou. Sans interdire la poursuite de la fête.

Notons qu’un groupe de militants d’extrême droite notoirement homophobe a tenté de manifester de l’hostilité au rassemblement. Avant d’être rabroué par des antifascistes locaux.

Des militants d’extrême-droite tentent de venir troubler le rassemblement

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