Montpellier : un nouveau collectif de street medics est né

Elian Barascud Publié le 10 octobre 2023 à 11:48 (mis à jour le 1 décembre 2023 à 11:30)
Street medics en action à Montpellier lors de la manifestation des gilets jaunes du 9 novembre 2019

Face à l’augmentation des violences policières dans les luttes sociales et écolos, et à l’absence de premiers secours en manifestation à Montpellier depuis les gilets jaunes, un nouveau collectif a vu le jour, notamment pour être présent le weekend « Bloque ton périph » du 14 et 15 octobre au nord de Montpellier. Le Poing a rencontré David, l’un de ses créateurs

Le Poing : Peux-tu définir brièvement ce qu’est un ou une street medic ?

David : C’est quelqu’un qui porte les premiers secours en manifestation, et nous on l’étend aussi aux actions de désobéissance civile, notamment des groupes écolos comme ANV COP21 ou Extinction Rebellion, qui en font régulièrement. Ce ne sont pas des médecins, ils sont formés au secourisme, ils agissent quand quelqu’un est blessé. Ils mettent la personne en protection, ils lui mettent un bandage ou lui enlèvent la lacrymo du visage.

Street medic, ça a une connotation politique, il faut pas l’oublier, c’est issu des mouvements altermondialistes. Il y en a besoin, car des fois, les services traditionnels de soin sont bloqués par la manifestation ou les forces de l’ordre, et ne peuvent pas intervenir, donc on a besoin de gens sur place.

Le Poing : Pourquoi avoir crée un nouveau collectif sur Montpellier ?

David : Je fais partie des gens qui sont à la relance d’un collectif. Cette initiative, elle vient de plusieurs déclencheurs : pendant les mouvements contre la Loi Sécurité Globale et la réforme des retraites, on ne voyait plus de street medics dans la rue, alors qu’il y en avait beaucoup pendant les gilets jaunes, et ils étaient efficaces, mais ils ont disparu. Après, c’est vrai qu’il y avait moins de blessés pendant ces mouvements. Je pense que certains se sont lassés de devoir intervenir tous les samedis, et que d’autres ont été traumatisés par les blessures infligées aux gilets jaunes par les forces de l’ordre, ils étaient probablement pas habitués à ça et ont dû fournir des premiers soins aux gens dans des conditions dégueulasses.

Un autre déclencheur, c’était de voir les images de la répression à la manifestation de Sainte-Soline contre les méga-bassines, et les témoignages de personnes sur place, ça m’a traumatisé. Les gens parlaient de « blessures de guerre », ils avaient des trous dans la cuisse, etc…

On a eu l’idée au printemps de relancer ça, avec une visée un peu court-termiste du week-end du 14 et 15 octobre, « bloque ton périph » au nord de Montpellier. L’idée, c’est d’avoir des medics à la fois sur le camp, car il peut y avoir des gens qui font des malaises ou qui se coupent avec un économe en cuisine, et aussi d’en avoir sur les manifs, car on a aucune idée de la répression qu’on peut avoir dans ces cas-là.

Le Poing : Comment se passe la formation de ce collectif ?

David : Le collectif est tout jeune, donc il a pas encore de nom. Il se réunit régulièrement à la Base (base d’action sociale et écologique), 15 rue Chaptal. Il y a quelques soignants, docteurs, militants, et on fait quelques ateliers de transferts de compétences sur les bases des premiers soins. On va ensuite collecter du matériel dont on va avoir besoin : compresse, pansements… Les gens peuvent apporter ces dons à la Base.

Le but à terme, c’est d’avoir des temps plus long sur une journée, avec plus de pratique, liés à l’environnement de la manifestation, avec comment porter un masque à gaz etc. On veut aussi organiser des formations axées psy, car il peut y avoir des traumatismes pendant et après les manifestations.

Le Poing : Quand des universitaires co-autrices du livre On ne dissout pas un soulèvement sont venus présenter l’ouvrage à la librairie la Cavale à Montpellier, elles soulignaient un élément novateur de la culture politique des nouveaux mouvements écolos, et notamment les Soulèvements de la Terre, à savoir l’importance du « care », du soin, dans la lutte…

David : C’est vrai que dans les évènements des Soulèvements de la Terre il y a un coin dédié au soin dans le campement, c’est très important. Il y aura une tente médic au weekend du 14 et 15 octobre.

Globalement, dans les Soulèvements de la Terre, il y a pas mal de gens qui viennent d’Extinction Rebellion. Et dans XR, la culture du Care est très importante : faire attention aux autres et à soi en tant que militant c’est primordial, quitte à annuler une action si elle est pas « care-compatible » ou qu’il n’y a pas de gens pour assurer ce rôle. Typiquement, dans une action de blocage, il y a ce qu’on appelle un « ange gardien », dont le rôle est de veiller à ce que les bloqueurs se sentent bien, ou de leur apporter à manger ou à boire si besoin. Je pense que cette culture a irrigué les Soulèvements, et c’est très bien.

Pour rejoindre le collectif ou apporter des dons, rendez-vous à la Base, 15 rue Chaptal, ou prendre contact par mail à streetmedicsmontpellier@protonmail.com

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